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Joey Bada$$ fait ce qu'il veut et vous n'y pouvez rien

La fille d'Obama porte ses T-shirts, son premier album vient de sortir, ses concerts affichent complet : le rappeur new-yorkais vit son climax.

Le 21 janvier dernier, Jo-Vaughn Virginie Scott, alias Joey Bada$$, a donné une énorme fête. Pour ses 20 ans mais aussi et surtout pour la sortie officielle de son premier album : B4.DA.$$ (Before Da Money). Si ça ce n’est pas une raison valable pour se péter la ruche, alors je ne sais pas ce qu’il vous faut. En plus d’être dans les petits papiers de la critique depuis quelques années (« La meilleure chose qui soit arrivée à New-York depuis Notorious B.I.G »), Bada$$ est également le co-fondateur du collectif hip-hop Pro Era, responsable d'un nouveau souffle dans le rap new-yorkais de l'ère Internet.

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On a rencontré le rappeur de Bed Stuy à Melbourne, avant un concert, autour d’un thé à la camomille, pour discuter du pouvoir de Jigga, du génie de J Dilla et des plans de Pro Era pour conquérir la Maison Blanche.

Noisey : Deux trucs ont fait parler de toi récemment : ton arrestation à Byron Bay avant un concert et le selfie de Malia Obama avec un t-shirt de ton posse, Pro Era. Tu savais que l’ainée du président était fan de toi ?
Joey : Non. Je me suis réveillé un matin et j’ai vu que tout le monde relayait la photo sur Instagram. Je me suis dit « c’est qui cette meuf ? Et pourquoi ça buzze autant? » Une fois que j’ai réalisé qui c’était, je me suis dit « Bordel, c’est pas vrai ! » et j’ai reposté à mon tour, normal. C’est dingue parce que ça veut dire qu’on a parlé de moi à la Maison Blanche, obligé. Mon nom est sorti de la bouche du Président au moins cinq fois. Peut-être même plus, sept fois.

Tout le monde en a parlé, du Guardian à TMZ. Même ma mère a dit « Qui est ce Joey Bada$$ ? Je veux un de ses t-shirts ».
Excellent ! C’est comme si je m’introduisais petit à petit dans chaque foyer. De retour chez moi, c’était sur toutes les chaînes d’info.

Les produits Pro Era sont bien loin des autres marques de T-shirt de groupes, avec leurs imprimés dégueulasses. Les produits dérivés peuvent desservir un groupe, non ?
J’aime pas appeler ça des produits dérivés. C’est une marque à part entière, et c’est ce qu’on pense tous au sein du collectif.

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Dans le rap, il y a des personnes comme Jay-Z ou 50 Cent, dont tu t’inspires, tant pour la musique que pour les affaires ?
Disons que si je m’intéresse à un gars, je vais analyser ce qu’il a fait jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien à m’apprendre, tu vois ce que je veux dire ? Des gars comme Jay ou Fifty sont des gens que j’ai tellement analysés, qu’aujourd’hui je ne m’inspire plus d’eux car j’ai pour objectif de faire mieux que ce qu’ils ont fait.

Tu as déjà rencontré l’un des deux ?
Oui j’ai rencontré Jay.

C’était comment ?
Un grand moment, incroyable, vraiment irréel. Je l’ai vu qu’une fois mais c’était fou. J’ai été son centre d’attention pendant une minute.

Je l’ai rencontré une fois en backstage, en plein dîner. Il mangeait du poisson avec Freeway et Memphis Bleek. Notre échange n’a duré que dix secondes mais j’ai ressenti la même chose que toi. Vous vous êtes vous rencontrés comment ?
Il m’a convoqué un jour à son bureau car il voulait me signer. J’avais 17 ans. Je suis rentré dans son bureau et dans ma tête je me répétais « tu dis oui à tout ce qu’il te dit, peu importe ce qu’il propose… »

Mais tu lui as dit non ?
C’était pas vraiment un « non ». C’était plus un accord mutuel. Je pense que Jay voyait en moi la nouvelle génération, il savait ce que j’allais faire et ce à quoi j’étais destiné. Rien qu’en lisant son livre Decoded, on connait son état d’esprit. Et avec le temps, ça a pris de plus en plus de sens pour moi. Lorsque Jay m’a téléphoné à l’âge de 17 ans, je me suis tout de suite dit que je pourrais faire quelque chose dans le milieu, tu me suis ? C’est pour ça que je bossais, pour avoir la reconnaissance de Jay Z, pour qu’il me signe.

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Donc Jay-Z, Nas, MF Doom et Biggie ont eu une grosse influence sur toi et ta musique, mais qu’en est-il de tout ce qui se passait qu’en tu grandissais, les trucs de ta génération ?
Je connaissais tout ce qui émergeait. Quand t’es un gosse de huit ans, tu connais tous les trucs mainstream. Tout ce qui passait, j’écoutais, que ce soit dans la voiture pour aller ou rentrer de l’école ou même à la télé. En 2003, les choses sont devenues un peu différentes, mais on avait toujours les mêmes canaux d’information, Internet n’a pas révolutionné le game.

Tu suivais Dipset, Murder Inc. et les autres crews new-yorkais de l’époque ?
Ja Rule était un des mes rappeurs préférés pendant un bon moment. Quand j’avais 7/8 ans, j’ai pris un marqueur et j’ai écrit Bow Wow, Ja Rule et Lil Romeo sur mes fringues. C’était mon top trois à l’époque, ahah. Bow Wow et Lil Romeo faisaient la même taille que moi, je pouvais m’identifier à eux.

La fondation J Dilla t’a offert un beat de lui pour ton album. Raconte un peu.
Cette période avec Dilla, c’est le deuxième chapitre de ma vie. J’ai d’abord rencontré Jay-Z, mon rappeur préféré, et ensuite j’ai eu cette rencontre spirituelle avec mon producteur préféré. Maintenant que j’ai vécu ces deux expériences, on ne peut plus rien me dire. Je vais faire ce que je veux.

B4.DA.$$ est dispo sur le label Cinematic/Pro Era et pour les fous d'Eurotunnel, Joey sera en concert à Londres le 7 février prochain. Courtney DeWitt habite à Melbourne. Suivez-la sur Twitter