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Jeremy Schmidt de Black Mountain a composé la B.O. du film le plus taré jamais sorti au Canada

Ça s'appelle Beyond The Black Rainbow, ça a été réalisé par Panos Cosmatos et ça ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir jusqu'à présent.

Il y a de fortes chances pour que vous n'ayez jamais entendu parler du thriller canadien Beyond The Black Rainbow. C'est pas si grave. On ne peut pas vraiment dire qu'il ait fait un tabac au box-office lors de sa sortie en 2010. Mais si après avoir lu cet article, vous ne vous connectez pas sur Netflix, que dis-je, le phénomène Netflix, pour passer vos 110 prochaines minutes à le regarder, c'est que vous êtes vraiment craignos. Dirigé par Panos Cosmatos, un natif de Vancouver, le film file sérieusement la chair de poule : c'est une oeuvre cinématographique clairement tordue. Présenté comme un "film perdu des années 80", le scénario est peut-être minimaliste - en 1983, un docteur new age taré séquestre une jeune fille chez lui grâce à ses pouvoirs télékinétiques - mais l'aspect visuel, rétro et très abouti, le rend impossible à regarder sans être immédiatement scotché.

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Déjà que Cosmatos utilise un mélange surpuissant de filtres chromatiques et d'excentricité pure dans sa réalisation, la bande-son composée par Jeremy Schmidt le rend encore meilleur. Vancouvérois également, plus connu pour être le claviériste féru d'analogue du groupe Black Mountain, Schmidt a obtenu sa réputation en sculptant de vastes oscillations hypnotiques au sein de Sinoia Caves, son projet de kosmiche musik. Ni une ni deux, Cosmatos lui a confié la mission de composer un soundtrack hanté correspondant à l'imagerie déconcertante du film.

Quatre ans après la sortie du film, la bande originale voit enfin le jour grâce à la collaboration de Jagjaguwar (qui avait sorti l'album The Enchanter Persuaded de Sinoia Caves en 2006) et Death Waltz, le label spécialisé dans la musique de films d'horreur. Schmidt nous a raconté comment il en était arrivé à bosser sur le film, pourquoi c'est la scène du trip de LSD qui l'a inspiré le plus et pourquoi la B.O. ne sort que maintenant.

Noisey : Alors, pourquoi sortir l'album 4 ans après le film ?
Jeremy Schmidt : En fait, c'est en grande partie dû au rythme extrêmement lent auquel j'ai tendance à travailler ; je fais vraiment gaffe à tout et pas juste à bâcler le truc pour le balancer le plus vite possible. Là, mes potes, mes collègues et les autres qui ont témoigné leur intérêt m'ont pas mal poussé à le faire, je leur en suis reconnaissant.

Qu'est-ce qui t'as décidé, en voyant Beyond The Black Rainbow, à travailler sur la composition de la bande-son ?
Au départ j'avais juste vu deux-trois scènes, mais des scènes qui étaient vraiment originales en termes de direction artistique et de production, j'aimais beaucoup certains détails etc. Ça faisait plaisir aussi de voir un truc filmé en 35 mm, sans effets spéciaux rajoutés derrière en digital. En gros, Panos, le réalisateur, aimait la musique que j'avais fait par le passé, et on se rejoignait pas mal sur certaines choses, notamment le cinéma. Donc j'ai plus ou moins eu carte blanche, et je pouvais procéder de la manière dont je voulais.

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De quel type de bande-son tu t'inspires, généralement?
Oh, y'en a plein, surtout celles qui étaient symboliques de l'émergence des synthétiseurs et qui étaient populaires dans les années 70 et 80, quand ils commençait à se faire leur propre réputation et que ça contrastait totalement avec les bandes-son principalement orchestrales qui avaient plus ou moins dominé jusque là. John Carpenter a toujours été l'un de mes favoris. Tangerine Dream et Popol Vuh aussi. Shining, Blade Runner et Suspiria ont tous des B.O. très spéciales que j'admire depuis super longtemps.

Beyond The Black Rainbow a été présenté comme un « film perdu des années 80 ». Cette description t'a influencé dans la manière de composer la musique ? Tu as utilisé quel genre d'équipement ?
Techniquement parlant, l'intégralité du projet BTBR aurait pu être conçu l'année ou l'histoire prend place, en 1983. Pour l'enregistrement, j'utilisais des vieux synthés analogiques et du matos qui date plus ou moins de cette époque. C'est rempli de Prophets, d'Oberheims et de choeurs de Mellotron. Mais bon, c'est le genre de son qui ne sort jamais de ma psyché, quel que soit le projet !

Sinoia Caves avait déjà bossé pour le label Jagjaguwar. Par contre, comment Death Waltz s'est retrouvé mêlé au projet ? Ils ont sorti un truc qui t'a convaincu de bosser aussi avec Spencer Hickman ?
Ouais, Death Waltz a fait une tonne de trucs cool, il a sauvé une tonne de B.O. de l'époque des VHS de l'oubli. Tellement, que j'ai même du mal à suivre. Je devrais vraiment le choper pour récupérer de la bonne came! Je suis à fond sur Halloween 3, et je me souviens avoir entendu des chouette trucs sur Zombi 2. Death Waltz étaient pas mal enthousiastes à l'idée de sortir la B.O. de BTBR, et j'imagine que pour beaucoup de raisons différentes, c'était tout à fait normal de faire la release européenne sur un label anglais aussi spécialisé et unique qu'eux.

En tant qu'albums, comment tu comparerais Beyond The Black Rainbow et The Enchanter Persuaded ?
Même si ils ont 10 ans d'écart, ils ont probablement plus de points communs que de différences. J'imagine que ça fait un moment que je joue le même genre de riffs. Beaucoup des instruments se retrouvent sur les deux, la palette sonore est la même. Bon, c'est sûr que BTBR me fait plus penser à une bande-originale. Cela dit, j'ai essayé de l'enchaîner de manière à ce qu'elle soit, j'espère, agréable à écouter dans son ensemble. Sur The Enchanter, il y a les suites de synthé kosmische à rallonge, mais il y a aussi des morceaux plus courts, plus structurés - ou au moins, des versions astrales de morceaux plus courts. Je suis en train de voir avec Jagjaguwar pour qu'ils ressortent cet album sur vinyle l'année prochaine.

Quelle scène t'as fait le plus kiffer ?
C'est un peu dur de choisir, mais j'ai vraiment aimé faire la séquence de l'acid trip, « 1966 - Let The New Age of Enlightenment Begin », vu que ça s'est terminé en impro un peu nébuleuse. Au moment où je l'ai fait, on savait pas encore combien de temps durerait la scène, donc j'ai étiré ça jusqu'à 20 minutes, en continu, comme une longue chute dans les abysses…

C'est quoi, ce groupe de metal qu'on entend à la fin, quand les deux punks tisent au coin du feu ?
Quand la caméra zoome, on voit qu'il y a « Notorious Abuser » gribouillé sur la cassette, mais je crois que c'est un morceau de Venom.

Le film préféré de Cam Lindsay ? Les Dents De La Mer, pour l'éternité - @yasdnilmac