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Music

« Plastic Dreams » raconté par Jaydee

Aussi bizarre que ça puisse paraître, ce tube rave de 1992 a été inspiré par... la carte de crédit de Donald Trump.

« Plastic Dreams » fait partie de ces morceaux sur lequel n'importe quel fan de musique électronique s'est défoulé un jour. Plus de 20 ans après sa première sortie sur le label belge R&S Records, des tas de DJs le jouent encore au climax de leurs sets. On les comprend : avec ses notes de synthés flippantes et jazzy à la fois et ses breakbeats impeccables, ce morceau de 1992 est capable de transformer n'importe quel dancefloor en scène de pur carnage.

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Le producteur belge Jaydee - Robin Albers de son vrai nom - nous a raconté comment est né ce classique rave de 11 minutes, dont le titre (littéralement « rêves de plastique ») trouve son origine dans une anecdote de premier choix : au début des 90's, Donald Trump voyageait déjà en business class et payait tous ses biens dans l'avion à l'aide de sa carte de crédit platinum, un morceau de plastique ultra rare à l'époque.

Au début des années 90, j'étais DJ dans une radio hollandaise, je jouais les disques des autres. Puis, les gens ont pu se procurer des ordinateurs et des trucs MIDI, et tout le monde autour de moi s'est mis à faire de la musique. J'ai moi aussi acheté un ordinateur Atari, et ça a été la première pierre de mon home studio. Je présentais une émission qui s'appelait For Those Who Like to Groove, et je composais déjà mes propres démos. J'avais un feeling musical, mais très peu de connaissances des instruments, donc je me suis également mis à prendre des leçons de piano. Maîtriser le Do majeur a constitué une base pour « Plastic Dreams ». Durant une de ces nuits magiques du mois d'août, j'étais sur un balcon avec un très bon pote. On fumait un énorme joint tous les deux, puis je suis retourné seul dans mon studio. Plus tard, je n'ai pas pu reproduire réellement ce que j'avais fait cette nuit-là. Je jammais tout le temps par ci par là. Et je n'enregistrais pas tout le temps ce que je faisais, je faisais des erreurs sur lesquelles je ne revenais pas, je me concentrais juste sur le groove funky. Puis je me suis dit, « Et alors quoi putain - je vais laisser toutes ces fautes là où elles sont. »

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L'idée du titre, « Plastic Dreams », est née dans un avion. À l'époque, ma copine était hôtesse de l'air. Sur l'un de ses vols, Donald Trump voyageait en classe affaires, et il payait son champagne et tous ses produits détaxés avec une carte de crédit platinum, une chose très rare à l'époque. Ma copine servait des verres, quand Trump lui a tendu sa carte. Pour impressionner le staff, elle l'a prise et ramené dans le cockpit, et ça a tellement étonné le pilote qu'il a buté sur les commandes, et l'avion a tremblé l'espace de quelques secondes. Quand elle m'a raconté ça, je ne pouvais pas y croire : comment la vue d'un simple bout de plastique pouvait provoquer une telle impression sur quelqu'un ? Apparemment, à cette période, posséder une carte platinum faisait partie des rêves les plus fous.

La première fois que j'ai joué « Plastic Dreams » c'était dans un club appelé Goldfinger, au sud des Pays-Bas. J'avais une résidence hebdomadaire là-bas. Chaque dimanche après-midi, je jouais des trucs un peu plus club entre deux DJ's gabber. Je me plaçais au milieu de la piste chaque dimanche, pour être sûr que mon track sonnait bien. Chaque fois, il y avait des ajustements à faire : une charley trop en avant, un clap pas assez puissant. Après avoir modelé le tout durant 6 semaines, j'avais enfin la version parfaite de « Plastic Dreams ». Elle restait quand même extrêmement longue - 11 minutes - et je ne savais pas quoi en faire. Je l'ai donc gardé pour les clubs, vu que personne d'autre ne l'aimait suffisamment au point de la sortir sur disque.

Orlando Voorn du label Format #1 était un bon pote à moi, et il adorait le morceau. Mais la plupart des autres mecs de l'industrie que je connaissais pensaient tous qu'il était trop long. L'un d'entre eux m'avait conseillé de mettre un break au milieu, mais je ne l'ai jamais fait ; pour moi, c'était le titre idéal qui permettait aux DJ's de faire une pause pipi. Puis un ami m'a appelé, et m'a dit qu'il lui restait 3 minutes de dispo sur une compilation CD qui allait sortir. Je lui ai alors parlé de ce morceau que personne n'aimait. Et il m'a dit : « Si tu l'aimes, je vais l'aimer. Envoie-le moi et on en fera un edit. » Pour être honnête, je n'ai jamais été fan de l'edit, mais c'est cette version radio que la plupart des gens connaissent. Une semaine plus tard, j'ai reçu un fax de la part de Renaat Vandepapeliere du label R&S Records en Belgique. Il voulait sortir mon morceau à l'international. Puis tout s'est enchaîné très vite. Quelques jours seulement après la sortie, le sol de mon bureau était tapissé de faxes. La machine devenait folle. Il y avait une telle épaisseur de paperasses, on aurait dit un sketch. C'était surtout des demandes de gigs et d'interviews, provenant de toute la planète. J'ai été le premier DJ hollandais à jouer à Moscou en 1993 - vous imaginez, quelques mois seulement après la chute de l'URSS ? J'avais vraiment trouvé ce qui me plaisait : produire et jouer de la musique. Et le succès de « Plastic Dreams » m'a permis suivre cette voie.