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Music

Jessica93 et Flavien Berger chantent l'amour

On a profité de leur passage au festival Baléapop pour réunir les deux phénomènes et discuter de cuites, de piscines, de concours, de tournées et de succès.

Résumé des épisodes précédents : Flavien Berger, le Richie Cunningham de la synth pop française est un peu partout, ayant été capable de digérer sans trop de souci 30 ans de musique à clavier française et d'en déconstruire intelligemment les codes pour en faire un joli pique nique expérimental compréhensible aussi bien par les lecteurs de Tintin que par ceux de Wire. De son côté Jessica93, le Drazic du gothgaze parisien trimballe son pull rayé sur toutes les scènes de France, ayant été capable de digérer sans trop de souci 30 ans de musique dark et de déconstruire intelligemment les codes de la musique déprimée mais pas trop pour en faire un joli cercueil consommable autant par les lecteurs de Litteul Kevin que par ceux de Noisey. Ils ne se connaissaient pas mais jouaient le même soir au festival Baleapop (l'un le jour, l'autre la nuit). On est allés discuter avec eux après le concert de Jessica93, interrompu par la pluie et un technicien qui tentait de virer un slammer. Flavien Berger : Tu bois de la Despé mec ? T'aimes bien ?
Geoff / Jessica93 : Ouais, c'est pas mal.
Flavien : Ha mais c'est plein de sucre ! Tu t'es cru en 1993 ? [Rires] Noisey : Bon, c'est pas l'interview-Despé non plus, les gars…
Flavien : Attends à Calvi j'ai joué sur la plage « Schweppes ». [À Geoff] Ma coloc met tout le temps ton disque, j'aime vraiment bien ton son.

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Vous faites un peu tous les festivals cet été… Bizarre, non ?

Flavien :

Je fais pas tous les festivals, j'en fais 3.

Geoff :

Ouais pareil, 3 seulement. Je fais pas de la musique de festivals de toute façon .

Vous avez sorti vos nouveaux disques respectifs il n'y a pas si longtemps. Ce sont deux sorties qui ont changé la donne pour vous, non ?

Flavien :

Ça n'a pas vraiment changé les choses, c'est plus une évolution. Après, oui, je fais plus de dates. Il n'y a pas de changement radicaux, je ne dors toujours pas à l'hôtel, je fais ma life et puis c'est tout.

Geoff :

À Dour, j'avais une piscine dans mon hôtel et on était avec le crew de Snoop Dogg. C'était cool. J'ai jamais été à l'hôtel avant. Maintenant j'ai un hôtel, j'ai une piscine et je la partage avec des gros rappers. Ça change quoi. [

Rires

]

Vous pouvez nous parler de vos premières expériences de tournée ?

Geoff :

Moi, c'était avec les Louise Mitchels, en 2007/2008. Je l'avais pris comme des vacances. Eux, ils tournaient depuis longtemps déjà. Ils étaient aguerris et moi je découvrais le truc - j'étais intenable, cuite sur cuite.

Flavien :

Moi, j' arrive pas à me la coller comme ça. Mon corps est mon ennemi. Passé deux cuites d'affilée je ne me relève plus. La power-nap, c'est un mythe pour moi. Je n''ai jamais fait de tournée en fait. C'est plus des dates par ci par là. J'aimerais bien, ceci dit.

Tous ces concerts récents ont modifié votre approche du live ?

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Geoff :

Ha oui, carrément. J'ai beaucoup plus d'assurance. Avant, je me cachais derrière des tonnes de reverb. Maintenant j'assume plus ma voix, je prends du plaisir à chanter. Ça devient comme faire mes lacets, je suis plus à l'aise. Je joue souvent les morceaux plus vite aussi et ça c'est cool.

Flavien :

Moi, je ne fais jamais les mêmes morceaux. C'est de l'impro. Je ne réfléchis pas au break d'après mais plutôt à ce que je dois faire pour occuper les gens qui me regardent. Ça m'occupe l'esprit et le morceau défile comme ça. Ça me fait flipper mais c'est un trac super stimulant.

Geoff :

Moi, je ne pourrais jamais faire ça. J'ai besoin de savoir ce que je joue pour être assez rassuré pour monter sur scène.



Résumé des épisodes précédents : Flavien Berger, le Richie Cunningham de la synth pop française est un peu partout, ayant été capable de digérer sans trop de souci 30 ans de musique à clavier française et d'en déconstruire intelligemment les codes pour en faire un joli pique nique expérimental compréhensible aussi bien par les lecteurs de Tintin que par ceux de Wire. De son côté Jessica93, le Drazic du gothgaze parisien trimballe son pull rayé sur toutes les scènes de France, ayant été capable de digérer sans trop de souci 30 ans de musique dark et de déconstruire intelligemment les codes de la musique déprimée mais pas trop pour en faire un joli cercueil consommable autant par les lecteurs de Litteul Kevin que par ceux de Noisey. Ils ne se connaissaient pas mais jouaient le même soir au festival Baleapop (l'un le jour, l'autre la nuit). On est allés discuter avec eux après le concert de Jessica93, interrompu par la pluie et un technicien qui tentait de virer un slammer.


Flavien Berger : Tu bois de la Despé mec ? T'aimes bien ?
Geoff / Jessica93 : Ouais, c'est pas mal.
Flavien : Ha mais c'est plein de sucre ! Tu t'es cru en 1993 ? [Rires]

Noisey : Bon, c'est pas l'interview-Despé non plus, les gars...
Flavien : Attends à Calvi j'ai joué sur la plage « Schweppes ». [À Geoff] Ma coloc met tout le temps ton disque, j'aime vraiment bien ton son.

Vous faites un peu tous les festivals cet été... Bizarre, non ?
Flavien :

Je fais pas tous les festivals, j'en fais 3.



Geoff :

Ouais pareil, 3 seulement. Je fais pas de la musique de festivals de toute façon .





Vous avez sorti vos nouveaux disques respectifs il n'y a pas si longtemps. Ce sont deux sorties qui ont changé la donne pour vous, non ?
Flavien :

Ça n'a pas vraiment changé les choses, c'est plus une évolution. Après, oui, je fais plus de dates. Il n'y a pas de changement radicaux, je ne dors toujours pas à l'hôtel, je fais ma life et puis c'est tout.



Geoff :

À Dour, j'avais une piscine dans mon hôtel et on était avec le crew de Snoop Dogg. C'était cool. J'ai jamais été à l'hôtel avant. Maintenant j'ai un hôtel, j'ai une piscine et je la partage avec des gros rappers. Ça change quoi. [

Rires

]



Vous pouvez nous parler de vos premières expériences de tournée ?
Geoff :

Moi, c'était avec les Louise Mitchels, en 2007/2008. Je l'avais pris comme des vacances. Eux, ils tournaient depuis longtemps déjà. Ils étaient aguerris et moi je découvrais le truc - j'étais intenable, cuite sur cuite.



Flavien :

Moi, j' arrive pas à me la coller comme ça. Mon corps est mon ennemi. Passé deux cuites d'affilée je ne me relève plus. La power-nap, c'est un mythe pour moi. Je n''ai jamais fait de tournée en fait. C'est plus des dates par ci par là. J'aimerais bien, ceci dit.



Tous ces concerts récents ont modifié votre approche du live ?
Geoff :

Ha oui, carrément. J'ai beaucoup plus d'assurance. Avant, je me cachais derrière des tonnes de reverb. Maintenant j'assume plus ma voix, je prends du plaisir à chanter. Ça devient comme faire mes lacets, je suis plus à l'aise. Je joue souvent les morceaux plus vite aussi et ça c'est cool.



Flavien :

Moi, je ne fais jamais les mêmes morceaux. C'est de l'impro. Je ne réfléchis pas au break d'après mais plutôt à ce que je dois faire pour occuper les gens qui me regardent. Ça m'occupe l'esprit et le morceau défile comme ça. Ça me fait flipper mais c'est un trac super stimulant.



Geoff :

Moi, je ne pourrais jamais faire ça. J'ai besoin de savoir ce que je joue pour être assez rassuré pour monter sur scène.





Vos set-ups live ont évolué avec le temps ?
Flavien :

Oui, je rajoute des trucs de plus en plus, je joue plus de choses.



Geoff :

De mon côté, j'ai trouvé la formule qui me plait - ça m'a pris du temps.



Flavien :

Je kiffe tes beats



Geoff :

Haha.



Maintenant les gens connaissent vos morceaux, ça doit changer aussi votre façon de jouer live.
Geoff :

Avant, je devais un peu rentrer dans la gueule des gens pour avoir leur attention. Là, pour la première fois c'est clair que c'est différent. J'arrive sur scène, ils reconnaissent les riffs. J'ai l'impression d'être Bob Marley au Zénith des fois.



Flavien :

Moi, c'est l'inverse. Ça fait seulement 2 ans que je joue live. Donc c'est plus simple pour moi de jouer devant des gens qui ne me connaissent pas, ils n'ont pas d'attente. J'ai toujours peur de décevoir ceux qui connaissent bien le disque. Soit ça foire, soit ça réussit mais il n'y a pas de milieu.



Le point commun entre vos deux lives c'est aussi le côté super réduit à l'essentiel, pas de video ou de scénographie extravagante...
Geoff :

De mon côté, c'est surtout lié à des questions de logistique. À Paris, louer un studio de répèt coûte cher. Trouver des musiciens motivés qui veulent ne faire que ça, c'est dur et rare. Cela dit, sur le plan économique c'est super avantageux. J'en parlais hier avec Arthur de JC Satàn, il me racontait que eux à cinq, quand ils rentrent de tournée, il ne reste rien ou presque. Moi, j'ai la chance d'être seul avec mon ingé son. Donc, pour les cachets, c'est plus simple. Être en solo, c'est une des solutions que tu peux trouver pour survivre.



Flavien : Je pense que c'est aussi la meilleure façon de trouver une structure qui est lisible pour les gens. Dans mon cas, je ne veux pas avoir d'autres gens et je veux aller jusqu'au bout de ma démarche. Je ne veux pas jouer avec un ordinateur. Là quand je joue quelque chose ou que je lance et traite une piste, les gens le voient, c'est un aller-retour entre la machine et la voix. Je suis plus à l'aise comme ça.



Vous êtes tous les deux très présents médiatiquement mais en même temps vous échappez au côté « résident de SMAC, podium Ricard et scène Pression Live »...
Geoff :

Moi, j'intéresse pas les marques je crois. Et puis j'ai jamais fait de tremplins - t'es fou ou quoi...



Ça parle sûrement plus aux gens ce côté authentique non ?
Flavien :

Les concours, c'est une échéance pour certaines personnes, je pense. Ça a un côté scolaire qui doit marcher avec certaines personnes.



Les pros de la musique poussent souvent leurs artistes à faire ce genre de choses. Toi Geoff, comment t'es-tu retrouvé à concourir pour le Prix Deezer, par exemple ?
Geoff :

J'ai perdu, tu sais ! C'est mon ancien manager qui a reçu la proposition. Il m'a inscrit sans me dire. J'y suis allé mais c'était une farce. Deezer je trouve ça naze, j'ai essayé l'autre fois, c'est blindé de pubs, c'est une catastrophe. Le prix Deezer, ils se foutent de la gueule du monde. Ils m'ont fait lever à 10h ces cons en plus !



Et jouer sur la plage Villa Schweppes ?
Flavien :

Là, c'est différent, ça n'a rien à voir avec moi, c'est le festival qui m'a invité. Moi, les concours je ne suis pas contre, j'en ai jamais fait mais je ne ferme pas la porte.



Tu ne te sens pas instrumentalisé dans ce genre de situation ?
Flavien :

Ça dépend du concert que tu fais. Si tu fais une bête de concert, et que tu ne donnes pas ce qu'on attend de toi, tu n'es pas instrumentalisé. Si tu joues sur une plage devant des kékés torses nus qui s'attendent à voir un DJ deep house et que tu leur fais un truc très spé, là ça devient un peu subversif. Et souvent les gens viennent te remercier à la fin d'ailleurs, comme c'est arrivé à Calvi.



Vous avez chacun vos projets à côté de votre projet solo plus visible. Jamais peur du côté alimentaire que peut prendre votre alias principal ?
Geoff : Moi, Jessica c'est le truc avec lequel je m'éclate. C'est venu seul et c'est un plaisir personnel. Je dois être chiant en groupe car on m'a toujours dit : « Tu devrais te cloner et faire ton groupe tout seul ». Et finalement Jessica93, c'est exactement ça. Maintenant que j'ai mon truc seul, je suis beaucoup plus relax en groupe et je laisse respirer les autres sur le plan créatif et humain.

Flavien : Dans ta question, il y a la notion de peur. Et moi il n'y a pas de peur dans mon projet. Moi, l'énergie que je mets dans chaque projet est différente. Mais ce projet solo est très expérimental, les concerts ne se ressemblent pas. Et surtout j'apprends beaucoup, sur moi, sur la musique et sur les gens qui écoutent de la musique.



Et vous ressentez le côté un peu « mode » de vos projets ?
Geoff :

Moi, j'y ai pensé souvent oui. Je pense que quand tu le sais, tu t'y fais. Je pense qu'au prochain disque j'y aurai droit « le côté il se la pète ». Après j'aurai Nagui qui viendra me dire que c'est la traversée du désert [

Rires

]. C'est le jeu. Un jour à la mode, un jour has been.



Flavien :

Je pense que t'es à la mode mais pas moi. Ou alors je ne le ressens pas.



Le côté intéressant c'est que souvent des gens me parlent de vous alors qu'ils n'écoutent pas vraiment de trucs très pointus ou undergound. Je pense qu'à un moment vous pouvez être des passeurs d'un certain son vers un public plus néophyte ou plus jeune...
Geoff :

C'est le côté cool d'être médiatisé. Moi, à chaque interview, j'essaie de placer les noms des groupes de potes ou de ceux que j'aime. C'est pas donné à tout le monde d'être autant relayé donc je trouve ça cool de pouvoir mettre de la lumière sur des choses qui le méritent.



Autre point commun : ce sont vos labels [Teenage Menopause pour Jessica93 et Pan European Recordings pour Flavien Berger] qui vous ont fait connaître, au départ.
Geoff :

Ça, c'est une super chance de bosser avec de vrais labels. Avant, quand je sortais des disques c'était toujours une co-production entre dix structures activistes. Là je me sens hyper soutenu. Je comprends la force et l'impact d'être estampillé « label », comme c'était le cas des groupes que j'ai écouté en grandissant.



Flavien :

Moi, c'est une notion nouvelle pour moi. C'est un travail collectif. On met en commun le savoir et le travail. Pour moi c'est un projet commun, je suis mon label et mon label est moi. Je n'aurais pas été chez Pan European, j'aurais quand même fait cette musique mais là j'ai trouvé un label qui me comprend et qui me soutient. Et il prend les risques avec moi. Je veux avancer avec ces gens et changer les choses avec eux.



Vous êtes très présents en France mais vous pensez à vous exporter ?
Geoff :

C'est hyper important pour moi. Pour moi j'ai toujours vu la musique comme un truc international. Ma première tournée avec les Louise Mitchels c'était en Allemagne, Italie, République Tchèque. C'est resté ma vision des choses, je fais de la musique pour voyager. J'ai l'impression que pas mal de groupes français ont des complexes à bouger à l'étranger.



Flavien :

J'ai jamais vraiment jouer à l'étranger. L'étape se fera je pense. J'ai hâte de jouer à l'étranger et de chanter en français. Ce n'est pas une nécessité, je ne le prends pas forcément comme toi comme un gage de quelque chose.



Geoff :

Au début, je chantais en français mais ma copine parle anglais et comme j'écris que des chansons d'amour....



Vous écrivez des chansons d'amour tous les deux ?

Flavien : Ouais, moi c'est ça uniquement.



Geoff :

Pour moi, même Rage Against The Machine ils chantent l'amour. La politique c'est de l'amour. [

Rires

]




Adrien Durand chante l'amour sur Twitter.


Vos set-ups live ont évolué avec le temps ?

Flavien :

Oui, je rajoute des trucs de plus en plus, je joue plus de choses.

Geoff :

De mon côté, j'ai trouvé la formule qui me plait - ça m'a pris du temps.

Flavien :

Je kiffe tes beats

Geoff :

Haha.

Maintenant les gens connaissent vos morceaux, ça doit changer aussi votre façon de jouer live.

Geoff :

Avant, je devais un peu rentrer dans la gueule des gens pour avoir leur attention. Là, pour la première fois c'est clair que c'est différent. J'arrive sur scène, ils reconnaissent les riffs. J'ai l'impression d'être Bob Marley au Zénith des fois.

Flavien :

Moi, c'est l'inverse. Ça fait seulement 2 ans que je joue live. Donc c'est plus simple pour moi de jouer devant des gens qui ne me connaissent pas, ils n'ont pas d'attente. J'ai toujours peur de décevoir ceux qui connaissent bien le disque. Soit ça foire, soit ça réussit mais il n'y a pas de milieu.

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Le point commun entre vos deux lives c'est aussi le côté super réduit à l'essentiel, pas de video ou de scénographie extravagante…

Geoff :

De mon côté, c'est surtout lié à des questions de logistique. À Paris, louer un studio de répèt coûte cher. Trouver des musiciens motivés qui veulent ne faire que ça, c'est dur et rare. Cela dit, sur le plan économique c'est super avantageux. J'en parlais hier avec Arthur de JC Satàn, il me racontait que eux à cinq, quand ils rentrent de tournée, il ne reste rien ou presque. Moi, j'ai la chance d'être seul avec mon ingé son. Donc, pour les cachets, c'est plus simple. Être en solo, c'est une des solutions que tu peux trouver pour survivre.

Flavien :

Je pense que c'est aussi la meilleure façon de trouver une structure qui est lisible pour les gens. Dans mon cas, je ne veux pas avoir d'autres gens et je veux aller jusqu'au bout de ma démarche. Je ne veux pas jouer avec un ordinateur. Là quand je joue quelque chose ou que je lance et traite une piste, les gens le voient, c'est un aller-retour entre la machine et la voix. Je suis plus à l'aise comme ça.

Vous êtes tous les deux très présents médiatiquement mais en même temps vous échappez au côté « résident de SMAC, podium Ricard et scène Pression Live »…

Geoff :

Moi, j'intéresse pas les marques je crois. Et puis j'ai jamais fait de tremplins - t'es fou ou quoi…

Ça parle sûrement plus aux gens ce côté authentique non ?

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Flavien :

Les concours, c'est une échéance pour certaines personnes, je pense. Ça a un côté scolaire qui doit marcher avec certaines personnes.

Les pros de la musique poussent souvent leurs artistes à faire ce genre de choses. Toi Geoff, comment t'es-tu retrouvé à concourir pour le Prix Deezer, par exemple ?

Geoff :

J'ai perdu, tu sais ! C'est mon ancien manager qui a reçu la proposition. Il m'a inscrit sans me dire. J'y suis allé mais c'était une farce. Deezer je trouve ça naze, j'ai essayé l'autre fois, c'est blindé de pubs, c'est une catastrophe. Le prix Deezer, ils se foutent de la gueule du monde. Ils m'ont fait lever à 10h ces cons en plus !

Et jouer sur la plage Villa Schweppes ?

Flavien :

Là, c'est différent, ça n'a rien à voir avec moi, c'est le festival qui m'a invité. Moi, les concours je ne suis pas contre, j'en ai jamais fait mais je ne ferme pas la porte.

Tu ne te sens pas instrumentalisé dans ce genre de situation ?

Flavien :

Ça dépend du concert que tu fais. Si tu fais une bête de concert, et que tu ne donnes pas ce qu'on attend de toi, tu n'es pas instrumentalisé. Si tu joues sur une plage devant des kékés torses nus qui s'attendent à voir un DJ deep house et que tu leur fais un truc très spé, là ça devient un peu subversif. Et souvent les gens viennent te remercier à la fin d'ailleurs, comme c'est arrivé à Calvi.

Vous avez chacun vos projets à côté de votre projet solo plus visible. Jamais peur du côté alimentaire que peut prendre votre alias principal ?

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Moi, Jessica c'est le truc avec lequel je m'éclate. C'est venu seul et c'est un plaisir personnel. Je dois être chiant en groupe car on m'a toujours dit : « Tu devrais te cloner et faire ton groupe tout seul ». Et finalement Jessica93, c'est exactement ça. Maintenant que j'ai mon truc seul, je suis beaucoup plus relax en groupe et je laisse respirer les autres sur le plan créatif et humain.

Flavien :

Dans ta question, il y a la notion de peur. Et moi il n'y a pas de peur dans mon projet. Moi, l'énergie que je mets dans chaque projet est différente. Mais ce projet solo est très expérimental, les concerts ne se ressemblent pas. Et surtout j'apprends beaucoup, sur moi, sur la musique et sur les gens qui écoutent de la musique.

Et vous ressentez le côté un peu « mode » de vos projets ?

Geoff :

Moi, j'y ai pensé souvent oui. Je pense que quand tu le sais, tu t'y fais. Je pense qu'au prochain disque j'y aurai droit « le côté il se la pète ». Après j'aurai Nagui qui viendra me dire que c'est la traversée du désert [

Rires

]. C'est le jeu. Un jour à la mode, un jour has been.

Flavien :

Je pense que t'es à la mode mais pas moi. Ou alors je ne le ressens pas.

Le côté intéressant c'est que souvent des gens me parlent de vous alors qu'ils n'écoutent pas vraiment de trucs très pointus ou undergound. Je pense qu'à un moment vous pouvez être des passeurs d'un certain son vers un public plus néophyte ou plus jeune…

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C'est le côté cool d'être médiatisé. Moi, à chaque interview, j'essaie de placer les noms des groupes de potes ou de ceux que j'aime. C'est pas donné à tout le monde d'être autant relayé donc je trouve ça cool de pouvoir mettre de la lumière sur des choses qui le méritent.

Autre point commun : ce sont vos labels [Teenage Menopause pour Jessica93 et Pan European Recordings pour Flavien Berger] qui vous ont fait connaître, au départ.

Geoff :

Ça, c'est une super chance de bosser avec de vrais labels. Avant, quand je sortais des disques c'était toujours une co-production entre dix structures activistes. Là je me sens hyper soutenu. Je comprends la force et l'impact d'être estampillé « label », comme c'était le cas des groupes que j'ai écouté en grandissant.

Flavien :

Moi, c'est une notion nouvelle pour moi. C'est un travail collectif. On met en commun le savoir et le travail. Pour moi c'est un projet commun, je suis mon label et mon label est moi. Je n'aurais pas été chez Pan European, j'aurais quand même fait cette musique mais là j'ai trouvé un label qui me comprend et qui me soutient. Et il prend les risques avec moi. Je veux avancer avec ces gens et changer les choses avec eux.

Vous êtes très présents en France mais vous pensez à vous exporter ?

Geoff :

C'est hyper important pour moi. Pour moi j'ai toujours vu la musique comme un truc international. Ma première tournée avec les Louise Mitchels c'était en Allemagne, Italie, République Tchèque. C'est resté ma vision des choses, je fais de la musique pour voyager. J'ai l'impression que pas mal de groupes français ont des complexes à bouger à l'étranger.

Publicité

Flavien :

J'ai jamais vraiment jouer à l'étranger. L'étape se fera je pense. J'ai hâte de jouer à l'étranger et de chanter en français. Ce n'est pas une nécessité, je ne le prends pas forcément comme toi comme un gage de quelque chose.

Geoff :

Au début, je chantais en français mais ma copine parle anglais et comme j'écris que des chansons d'amour….

Vous écrivez des chansons d'amour tous les deux ?

Flavien : Ouais, moi c'est ça uniquement.

Geoff :

Pour moi, même Rage Against The Machine ils chantent l'amour. La politique c'est de l'amour. [

Rires

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Adrien Durand chante l'amour sur Twitter.