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Heavy Metal Movies va devenir votre livre de chevet pour les 10 années à venir

Un pandemonium où se mêlent films d'horreur, SF, heroic-fantasy, documentaires, pornos et séries Z.

Conan le Barabre. La Galaxie de la Terreur. Mad Max 2. I Spit On Your Grave. Aucun de ces films n'a le moindre morceau de metal dans sa bande-son, ni aucun metalhead parmi ses personnages. Mais comme le dit Mike McPadden « tu reconnais un film metal quand tu en vois un. » C'est pour cette raison qu'on trouve aussi bien des films d'horreur, de SF et d'heroic-fantasy, que des documentaires, des séries Z et du porno dans son livre, Heavy Metal Movies, où sont répertoriés près d'un millier de films « metal », dans un joyeux bordel mêlant sang, sperme et créatures à écailles. Un capharnaüm au milieu duquel se dessine page après page le parcours erratique de McPadden, des salles de cinéma de la 42ème rue à l'industrie pornographique, en passant par son addiction à la drogue, à l'alcool, et au heavy metal. Il nous a raconté comment tout ça a commencé.

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Noisey : Tu couvres tous les genres de films dans Heavy Metal Movies. Qu'est-ce qui fait, selon toi, un film « metal » ?
Mike McPadden : C'est une bonne question. Je veux pas tomber dans le « j'en reconnais un quand je le vois » mais c'est un peu ça. C'est comme quand tu croises un chihuahua et qu'après tu tombes sur un dogue allemand. Même s'ils sont différents, ce sont quand même tous les deux des chiens. Ou quand tu écoutes Slipknot, puis Bathory, puis Poison. Ces groupes n'ont rien à voir entre eux, mais ce sont tous les trois des groupes heavy metal. Mon but c'était d'identifier ce gène, de l'analyser dans une chronique, et de répéter l'opération 666 fois. Mais au final, j'ai terminé le bouquin avec près du double de chroniques.

Donc, à l'origine, tu voulais te limiter à 666 films ?
Ouais, c'était le truc. Mais en fait, j'ai continué. Je sais pas exactement combien de reviews il y a dans le livre à l'arrivée, mais je crois qu'il y en a environ 900. Et j'en ai écarté environ 400, qui n'ont pas été publiées.

Dans l'introduction du livre, tu expliques que tu t'es intéressé à ces films dès ton enfance. Vu tu as la quarantaine aujourd'hui, tu aurais pu écrire ce bouquin il y a un bon bout de temps. Pourquoi seulement maintenant ?
Très bonne question. J'ai toujours voulu écrire un livre sur le cinéma. Les livres cultes de ma jeunesse étaient cette série de bouquins de Danny Perary, intitulée Cult Movies. Le premier tome est sorti en 1982, et les suivants ont été publiés tout au long des années 80. Ils m'ont vraiment aidé à penser comme un auteur et à faire des efforts pour explorer cette voie-là, parce que j'étais naturellement attiré par les films, et en particulier les trucs un peu bizarres ou excentriques qui étaient passés à la trappe. Parallèlement, j'étais aussi un gros fan de rock, principalement dans ses formes les plus extrêmes. J'ai écrit pas mal d'articles sur la musique dans le New York Press, un hebdo papier publié tout au long des années 90.

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Alors ouais, pourquoi maintenant ? J'ai 45 ans, et je suis un ancien punk qui a toujours aimé le métal. Dans The Sound of the Beast (sorti chez Bazillion Points), Ian Christe a écrit que « le métal avait avalé le punk, puis avait tracé sa route ». Et à ce jour, le métal continue toujours d'évoluer. C'est pour ça que c'est devenu mon genre de prédilection, parce qu'il y a toujours des tonnes de groupes qui apparaissent chaque jour et des tas de variantes et de sous-genres complètement dingues. Et j'ai toujours voulu écrire là dessus aussi. Tout a commencé à prendre forme dans mon esprit quand j'ai lu ce bouquin incroyable, Destroy All Movies!!, sorti chez Fantagraphics fin 2010, qui retrace l'histoire complète du punk au cinéma. Il a été réalisé par un type très cool, Zack Carlson. Le livre est aujourd'hui épuisé et il se vend une fortune sur le net. Mais ce n'est pas la même chose que mon livre. Destroy All Movies!! a été écrit par toute une équipe d'auteurs, et ils ont mis 7 ans à l'écrire. Ils ont répertorié absolument toutes les références au punk rock dans le cinéma, que ce soit sous la forme de personnages, de thèmes ou juste de morceaux dans dans la B.O. Quand je suis tombé sur Destroy All Movies!!, je me suis dit « OK, il faut que j'écrive le pendant metal de ce livre ». Et c'est ce que j'ai fait.

Destroy All Movies!! a été rédigé par toute une équipe de chroniqueurs – ce qui fait que le livre est quasi exhaustif. Toi, en revanche, tu as écrit Heavy Metal Movies seul. Tu n'as pas eu peur d'oublier des trucs ?
Si ! Et ça me fait encore flipper. Au dernier moment, alors que Bazillion Points avait déjà envoyé le livre à l'imprimeur, je me suis dit « Putain, j'ai oublié Fantomas ! ». Mais c'était déjà trop tard. Donc le second tome comprendra une review de Fantomas. Mais si je dois un jour écrire un nouveau livre dans la même veine, ce sera avec une équipe. Je ne veux pas faire subir ce calvaire une seconde fois à ma femme, mes proches, et ma santé mentale [Rires] Je travaille actuellement sur un livre dédié aux teen sex comedies des années 70 et 80. À l'origine, c'est Zack Carlson de Destroy All Movies, qui travaillait dessus avec d'autres types. Ils ont d'ailleurs trouvé le titre parfait : Bonerz ! [Rires] Mais ça leur prenait tellement de temps qu'ils ont fini par abandonner le projet. Du coup, ils m'ont refilé le titre et leur entière bénédiction.

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Quand tu étais gosse, pour décider de quels films tu irais voir au cinéma, tu te basais sur les chroniques de Leonard Martin dans son Movie Guide, et tu choisissais systématiquement ceux qu'il décrivait comme des « purges ». Comment en es-tu arrivé à te dire que si Leonard Martin détestait, tu pourrais sûrement aimer ?
[Rires] Ouais, c'était écrit « PURGE » en lettres capitales. C'est pas contre Len, parce que c'est le seul mec à encore parler des Petites Canailles, et je l'apprécie pour ça. Mais même à mon plus jeune âge, j'étais attiré par les films avec des monstres et des trucs complètement tordus. Mes grands-parents avaient un des Movie Guides de Leonard Maltin qui traînait chez eux, et j'ai commencé à fouiller dedans, en checkant tous les films avec « Frankenstein » dans le titre. Et j'ai vu qu'il décrivait tous ces films comme des purges. J'ai ai donc naturellement déduit que c'était des trucs géniaux. En plus, ces films avaient aussi les titres les plus intéressants, comme Fire Maidens From Outer Space ou The Incredibly Strange Creatures Who Stopped Living And Became Mixed-Up Zombies. Leonard et son équipe ont vraiment écrit un guide très pratique. Ils m'ont rendu un grand service sans forcément s'en rendre compte.

Du début des années 90 au début des années 2000, tu as publié un zine intitulé Happyland. Niveau style, c'était clairement les prémices de Heavy Metal Movies.
J'ai fait ce zine en pointillés pendant 10 ans. J'ai publié 7 numéros les 3 premières années avant de mettre un peu ça de côté. Et puis il y a eu les attentats du 11 septembre et j'ai vraiment cru que la fin du monde arrivait, du coup je me suis dit qu'il fallait que je me bouge. J'ai donc sorti trois énormes numéros de Happyland. C'était le zine rageux typique des 90's, imprimé et agrafé. Mon inspiration directe c'était ce type, Richard Sullivan, qui avait un zine intitulé Gore Gazette. Il ressemblait beaucoup à un autre zine Sleazoid Express, publié par un type appelé Bill Landis, aujourd'hui décédé. Bill a écrit sur les cinémas de la 42ème rue de 1980 à 1986. Je suis pass à côté à l'époque mais aujourd'hui, je considère vraiment Sleazoid Express comme la Bible de cette culture. C'était génial.

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Et concernant le ton ? Aucune influence particulière ?
À l'époque j'aimais beaucoup Howard Stern, qui n'avait rien à voir avec le Howard Stern d'aujourd'hui. J'aimais l'idée de communiquer de manière très directe et très obscène, avec beaucoup d'humour. C'était la raison d'être de Happyland : se bourrer la gueule, prendre de la drogue, aller au ciné sur la 42ème rue, voir des groupes et se foutre de la gueule des gens.

C'est pour ça que tu écrivais sous pseudo, parce que tu te foutais de la gueule des gens ?
Non, je me suis juste dit que « Selwyn Harris » était un blase cool. Et il s'est avéré que c'était les deux derniers cinés restés ouverts : le Selwyn et le Harris. Et je suis un grand fan de pseudos en général.

Durant ces 11 dernières années, tu as été le rédacteur en chef du site Mr Skin. Comment t'es-tu retrouvé à travailler dans le porno ?
Via Happyland. La tagline du zine c'était : « les réconfortantes aventures d'un garçon et de sa bite ». Je parlais des peep shows, de la baise, des trucs obscènes qui se passaient à New-York circa 1991. Une amie était réceptionniste au New York Press, et elle avait acheté un examplaire de Happyland. Son directeur artisitique de l'époque, Michael Gentile, avait travaillé chez Hustler et il trouvait Happyland hyper drôle. J'ai donc commencé à travailler en freelance au New York Press et Michael a envoyé des exemplaires du zine à Allan MacDonell, qui était éditeur de Hustler à l'époque – il a d'ailleurs écrit un très bon bouquin sur cette expérience, Prisoner Of X. Donc Allan m'a appelé et m'a proposé de travailler pour lui en freelance. En 1993, j'ai déménagé à L.A. et je suis devenu rédacteur chez Hustler, pendant 3 ans. Mais Hustler est une boîte pourrie pour travailler. Tu as aussi travaillé pour Troma, mais pendant 2 semaines seulement. Il s'est passé quoi ?
Après Hustler, j'ai bossé pour quelques autres magazines porno, comme Genesis et High Society. J'ai aussi eu des problèmes avec la drogue et l'alcool. Quand je suis redevenu clean, j'ai flippé que personne ne veuille plus m'embaucher à cause de mon CV. J'ai commencé à écrire des articles sur Troma, et putain, je déteste Troma, j'espère que ça se ressent dans le livre. Je les haïssais à l'époque, et je les hais encore aujourd'hui. J'ai adoré Toxic Avenger quand j'étais au lycée, mais je peux vraiment pas saquer le reste. Et ils sont devenus tellement ridicules avec leur délire « mauvais goût à tout prix »… Mais allez vous faire foutre, les gars. J'avais écrit une paire d'articles sur Troma pour Genesis, du coup il m'ont donné un boulot naze. C'était un poste en bas de l'échelle qui consistait à assurer le suivi des bobines de films. C'était pourri, et comme tu t'en doutes au bout de deux semaines, je me suis barré. J'admets que c'était bête de ma part, mais je ne l'aurais pas supporté une minute de plus. À un moment, Lloyd Kaufman [le co-fondateur de Troma] m'a demandé de lui rédiger son autobiographie. J'ai accepté, et le contrat stipulait, je le jure, « pour un montant de 0 dollars » . Mais quel connard.
[Rires] J'y croyais pas. On se serait cru dans les Simpsons. Évidemment, je ne l'ai pas fait. Mais James Gunn, le type qui a fini par lui rédiger le livre, est aujourd'hui un réalisateur connu à Hollywood. Probable que j'aie merdé. Mais je n'ai jamais été payé pour les deux semaines où j'ai bossé chez Troma. En fait, mon salaire, ça a été de ne plus jamais leur adresser la parole.

Heavy Metal Movies sortira le 24 juin. Vous pouvez le pré-commander via Bazillion Points. Plus de livres en papier véritable sur Noisey Eilon Paz a photographié les plus incroyables collections de disques de la planète
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