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Music

Havoc nous a parlé des morceaux qui lui ont donné envie de rapper

Pour fêter les 20 ans de « The Infamous », la moité de Mobb Deep a replongé dans son enfance.

Mobb Deep au Maryland Deathfest 2015

Le 25 avril 1995, soit il y a un peu plus de 20 ans, Mobb Deep sortait The Infamous, une odyssée de l'asphalte bourrée de mélodies baroques qui allait donner naissance à une mythologie encore vivace à l'heure actuelle, peuplée de hustlers au coeur froid, déambulant tel des ombres dans les quartiers malfâmés du Queens, à New-York. Classique instantané, The Infamous est désormais une pierre angulaire du rap et a marqué le point de départ d'une carrière quasi-exemplaire. Pour fêter cet anniversaire, Havoc et Prodigy ont donné quelques concerts exclusifs en Angleterre avant de rentrer au pays pour jouer en tête d'affiche du Maryland Deathfest, oui le festival metal de Baltimore, parfaitement. Le matin de leur concert londonien, j'ai rencontré Havoc dans son hôtel de l'ouest de la ville, on a discuté de son parcours musical, d'Earl Sweatshirt et même de Johnny Cash, le tout dans une ambiance 100% détente. Noisey : C'est quoi la première chanson qui t'a marqué ?
Havoc : Je suis né en 1974, donc quand j'ai grandi et commencé à vraiment m'intéresser à la musique, c'était la fin de l'ère disco. Mon père était DJ, et la première chanson que je me rappelle l'avoir entendu jouer était « Ring My Bell » d'Anita Ward. Mon père passait des disques à la maison, il avait son matos et ses potes venaient chez nous pendant qu'il faisait le DJ, pour le fun, ce n'était pas vraiment un DJ de club.

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Et niveau hip-hop ?
Je me souviens très bien de « The Message », et aussi de « Basketball », un titre de Kurtis Blow je crois. J'étais gamin, j'étais coincé chez moi, j'avais 7 ans, je ne pouvais aller nulle part, mais j'entendais ces morceaux et je me disais « bordel, qu'est ce que c'est qu'ça ? ». Ça me fascinait.

Quels morceaux t'ont donné envie de rapper ?
« The Bridge » de MC Shan et Marley Marl, puis Eric B & Rakim, « Check Out My Melody ». À cette époque, avant même mon adolescence, il y avait un DJ dans le coin qui se faisait appeler DJ Hot Day ; il passait des disques dans les parcs, pour tous les gens du quartier. Il jouait et tout le monde sortait dehors pour jammer, faire des barbecues et tout ça. C'est là que j'ai entendu Shan et Rakim pour la première fois. Ce sont ces morceaux qui m'ont vraiment donné envie de me mettre à la musique, ils ont éveillé ma curiosité - oh, sans oublier non plus « Sucker MC's » de Run DMC [il se met à rapper] : « Three years ago / A friend of mine / Axed me to say some MC rhymes / So let me say this rhyme I'm about to say / the rhyme was def and it went this way… »

Je suis tombé amoureux du hip-hop grâce à ces chansons. Ensuite, quand je suis entré au collège, j'ai commencé à m'investir vraiment à fond dans le rap, un de mes potes était à fond aussi, et il m'a présenté ce groupe qui s'appelait les Jungle Brothers, en me disant « yo, il faut que t'écoutes ce truc ! » Il m'avait filé une cassette et je suis aussitôt devenu fanatique des Jungle Bros, je l'écoutais, encore et encore, je me disais que ce truc était mortel, les beats étaient sales et tout, c'est à ce moment précis que j'ai eu envie de me mettre moi aussi à écrire.

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Tu te contentais des échanges de K7 ou tu traînais aussi chez les disquaires ?
J'échangeais des cassettes. À l'époque, on enregistrait tout ce qui passait à la radio, je n'avais pas d'argent pour aller acheter des disques, donc on échangeait des tapes. Ca n'avait rien de pro, on appuyait juste sur play et sur record. T'attendais, avec tes cassettes prêtes et calées, qu'ils balancent la sauce !

Quand t'as rencontré Prodigy au lycée, tu écoutais quoi ?
C'était en 1989 - j'ai commencé le lycée en 1988, et il est arrivé un an après moi. La musique qui cartonnait à cette période, c'était LL Cool J, Run DMC, A Tribe Called Quest, Marley Marl & The Juice Crew, Big Daddy Kane.

Toutes tes premières prods étaient vachement basées sur le sample. Quand as-tu commencé à digger ?
Vers 1989, quand je me suis mis à fond dedans. Mon père ne vivait plus à la maison, mais ses disques étaient encore là, donc je me servais. Ensuite, je m'étais mis en tête que tous les bons samples hip-hop provenaient de vieux disques, et je me suis donc dit « bordel, mais j'en ai des tas ! » Donc j'écoutais tout ce que mon père possédait. Et quand j'ai commencé à traîner avec Prodigy, son grand-père, qui était un musicien de jazz, venait de décéder, mais il y avait encore des tonnes de disques de jazz dans sa cave, alors on a fait pareil. Je n'avais pas besoin d'aller acheter quoique ce soit, ou de faire des kilomètres - les disques étaient juste là, sous mon nez.

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C'est quoi le premier morceau que tu as samplé ?
C'est dur de m'en rappeler, mais je me souviens d'une journée en particulier, chez ma grand-mère, elle avait des tas de disques, dont celui-ci… dont je ne me souviens plus le nom… c'était… bordel… je me souviens très bien de la chanson, mais pas du groupe. Le label s'appelait Chocolate Factory, un truc du comme ça, c'était une tuerie R&B des années 70 avec une grosse ligne de basse. Je l'avais mise sur une démo, ça n'est jamais sorti, mais je me souviens l'avoir entendu chez quelqu'un d'autre, Masta Ace je crois, un mec connu, j'ai entendu ce sample sur un de ses titres et je me suis dit « et merde ! » Je n'avais pas le bon matos pour le faire ; j'appuyais juste sur play / record / play / record ! Mais ça m'a fait quand même comprendre que j'étais sur la bonne voie.

Tu faisais partie du beef qui opposait la East Coast et la West Coast dans les années 90. Maintenant que tu es plus vieux et plus sage, il y a des rappeurs de l'ouest que tu aimais sans l'admettre ?
Même à l'époque je l'admettais, même à l'époque de la controverse, j'ai toujours été un fan du son West Coast. J'adorais tous les disques de N.W.A., j'étais un gros fan d'Ice Cube, j'ai toujours aimé ce qu'ils faisaient. Mec, j'étais fan de leurs trucs même quand cette tension débile s'est instaurée. Aujourd'hui, on dirait qu'il ne s'est jamais rien passé - quand on se croise, on n'y pense même pas, « Oh, quoi de neuf Snoop ? » On fume de la weed ensemble et on se met bien. Il n'y a même pas d'arrière pensée, vraiment.

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J'ai entendu dire que tu allais collaborer avec Earl Sweatshirt
J'espère. Il chille avec Alchemist, alors on se côtoie de temps en temps. Il est vraiment très fort. J'espère qu'on va faire quelque chose ensemble - il y a de grandes chances que ça arrive. Son talent de producteur est incroyable, comme sa vision du hip-hop - il est tellement jeune, et il a l'esprit d'un vieux sage. Il est de plein pied dans le réel, l'authentique, la crasse. Et j'apprécie ça. J'en ai marre d'entendre toujours le même putain de beat, j'ai l'impression d'être dans un jeu vidéo, ou dans un mauvais rêve.

Est-ce que t'écoutes des trucs qui pourraient surprendre tes fans ?
Sérieux, j'écoute tout. Je ne sais pas ce qui pourrait surprendre les gens ; j'écoute même de la country.

Tu as entendu le morceau country de LL Cool J ?
[Rires] Je crois pas que ce soit trop mon truc ! C'était un peu tendu, mec… c'était un autre délire… mais, c'est quoi le nom de ce mec de la country déjà, ils ont fait un film sur lui…

Johnny Cash ?
Ouais, je l'adore lui. C'est bien ce gars qui a fait « Ring of Fire » ? J'adore cette merde ! Ça, c'est mon délire.

Mobb Deep s'apprêtent à sortir un nouveau EP, Survival Of The Fittest, dont vous pouvez écouter un extrait ici.