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Music

Le guide Noisey du Eddie Murphy chanteur

Il a enregistré un morceau new wave et a collaboré avec Rick James, Snoop Lion et Michael Jackson.

Eddie Murphy a voué son existence à mettre les gens mal à l'aise. Et aussi à les faire marrer. De ses premiers pas dans Saturday Night Live au début des années 80, à son ascension fulgurante à Hollywood dans les années 80 et 90, en passant par son incroyable présence scénique, que vous avez probablement découverte avec Raw (sûrement le meilleur film de stand-up jamais réalisé), Murphy a toujours su se réinventer. Ces dernières années, on l'a plutôt vu dans des productions familiales ou des purges embarrassantes (souvent les deux), et le symbole de l'humour 80's est peu à peu devenu le « mec qui double Shrek ».

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Il suffit pourtant de se pencher 5 minutes sur son parcours dans le monde de la musique pour se faire une idée du personnage. En 1985, au climax de sa carrière, Eddie Murphy a enregistré son premier album studio, How Could It Be, sur lequel figure son plus gros hit, « Party All The Time », produit par Rick James. Et outre le fait qu'entendre Eddie chanter autre chose que « Roxanne » représentait un kiff absolu, il faut aussi reconnaître que sa musique défonçait à 100 %.

Après la sortie de So Happy en 1989 puis de Love's Alright en 1993, Murphy a mis un terme à sa carrière de chanteur. 20 ans plus tard, en 2013, il a sorti trois nouveaux morceaux tirés de 9, un album soi-disant prêt à sortir. Des titres plutôt déconcertants, puisqu'ils tapaient dans la néo-soul (« Promise (You Won't Break My Heart) »), le gospel (« Temporary »), voire le reggae, avec un morceau enregistré par celui qui se fait désormais appelé Snoop Lion.

Depuis, plus rien. L'album n'est jamais sorti. Mais en ce début d'année, après unne année 2014 relativement morne (si on met de côté l'annonce du Flic de Beverly Hills 4 pour 2016), Murphy a sorti un nouveau morceau reggae sobrement intitulé « Oh Jah Jah ». Afin de meubler l'attente insoutenable du nouveau disque d'Eddie, j'ai donc décidé de réécouter l'intégralité de sa discographie. Voici, mesdames et messieurs, le guide Noisey du Eddie Murphy chanteur.

Eddie Murphy (1982)

Sur ce disque regroupant des sketches d'Eddie Murphy (comme Comedian l'année suivante), on trouve deux morceaux parodiques : « Boogie In Your Butt » dans lequel Eddie chante un refrain du même nom et balance des rimes du style « I ain't putting boogie in nobody butt, man, that's nasty » et des choses plus rap 80's comme « Put a tin can, in your butt / put a little tiny man, in your butt. » Sur le dernier morceau de l'album, « Enough is Enough », on retrouve notre Eddie Murphy du début 80's, dans sa forme optimum pendant quatre minutes trente, singeant un homosexuel, ou plutôt la vision qu'il avait de l'homosexualité. Le premier morceau de cet album s'appelle d'ailleurs « Faggots ». Ah, les années 80.

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How Could It Be (1985)

Pour son premier album studio, Eddie Murphy s'est entouré de poids lourds de l'industrie de l'époque. L'album commence et se termine par deux morceaux de Stevie Wonder : « Do I » (que beaucoup considèrent comme le meilleur titre du disque) et « Everythin's Coming Up Roses. » Il y a aussi deux titres de ce bon vieux Rick James : « How Could It Be » et « Party All The Time. » À ce jour, « Party All The Time » est d'ailleurs l'un des plus gros titres qu'une célébrité débarquée dans la musique ait produit. En plus de ça, le clip clip réalisé en studio avec Eddie et Rick James (qui se rend lentement compte que cette jam est le meilleur truc qui ne soit jamais arrivé depuis que la musique a été inventée, si, si, regardez bien).

Dans les trois morceaux écrits par Murphy lui-même, on retrouve un coté limite expérimental : « Con Confused » est un morceau disco-pop, « I, Me, Us, We » est une éloge de Parliament, et dans « My God Is Color Blind », Eddie la joue total Stevie Wonder en pondant une diatribe contre le racisme, en souvenir de ses débuts difficiles.

So Happy (1989)

Dans l'album How Could It Be, Murphy était tellement sûr de lui qu'il pensait pouvoir faire un morceau avec un simple bruit de chasse d'eau. So Happy, lui, retrace une décennie d'histoire en douze titres. Et comme vous pouvez le voir, la pochette estampillée « maturité » est à l'opposé du titre. On retrouve sur cet album toutes les caractéristiques des années 80 : des sons de klaxon, des grosses basses, des snares séquencées. Sur « I Got It » Murphy montre de belles choses, un morceau qu'on pourrait presque qualifier de bouncy R&B pendant cette période de transition entre les années 80 et 90. L'autre bonne surprise c'est « Let's Get With It », avant-dernier morceau du disque, un titre explosif co-écrit par Larry Blackmon, le chanteur de Cameo, aussi auteur de « Word Up ». Vous allez faire quoi ?

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Le seul morceau de l'album qui fait tâche comparé au reste est justement le titre éponyme, « So Happy ». On dirait presque un morceau new wave dans style Depeche Mode. Ça casse un peu le rythme de l'album mais notez que ça vous permettra de sortir au moins une fois dans votre vie à vos potes : « Hey sinon, vous connaissez ce morceau d'Eddie Murphy qui ressemble à du Depeche Mode ? »

Love's Alright (1992)

Ce troisième album sorti en 92 est la dernière œuvre d'Eddie Murphy et il a tout d'un album sorti en 1983. Il reprend à la fois l'énergie de So Happy et le coté expérimental de How Could It Be, en mettant de côté tout ce qu'il y avait de « bon » sur les deux disques, et en atténuant le potentiel de ce qu'il reste. Le seul truc d'à peu près vivant sur cet album, c'est « Whatzupwitu », un duo avec Mickael Jackson, qui a donné lieu à un clip 100 % « vidéo-gag », dont les créateurs de la célèbre pub Budweiser « Whazzaap » se sont clairement inspirés. Le reste de l'album ne vaut pas un clou, c'est le pire truc qu'ait fait Eddie Murphy, ex-aequo avec Norbit. Mais en même temps, c'est marqué sur la pochette.

9 (????)

Durant les 20 ans qui séparent Love's Alright des trois titres du fameux 9, on constate qu'Eddie a appris à jouer de la guitare. Dans toutes ses dernières vidéos, on ne voit presque que ça.

Le morceau « Red Light » ressemble à un reggae classique. Et bien que je n'y connaisse rien en reggae, je peux vous dire que j'ai vu des groupes de blancs à dreadlocks qui était bien meilleurs que ça.

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Hormis sa ligne de guitare immonde et ses lyrics plus que légers, « Temporary » est sûrement meilleure que la moitié de la discographie d'Eddie, grâce notamment à sa voix et aux chœurs 100 % émotions.

« Promise (You Won't Break My Heart) » est un vrai voyage dans les années 90. Ce morceau n'est pas sans rappeler ce que faisaient Brian McKnight et D'Angelo. Il y a un incroyable solo de guitare jazz, à peine surjoué, et malgré ça, c'est un morceau qu'il est très difficile de détester.

Le titre « Oh Jah Jah » est dans un style reggae similaire à « Red Light» et s'avère nettement supérieur aux morceaux précédents, bourré de revendications et de références à Babylone. Tremblez les puissants quand vous entendrez Eddie chanter « I saw the preacher taking nickels from the welfare babie » ou « Police in the streets shooting down black babies ». Si l'on excepte la production outrancière, cette chanson montre en tout cas qu'il a fait de nets progrès au niveau de la mélodie et il faut bien admettre que les voix sont carrément prenantes.

Si on résume, Eddie Murphy a réalisé quatre très bons morceaux en tout. Soit à peu près le double de la plupart de vos groupes préférés. Respect. Et si l'on met de coté l'ironie qu'il peut y avoir à écouter l'un des meilleurs comédiens de tous les temps chanter comme Michael Jackson sur des titres qui renvoient à la pré-retraite de James Brown, il faut bien le reconnaître : Eddie a une voix d'enfer. Et ça, aucun de ses détracteurs ne pourra le nier. Écoutez ce mec. Sérieux. Paul Blest est sur Twitter.