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Music

Grave Pleasures va mettre la rentrée à feu et à sang

Les ex-Beastmilk ont changé de nom et de line-up mais ont plus que jamais envie d'en découdre avec le Monde Libre.

En pleine vague ascendente,

Beastmilk

a décidé de tout bazarder suite au départ de son guitariste-fondateur Johan Snell en se rebaptisant

Grave Pleasures

et en remaniant son line-up, désormais augmenté de Linnéa Olsson (de The Oath, qui a rejoint le groupe l'an dernier, au moment de sa tournée européenne) et Uno Bruniusson (ex-batteur de In Solitude, qui ont, eux, choisi de splitter au sommet de leur gloire il y a quelques mois). Tant qu'à faire, autant faire les choses à fond. Reste à savoir si ces changements porteront ou non préjudice au groupe finlandais, responsable il y a deux ans du gigantesque

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Climax

, premier album bourré

tubes inhumains façon « Misfits à la plage », qui lui a valu de gagner une horde de fans sur-motivés (parmi lesquels Fenriz de Darkthrone), consciensieusement réduits en miettes tout au long de deux tournées triomphales (avec Doomriders, puis In Solitude).

À l'écoute de Dreamcrash -leur premier disque sous le nom Grave Pleasures-, on ne se fait pas vraiment de soucis pour eux : malgré des titres plus longs et plus atmosphériques, les hymnes sont toujours au rendez-vous et le groupe est meilleur que jamais sur scène, comme on a pu le constater lors de la dernière édition du Hellfest. C'est d'ailleurs quelques heures à peine avant leur concert au festival de Clisson que nous avons rencontré le chanteur Mat « Kvohst » McNerney pour parler de la nouvelle vie de son groupe, de l'importance de l'humour en musique et de la polémique provoquée par la pochette de Dreamcrash en Allemagne.

Noisey : Ce changement de nom, ça marque un nouveau départ ou juste un nouveau chapitre de l'aventure débutée avec Climax ?

Mat

« Kvohst »

McNerney :

Selon moi, on est vraiment dans la meilleure situation possible, parce que c'est justement un peu des deux : c'est à la fois quelque chose de complètement nouveau et en même temps la suite directe de ce qu'on a fait avec Beastmilk et

Climax

. La nouveauté, les changements de cap, les prises de risque, ce sont des choses que j'ai toujours aimé en musique et chez les groupes que j'écoute. On a traversé pas mal d'épreuves avec Beastmilk pour en arriver là où on en est aujourd'hui. On était tous très fatigués, il y avait énormément de pression sur le groupe. Aujourd'hui on est plus solides, Linnéa et Uno sont un peu plus aguerris, un peu plus habitués à ce genre de situation. C'est une nouvelle expérience, avec de nouveaux éléments, une nouvelle énergie, mais notre son reste le même et nos anciens morceaux sont toujours là.

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Sur votre tournée avec In Solitude, j'ai eu l'impression qu'il se passait quelque chose de spécial pour les deux groupes, que vous viviez un moment assez unique

.

Oui, on a vraiment ressenti ça aussi de notre côté. C'était la première fois qu'on tournait avec un groupe dont on se sentait aussi proche, musicalement et spirituellement. Du coup, il s'est vraiment passé un truc - il y avait une vibe particulière sur cette tournée… Linnéa était déjà avec nous, mais pas Uno, qui jouait encore avec In solitude. On avait dû engager un batteur de studio pour la tournée, ce qui ne nous satisfaisait pas vraiment, mais on a vraiment donné tout ce qu'on avait et ça a payé, on était vraiment hyper contents à l'arrivée - même si je pense qu'aujourd'hui avec Uno, on est sur quelque chose de différent, de plus soudé. C'est comme si on avait trouvé la pièce manquante au puzzle. On est désormais exactement comme on le voulait sur scène.

Au final, Beastmilk et In Solitude ont connu un sort assez proche suite à cette tournée : eux se sont séparés, estimant être arrivés au sommet et vous, vous avez repris à zéro avec un nouveau nom, alors que vous aviez déjà une grosse fanbase et pas mal de succès.

C'est vrai. Il fallait qu'on en passe par là. Si on avait continué sous le nom de Beastmilk sans Johan, des gens auraient pu se sentir lésés ou déçus. En changeant le nom, les choses sont très claires : c'est un nouveau groupe, un nouveau départ, donc pas de soucis si vous n'aimez pas la musique de Grave Pleasures, Beastmilk sera toujours un groupe à part, celui qui a sorti

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Climax

. C'est une façon de ne pas ternir ou pervertir le nom. Cela dit, même si Johan avait continué avec nous et qu'on avait gardé le nom Beastmilk, le disque aurait de toute façon été très différent de

Climax

. On était déjà sur quelque chose de très différent. Mais je suis content qu'on ait changé, ça nous permet de faire vraiment ce qu'on veut, sans subir la moindre pression.

Photo - Julio Ificada

À ce jour, je n'ai pu écouter que 5 morceaux du nouvel album. On reconnaît instantanément votre style, mais on sent que vous avez cherché à faire quelque chose de moins immédiat, de plus fouillé.

Complètement. Perso, je le trouve beaucoup plus émotionnel, plus profond. On a vraiment essayé de faire avancer l'histoire et de ne pas faire un

Climax

bis, avec plein de gros refrains et de riffs accrocheurs. C'est le même son, la même atmosphère, mais on essaye d'aller ailleurs, plus loin. Je suis assez content, parce que la transition entre les anciens et les nouveaux fonctionne assez bien sur scène, il n'y a pas de cassure, ça reste homogène.

Jouer au Hellfest, qui est un festival particulièrement éclectique dans son genre, c'est parfait pour vous, vu que vous n'entrez justement dans aucune case : vous n'êtes ni vraiment metal, ni complètement post-punk, vous n'appartenez à aucune scène définie.
Tout à fait. Et c'est d'ailleurs très cool de leur part de nous avoir gardé à l'affiche malgré le changement de nom ! Ça prouve au moins qu'ils sont toujours intéressés par ce qu'on fait. [Rires] Après, ça me plait qu'on ne soit nulle part à notre place, beaucoup de groupes trouveraient ça flippant mais moi, ça me va. On avance, le principal c'est de croire à ce qu'on fait, à la musique que l'on joue. Les gens sont beaucoup plus ouverts aujourd'hui de toute façon, tout ça n'a plus vraiment d'importance et c'est tant mieux. Photo - Julio Ificada Un truc que j'aime chez Beastmilk, c'est votre sens de l'humour, qui contraste avec une musique plutôt sombre et héroïque. Ça se sent dans les paroles, mais aussi certaines attitudes sur scène, la façon que tu as d'introduire les morceaux avec des jeux de mots plus ou moins habiles. [Rires]
Oui, c'est important, c'est présent depuis toujours chez nous, même si ça reste quelque chose de difficile à gérer parce que tu ne veux pas non plus devenir un groupe débile qui ne joue que là-dessus. Les Dead Kennedys y arrivaient très bien, par exemple : ils avaient beaucoup d'humour et en même temps des morceaux hyper durs et un côté très impressionnant. Ce mélange de punk, de politique et d'humour noir, c'est génial. Si on pouvait arriver à trouver un équilibre aussi parfait, ce serait vraiment cool.

L'aspect visuel est un autre aspect important du groupe. Et ça se confirme d'ailleurs avec la pochette du nouvel album.
Oui, complètement. On a beaucoup bossé sur la pochette de Dreamcrash, on voulait qu'elle soit totalement différente de celle de Climax, tout en gardant ce truc très graphique, très symbolique. Et ça marche visiblement pas mal vu qu'il y a déjà des polémiques autour de la pochette en Allemagne. Il y a visiblement des gens que ça choque - ce n'était pas du tout le but, mais je comprends que certaines personnes se sentent mal à l'aise par rapport à ce genre d'image [une boîte noire rescapée d'un crash d'avion]. Après, c'est un truc qui nous tient à coeur, on veut vraiment proposer quelque chose de travaillé et réfléchi, et éviter les sempiternels clichés punk ou metal. Les meilleurs disques ont toujours des pochettes fortes, très marquées, qui interpellent les gens. L'album sort en septembre en Finlande et en octobre dans le reste de l'Europe. Vous savez déjà ce qui vous attend dans la foulée ?
Oui, on va démarrer notre première tournée européenne en tête d'affiche, juste après la sortie de Dreamcrash. Ça devrait durer 3 semaines/un mois, après quoi on va enchaîner avec une tournée plus longue, toujours en Europe, mais en première partie d'un plus gros groupe, cette fois-ci. Et si tout va bien, début 2016, on fera notre première tournée aux USA, on est justement en train de préparer la sortie de l'album là-bas en ce moment. On devrait également passer par le Japon au printemps prochain. On veut jouer live le plus possible pour la sortie de cet album. Sinon, on a enregistré pas mal de morceaux et il devrait y avoir, en plus de l'album, quelques titres en plus sur des éditions limitées et de maxis. Avec Beastmilk, on s'était surtout concentrés sur l'album, mais là j'ai envie de sortir des petites choses en plus ici et là. Dreamcrash sortira le 2 octobre chez Columbia. Grave Pleasures sera en concert le 3 octobre à Paris (@ La Flèche D'Or) et le 4 octobre à Lyon (@ Le Sonic). On a évidemment des places à vous faire gagner ici. Lelo Jimmy Batista est le rédacteur en chef de Noisey France. Ça lui a fait grave plaisir d'interviewer Grave Pleasures. Il est sur Twitter - @lelojbatista