FYI.

This story is over 5 years old.

Music

Aucun souci, Gnucci maîtrise sa trajectoire

La rappeuse serbo-suédoise nous rappelle son amour pour le public français.

Gnučči sera en concert au festival HOP POP HOP 2017 à Orléans le 15 septembre.


On avait contacté Ana Rab de son vrai nom il y a quelques temps, afin qu'elle nous parle de sa musique bigarée, entre pop, hip-hop, house et tropiques, de ses origines, entre la Serbie et la Suède, et de ses performances live, qui conduisent le public à l'acclamer à chaque fois. Chanteuse depuis 2011, compagne de Spoek Mathambo, pote de Krampf et fan de MHD, en 2016 Gnučči est toujours aussi cool et ouverte sur tout, et elle nous le prouve une fois de plus.

Publicité

Noisey : Tu es née en Serbie, tu as grandi en Suède et aujourd'hui tu vis entre Londres et Berlin. Il y a une corrélation entre tous ces lieux dans ta musique ?
Gnucci : On est tous des produits de quelque chose ; notre environnement, nos voyages, notre famille, nos amis, l'école, etc. Les influences et les inspirations sont infinies et jusqu'à présent, j'ai été ultra ouverte et réceptive à TOUT. Dans un certain sens, on est tous versatiles et nos sentiments se retrouvent souvent emmêlés, ils sont flexibles et changeants, donc il ets normal que la bande-son de tout ce qu'on ressent soit, elle aussi, variée et complexe, non ? Je suis une enfant d'immigrés qui a passé toute son enfance avec d'autres kids immigrés qui rêvaient de voyager, la musique et la télé ont été mes principaux exutoires, donc pour moi, c'est plutôt facile d'être partout, et ce partout n'est pas aussi simple qu'une nationalité. On t'a souvent surnommé la « MIA suédoise », ça t'a fatigué à force j'imagine.
Je comprends pourquoi, la comparaison est une manière simple d'attirer les gens vers quelque chose de nouveau, mais c'est si chiant à lire. Les journalistes musicaux sont supposés bien savoir écrire, c'est votre job, non ? Donc je suis surprise que beaucoup de journalistes choisissent d'être chiants et répétitifs alors qu'il pourraient tout simplement, je sais pas, choisir d'être meilleur dans ce qu'ils font. Je trouve aussi extrêmement chiant le fait que les gens soient si prévisibles dans leurs comparaisons et leurs mêmes vieilles questions et blablabla, certains aiment juste répéter le peu de choses qu'ils savent, sans doute pour se persuader qu'ils en savent un peu plus. Tu es née en 1987. Tu as des souvenirs musicaux de cette année là ?
J'ai dû googler « chansons de 1987 » pour répondre à celle-là… D'ailleurs, j'ai récemment découvert radiooooo.com, un site sur lequel tu choisis un pays et une décennie, et la radio te joue de la musique provenant ce lieu et de cette époque. C'est génial.

Publicité

En 2012, tu as gagné un Swedish Grammy Award, l'équivalent d'une Victoire de la Musique ici. Ca a changé quelque chose dans ta carrière ?
Nan, j'aurais aimé ! C'est plus un compliment qu'un tournant de carrière, du moins pour moi ça n'a pas changé grand chose. Si la Suède te demandait de les représenter à l'Eurovision, tu dirais quoi ?
Non. Ok. Dernière question sur la Suède, tu as des news de Looptroop ? Ils deviennent quoi ?
Oh ouais, Promoe et moi nous sommes inscrits à un cours de salsa il y a pas longtemps. Je fais aussi du yoga avec Embee de temps en temps. Et Supreme, Cosmic et moi avons un super groupe de discussion sur WhatsApp où l'on s'envoie des mèmes et des emojis. Tout le monde va bien quoi.

Parle-moi un peu de ton clip « A. Rab », qui n'a aucun lien avec ta passion pour le Brésilien MC Bin Laden.
Mon vrai nom est Ana Rab. Sur ma boîte postale, j'ai écrit « A.RAB » et le beat m'est venu comme ça un matin, en ouvrant ma boîte, et en répétant juste mon propre nom encore et encore. Tu as fait une mini-tournée française l'année dernière, en jouant dans des endroits un peu exotiques, comme Vannes, Dunkerque ou Saint-Etienne. Tu as aussi joué à Reims fin avril avec Krampf. Ca s'est passé comment ? Tu as trouvé ton public ici ?
Je trouve ça à la fois surprenant et extraordinaire qu'une petite artiste indé comme moi, sans promotion, sans passage radio, sans buzz, puisse ramener autant de gens dans des villes que je n'arrive même pas à épeler, et que ces gens kiffent ma musique alors qu'on ne parle même pas la même langue, c'est merveilleux. J'ai tourné plusieurs fois en France et la manière dont les gens m'ont accueilli ici me touche énormément. La réception et la réponse du public ont été sans aucun doute un des points culminants de ma courte carrière, parce que j'accorde beaucoup d'importance à ce soutien et à cet amour brut, imprévisible et authentique. J'avais besoin de savoir que des gens étaient dans ma musique. Je voulais m'en rendre compte sur le vif, en temps réel, quand l'énergie est indescriptible mais que tu peux carrément SENTIR que le public est dans ta vibe. Et ça, uniquement grâce à ta performance sur scène. Je serai toujours reconnaissante pour ces si bons moments passés en France.

Je travaille vraiment dur pour représenter ce changement que j'ai envie d'amener. Voilà pourquoi j'ai choisi d'être mon propre label, mon propre directeur créatif et mon propre producteur exécutif, dans tout ce que je fais. J'entreprends des trucs, et c'est moi qui aie le dernier mot dessus. Les artistes comme moi passent un sale temps à cette époque où tout va très vite, où l'attention dure une fraction de seconde, où l'on est dans une culture obsédée par le click et les chiffres. Donc j'ai beaucoup apprécié cette expérience en France, c'était 100 % réel et sans prétention. Moi je veux juste vivre et jouer en live, tu sais. Un truc à ajouter sur les Français ?
MHD est ma personne française préférée que je ne connais pas. Son album est brillant. Kevin El Amrani et Krampf sont les Français que je connais que je préfère. Je viens juste de tourner une vidéo avec eux à Paris pour mon deuxième single, « Xs & OHs », et ça va tuer.

Justement, tu peux nous dire quelques mots sur ton dernier titre avec Tami T de Berlin. Tu projettes d'autres collaborations ?
Oui, ce morceau s'appelle « Ultimate Syndrome » et il est produit par la fantastique Tami T, qui chante également dessus. La chanson parle du « DIY jusqu'à la mort » (dans le sens « ce truc est en train de me tuer ») et sur la quête de L'Ultime, d'être « ultime » dans tout ce que tu fais et ce que tu es, ce qui est aussi stressant que stupide. En gros, ce disque est une manière de me pousser moi-même. Et je suis très fière du clip qu'on vient de sortir. Un truc marrant : j'ai joué récemment au Kosovo, dans un concert où je m'occupais également de la programmation, et tous les producteurs et DJ's qui étaient présents sont passés au barbershop qu'on voit dans la vidéo. Nire c'est ma srab, comme ma sœur. Ecoutez ce qu'elle fait, elle défonce : http://soundcloud.com/nire. Rod Glacial est sur Twitter.