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Music

Bienvenue dans l'impénétrable sanctuaire de Ghost

Le guitariste et compositeur principal du groupe n'a pas voulu révéler son identité mais a accepté de nous parler d'arts martiaux, de ses techniques secrètes et de sa rencontre avec Snoop Dogg.

Renforçant son influence fantomatique aussi sûrement que le slime envahissait les égouts new-yorkais dans Ghostbusters II, le groupe suédois anonyme Ghost (l'identité des membres n'ayant jamais été révélée, malgré plusieurs rumeurs) fait désormais figure d’incontournable. En attestent ses apparitions incessantes dans la presse et les festivals du Monde Libre (et pas que dans le créneau metal : il seront à Rock En Seine à la fin du mois). Issue de l’underground, la petite bande d’évêques sataniques menée par le chanteur Papa Emeritus s'est rapidement imposée grâce à des hymnes pop-metal insensés et une mythologie ultra-étudiée. Après avoir séduit Lee Dorian de Cathedral (qui a sorti leur premier album), Fenriz de Darkthrone, Nergal de Behemoth et Phil Anselmo (qui les citent régulièrement), les Suédois ont été couverts d'éloges par Dave Grohl (qui a enregistré avec eux le EP de reprises If You have Ghost, sur lequel on retrouve le magnifique titre homonyme de Roky Erickson, mais aussi des covers de Depeche Mode ou Abba) et enchaîné les tournées aux côtés d'Iron Maiden et Slayer, écoulant au passage des pelletées de merchandising (du bikini au godemichet).

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A quelques jours de la sortie de leur nouvelle homélie pour les masses,

Meliora

, excellent troisième album, toujours à mi-chemin entre pop, ambiances à la Goblin et hard rock à papa, nous sommes allés à la rencontre d'un des membres du groupe, une «

nameless ghoul

», dans les bureaux de Gibson France. Mais pas de mystères ni de masques : c’est un guitariste à visage découvert qui nous reçoit, tout sourire, perfecto noir et tignasse corbac’ ébouriffée à la Sid Vicious, pour discuter du dernier album. Et si on n’a pu mettre aucun nom sur le visage -pourtant vaguement familier- du type, il n'a pas été nécessaire de le prier pour qu'il nous parle d'arts martiaux, de ses techniques secrètes de composition et de sa rencontre avec Snoop Dogg.

Noisey : Le guitariste et principal compositeur de Ghost à visage découvert ! Je suis sûre que tu dois avoir des anecdotes croustillantes liées à votre anonymat : des gaffes de détracteurs, ce genre de choses…

Il y a eu des coïncidences amusantes : genre tu rencontres des gens dans un bar après un live. Et ils t’interpellent : « Salut les gars, vous étiez au concert ? ». Là, tu hésites un peu : « Euh… oui. ». Tu te demandes vraiment s’ils savent qui tu es et s’ils se moquent de toi. Ça peut être un peu bizarre et même gênant. J’ai du mal à te trouver une anecdote particulièrement drôle, mais j’ai vécu cette situation à plusieurs reprises. Et ils continuent parfois « Qu’est-ce que vous faites en ville ? ». Et tu réponds « Hum, je travaille ». Là, ils enchaînent sur ce qu’ils font eux parce qu’ils ont super envie de te parler de leur vie [

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sourire

]. Puis ils réattaquent « Mais c’est cool ! Tu as souvent l’occasion de voyager alors ? ». Et là…

Tu leur dis que tu es roadie ?
Non, mais j’attends qu’ils proposent une explication, exactement comme tu viens de le faire [sourire]. Et je change de sujet.

Je me disais que cette expérience de « rocker anonyme masqué » plutôt populaire doit être l’un des trucs qui se rapprochent le plus de la condition de superhéros…
[Rires] C’est marrant que tu me dises ça, parce que j’ai des enfants, et mon fils a eu sa période Spiderman. C’est drôle parce qu’à cette époque-là, je les ai emmenés en tournée. Et ils m’ont demandé : « Papa, alors quand tu montes sur scène, tout le monde vous acclame et vous aime ?! ». Ce à quoi j’ai répondu : « Oui, enfin généralement. » Eux : « Et ils applaudissent tous, vous êtes leurs héros ? ». Et moi « Oui, le temps d’un concert… on peut dire ça. » Il a alors conclu : « Ok, c’est un peu comme Peter Parker, vous vous déguisez et ils ne savent pas qui vous êtes ! » Donc oui, ça m’amuse que tu me dises ça, parce que mon fils de quatre ans avait fait ce rapprochement avec Spiderman à l’époque. Il me voyait entrer dans une pièce et c’était un personnage tout autre qui en ressortait, sur lequel les gens portaient un regard différent.

En parlant du regard du public, tu penses que le fait d’avoir enregistré cet EP de reprises (Roky Erickson, Abba, Depeche Mode) avec Dave Grohl a élargi votre auditoire ?
Probablement. Sûrement, même. Cela dit, c’est dur à quantifier, peut-être aussi à cause du format : ce n’était qu’un EP. Si ç’avait été un album complet avec Dave Grohl à la batterie, l’opération commerciale aurait été indéniable… Après, on a conscience qu’il s’agit de Dave Grohl, LA super rock-star et le leader d’un groupe parmi les plus gros du moment. Mais lle projet a été très spontané et innocent. Bien sûr, le label s’est frotté les mains quand on leur a annoncé la collaboration : ils étaient ravis. Mais nous, on n’y avait pas pensé en ces termes : l’expérience a été vraiment libre et source d’inspiration pour nous. Il y avait un côté « maître qui prend des disciples sous son aile et partage son savoir ». Si tu compares ça avec les arts martiaux, c’est comme si on s’était retrouvé dans un dojo à faire un stage avec un Sensei qui nous aurait appris de nouvelles techniques. Tu pratiques les arts martiaux ?
Plus aujourd'hui, mais quand j’étais gamin, oui.

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Lequel ?
Plus jeune, c’est le seul autre centre d’intérêt que j’avais, en dehors de la musique. J’ai fait du judo, du karaté, du taekwondo et du jujitsu. Tout ça parce qu’à l’époque, je déménageais beaucoup et du coup je commençais le karaté dans un club, et on déménageait. Or dans ma nouvelle ville, il n’y avait que du jujitsu, puis rebelote au nouveau déménagement, et je me repliais sur le taekwondo. Malheureusement, les enseignements n’étaient pas forcément en continuité les uns avec les autres. En plus, j’étais timide et souvent mal à l’aise à chaque premier entraînement dans un club où je ne connaissais personne. Puis je ne restais jamais assez longtemps pour me faire des amis. Sans oublier que beaucoup d’enfants sont attirés par les arts martiaux pour de mauvaises raisons. L’esprit de compétition… Certaines disciplines, et certains instructeurs sont très doués pour t’inculquer le bon état d’esprit mais d’autres vont plutôt développer une ambiance « perfectionnement du combat de rue ». Et quand tu as dix ou douze ans, ça peut être une expérience traumatisante.

En t’écoutant, je ne peux m’empêcher de penser à votre nouveau clip pour le morceau « Cirice » : il rappelle pas mal Carrie de Brian de Palma, avec la vengeance finale contre les persécuteurs…
Oui Carrie est typique de ces films où le karma agit en direct, pour sauter à la gorge des protagonistes, ou plutôt antagonistes. Cette pauvre fille est vraiment mal traitée et ça explose littéralement à la gueule des tyrans. Bref, c’était évidemment un hommage à ça, mais pas seulement. Pour en revenir à mon expérience, la différence pouvait-être énorme entre le gamin de onze ans que j’étais, et un autre de douze, chez qui la puberté a commencé à dessiner des muscles. Genre le môme fait une tête de plus avec un début de moustache, tu vois ? [Rires]. Bref, c’est ce qui m’a éloigné des dojos, et aujourd’hui je le regrette, j’aurais bien aimé continuer. Ceci dit, ce n’est pas le combat qui m’intéressait le plus, plutôt l’aspect artistique. J’ai fait du taekwondo, et ce qui me plaisait le plus, c’était les formes. C’est la même chose au karaté : au cours d’un affrontement, tu ne vois jamais les gars se lancer dans de superbes mouvements, pas de trucs à la Jean-Claude Van Damme sur le tatami !

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Genre un grand écart ? [Rires]

Oui, voilà, parce que bon, c’est tout sauf pratique et c'est complètement infructueux. La première chose à faire en cas de combat, c’est foncer et frapper au ventre ou à la tête, bref, pas un beau mouvement. Pour celui qui veut juste terrasser son adversaire, le plus efficace comme discipline, c’est la lutte… Mais moi, ce n’est pas ce qui m’intéressait : les mouvements acrobatiques me plaisaient.

En parlant de grand écart, mais stylistique cette fois : en Australie, vous avez joué juste avant Snoop Dogg, tu peux nous raconter ?

C’était un festival avec une disposition un peu comme celle du Hellfest : tu avais deux grosses scènes principales, l'une à côté de l'autre et dès qu'un groupe avait fini à droite, un autre démarrait à gauche. Bref, en face de nous, il y avait notre public mais juste à côté, cette énorme assemblée qui attendait le rappeur. Et quand on a débarqué, leurs fans nous ont regardés, intrigués par la tête de mort de notre leader et toute notre mise-en-scène. Notre chanteur, qui s’est rendu compte de leur intérêt, a commencé à plaisanter et à interpeller tout le monde. Dans une atmosphère très bon enfant, les gens se sont marrés et même un peu rapprochés, même s’ils étaient là pour Snoop Dogg et qu'ils n'étaient pas forcément fans de rock ou de metal.

Justement, puisqu'on parle de transcender la sphère metal, il y a un titre un peu particulier sur le nouvel album : « He Is », qui sonne assez folk, avec un côté très hippie…

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Oui, il est chelou, il a un côté « feu de camp ». C’est l’un des plus vieux titres du groupe, le premier qu’on ait composé je crois, et il nous a fallu des années pour le concrétiser.

Tu envisagerais de faire un EP – comme pour les reprises – plus acoustique, avec un son plus dépouillé ?
Eh bien… Pourquoi pas ? Pour tout t’avouer oui, on en a parlé. Mais pas vraiment un unplugged complet. On a tendance à être assez peu spontanés : du fait des costumes, qu'on soit six personnes sur scène… C’est pas comme si on pouvait se pointer, faire « Salut ! », se brancher et envoyer la sauce. On pâtit d’une certaine rigidité sur le plan logistique. De plus, pour aborder le sujet peu glamour du coût financier, dès qu'on fait un truc avec le groupe, ça coûte tout de suite assez cher. Si un ami nous demande « Hey, vous pouvez jouer à mon mariage ?». Je fais : « Non mais tu te rends compte que c’est douze personnes qui rappliquent ?! ». Pareil pour les conférences de presse, ou les séances d’autographe. Et c’est vrai qu’on s’est mis à réfléchir à une formule qui nous permettrait de débarquer dans un endroit comme ça [le salon d’exposition de Gibson France, à Paris] et de donner un show plus intimiste.

Vous avez essayé de réinterpréter vos morceaux de cette façon ? Ça fonctionne ?
Eh bien… Nous sommes en train d’expérimenter ça. Je doute qu’on donne des concerts d’1h30 sous cette configuration, mais ça peut marcher sur une durée plus courte. Par exemple « He Is », un titre du 1er album, un autre du 2ème… Mais il va falloir qu’on choisisse les morceaux qui fonctionnent vraiment.

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Tu dis que « He Is » est l’un de vos plus vieux morceaux. Pourquoi ne l’avoir mis en boîte que maintenant et qu’est-ce qui a différencié cet enregistrement des autres ?
On en a fait une version démo qu’on a oubliée pendant des années. En fait, on l’avait exhumée pour l’album précédent mais à l’époque on s’était concentrés sur les arrangements, alors on a essayé de la jouer dans cet esprit-là avec beaucoup d’orgue et une ambiance assez sépulcrale, mais ça ne marchait pas. Cette fois-ci, on a décidé de la jouer au plus proche de sa version initiale. Surtout qu’on a pu pas mal la retravailler, et les autres titres aussi. La phase de pré-production a en effet été assez longue pour Meliora ! Techniquement, c’est la phase où tu enregistres de la musique sans savoir si elle va se retrouver sur le disque…

Oui, tu fais des démos.
Voilà, c’est ça. Des deuxièmes démos par rapport à ce qu’on avait maquetté pendant notre temps libre. Car j’écris – nous écrivons – sur la route, pendant les tournées. On n’est pas du genre à attendre la fin d’une tournée pour s’asseoir, sortir du papier et se dire : « Ok, il est l’heure de composer ».

Tant mieux car vous avez beaucoup tourné dernièrement !
Oui ! [sourire] Je suis sans cesse en train de composer. Pas besoin de guitare pour ça - ça s’agite là-haut, en permanence. Dès qu’on rentre, je me mets à enregistrer des idées. Et ça dure comme ça depuis des années. À l’évidence depuis l’enregistrement du précédent disque [Infestissumam, réalisé dans le Tennessee]. Puis on a joué notre dernier concert pour Infestissumam, fin Septembre 2014. C’était un samedi. Et le dimanche suivant, on commençait la phase de pré-prod ! On y passé les mois d’octobre, novembre et décembre, assis à Stockholm avec un producteur dans un petit studio, passant tous les morceaux en revue. Ce fut une période très créative. En comité réduit : tout le groupe n’était pas présent, juste 2-3 personnes. Le producteur en question était quelqu’un de déterminé : « J’adore ce morceau, mais peut-être que vous devriez changer ça : pourquoi avez-vous fait ça au juste ? ». On devait alors s’expliquer « Euh, comme ça… Cet élément-là m’importe peu, si tu veux on peut le changer. Par contre cet autre truc, ça compte pour moi, je veux le garder.» Lui : « Ok, explique-moi pourquoi alors ?», moi : « c’est là parce que je veux que le morceau progresse vers une apogée, et on ajoutera ça, pour que l’ensemble fonctionne ». Alors il concluait « ok, on prend l’après-midi et on enregistre au plus près de la version finale, pour que tu me montres ce que tu as en tête et si ça marche vraiment ».

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Qui était ce producteur ?
Un nouveau collaborateur : Klas Åhlund. La phase de pré-production avec Nick Rasculinez [qui a bossé avec Foo Fighters, Mastodon, Alice In Chains, Goatsnake] pour Infestissumam avait au contraire été très courte – peu d’éléments avaient changé sur la version finale. Il nous disait juste « Ok, vous devriez rejouer cette partie » ou « ajoutez un peu de batterie ici » – et là, on voulait au contraire prendre le temps de tout bien travailler. Parce qu’on était dans un petit studio, qui ne coûtait pas cher… C’est comme pour un film : tu ne veux pas te retrouver à écrire le script pendant le tournage où chaque jour te coûte un bras : tu veux tout caler avant, pendant que tu es entre amis dans un petit bureau. D’ailleurs les phases d’enregistrement, je ne trouve pas ça très amusant. Tu t'assois et tu joues de la guitare pendant six heures, au point d’en avoir mal aux doigts. Et tu dois recommencer, encore et encore, sans relâche. Faire preuve de méticulosité. Et vu qu'on est nombreux, ça coûte cher. Donc c’est fatigant. Mais on a réussi à rendre ça moins tendu en découpant l’enregistrement et en faisant des allers-retours entre les États-Unis et Stockholm. Cette fois on a enregistré la batterie à L.A et le gros du reste en Suède, puis on est retourné à L.A, et on a fait le mix à NY. Beaucoup de voyages et d’allers-retours !

Contrairement à l’enregistrement qui te laisse crevé et les doigts en sang, la préprod’, c’est que du bonheur alors ?
Surtout avec Klas qui s'est montré très critique et très stimulant. On ne s’est pas décidé sur un échange de mails - on a rencontré plusieurs gars, et on a même fait des essais. On a passé quelques jours avec lui pour voir d’où il venait et vice-versa, ce qui lui convenait complètement. L’aspect positif c’est qu’il nous alors dit le fond de sa pensée : « Je trouve que votre groupe assure, vous êtes très bons sur ça, ça et ça, mais à ce niveau, je trouve que ça fonctionne moins bien. Si vous ne vous interrogez pas sur cet aspect, vous n’évoluerez jamais ». Il nous a montré « en général, quand vous écrivez, vous faites comme ceci, alors que je pense que vous devriez tenter de faire comme ça ».Parfois, j’étais un peu décontenancé : « euh, ok ». Puis tu fais des essais, et tu découvres des choses. Par exemple moi je suis plus attiré par le côté prog au sens où j’ai toujours tendance à ne faire intervenir un élément ou une phase qu’une seule fois par morceau, alors que lui il est plutôt du genre à prôner la répétition.

Donc toi tu n’es pas la goule pop de Ghost, tu es plus du côté prog ou, dirons-nous épique ?
Bonne question, je crois que je suis au milieu. Je suis très fan de punk et de pop, et de tout ce qu’il y a entre les deux. Des choses répétitives et simples. J’aime beaucoup la musique simple. Mais ma facette principale… Hum, je suis très fan des vieux Beatles mais… J’ai toujours voulu que Ghost ait ces gros refrains A.O.R [Adult Oriented Rock soit Toto, Journey, Foreigner etc.] Je veux que nos titres soient aussi riches que facilement compréhensibles. Mais en même temps, je dois reconnaître que j’essaye toujours d’écrire des choses compliquées. Seulement l’idée c’est souvent de superposer une mélodie vocale très simple par-dessus. De cette façon, le motif complexe peut tout de même s’instiller dans ton esprit. C’est ce qu’on a fait pour un paquet de chansons sur cet album : les refrains ont un temps de plus, un accord en plus qui crée un rythme en cinq temps ce qui est assez bizarre car tu as un rythme classique en quatre temps puis tout d’un coup, tu ajoutes un truc, une cinquième mesure, ce qui n’est pas pop du tout. Personne ne fait ça dans la pop-music ! Ça a d’ailleurs été un sujet de débat, quand on s’est ramené avec les nouvelles compos. Klas lui, était plus dans la simplicité « un deux trois quatre, on reprend », il aime les choses directes. C’est l’un des trucs qui lui a posé problème « Expliquez-moi ce que vous avez en tête sur ce coup-là, parce que je ne comprends pas ». Je lui ai alors répondu que c'était un thème de l’album, que je voulais qu’il ait ce côté tordu, ce twist : qu’on ait des refrains à cinq temps qui soient bizarres mais que les morceaux restent de gros tubes. Il m’a regardé étonné, et il a accepté « Ok, tentons le coup. « From the Pinnacle to the Pit », « Cirice », « Absolution » ont ainsi cette petite touche prog. Ce petit truc non conventionnel mais qui prend tout son sens avec les lignes de chant.

Votre diabolus in musica en somme. Donc pour finir, au-delà du concept, de la mythologie (avec toutes vos histoires de clergé), de l’esthétique et du merchandising interminable à base de godemichets et de bikinis, c’est la recherche musicale qui passe avant tout ?
Voilà. Je peux te dire qu’au tout début du groupe, quand Ghost ne représentait encore qu’une paire de morceaux et qu’on en était encore à la phase de brainstorming, on s’était dit qu’on voulait que le groupe ait la même aura que les Italiens de Death SS. Seulement le problème avec Death SS, c’est qu’ils n’ont jamais été bons. Ils ont un look génial, mais leur musique a toujours été décevante. Je suis désolé de formuler ce constat : pardon au groupe et à ceux qui vont me lire mais leur son n’était pas à la hauteur de leur look de folie. Nous on voulait un groupe qui sonne comme un mix entre Angel Witch et Demon, mais avec un look à la Death SS ! C’est aussi très important de savoir que quand on a commencé le groupe, une hype s’est créée, à un niveau underground, dans les 6 mois où on a commencé. Seulement, personne ne savait encore à quoi on ressemblait. On a réussi à dégoter un contrat avec un label et faire parler de nous en très peu de temps, au printemps 2010… Or ce n’est qu’en septembre qu’on a fait paraître les premières photos du groupe. Donc c’est quelque-chose dont on s’enorgueillit : si certains nous prennent pour un groupe à costumes, on est tout de même allés super loin sans que personne ne sache à quoi on ressemblait. Et tout ça, on l’a fait délibérément : on voulait que les gens comprennent que la musique primait. Et elle primera toujours ! Tous les visuels, etc., c’est un bonus, un bonus fantastique dont je suis sûr qu’il nous a menés beaucoup plus loin que si on n’en avait été dépourvu, mais la musique doit assurer. C’est la priorité.

Le nouvel album de Ghost, Meliora, sera disponible à partir du 21 août sur Spinefarm. Le groupe sera à l'affiche du festival Rock En Seine le vendredi 28 août. Élodie Denis aime le hard-rock, l’A.O.R, le prog et les trucs occultes. Mais elle ne possède ni godemichet Ghost, ni compte Twitter.