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Music

On est allés voir Gesaffelstein et Gnarwolves. En même temps.

Deux salles, deux publics, deux ambiances.

Vendredi dernier, nous avions le choix entre quatre concerts, en même temps, dans la même ville, Paris. On a évidemment choisi les deux les plus à l'opposé (laissant malheureusement Niro et Morbid Angel de côté), soit Gesaffelstein au Zénith (340 000 fans Facebook) et Gnarwolves au Gibus Café (33 000 fans Facebook, je vous laisse faire le calcul). C'était l'artillerie lourde de l'electro-techno pour dingues de dancefloor vs le punk rock pour skaters sensibles à mousqueton. Dans les deux cas, des artistes pour les jeunes. Voilà ce que nous avons vécu au même moment, à quelques mètres d'intervalle.

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Gesaffelstein : Des ados en bandes, des types célibs, des personnes issues des médias, des couples libérés, des femmes mûres habillées comme des ados, des mecs faya, des Chinois, des gens qui se prennent en photo, qui prennent leurs amis en photo, qui filment, qui font des photos des gens qui filment, beaucoup de jeunes, des adultes aussi, des cinglés de son, des Coréens, des Chinois, beaucoup de Chinois. Plusieurs milliers de personnes je pense.

Gnarwolves : Casquette cinq panels de rigueur, mousqueton pour les clés et roulez jeunesse !

Un journaliste de Brain : « je suis allé au Zénith déguisé en carotte ».

PREMIÈRE PARTIE

Gesaffelstein : Alors, sans vouloir froisser personne : dégagez avec votre trap là !

Gnarwolves : On a flirté entre le très bon et l'horrible. Les mecs de Valley (groupe de Paris) sont très Sport (le groupe de Lyon), leur section rythmique est un poil plus percutante et moins indie, ils m'ont bien régalé. Stay Gone m'ont bien motivé aussi, mais à sortir de la salle pour me diriger au falafel rue Oberkampf et dès mon retour, je me suis surpris à secouer mon totebag pendant Prawn : de l'emo 90's de très bonne facture, New Jersey oblige.

ENTRÉE EN MATIÈRE

Gesaffelstein : « Gesa ! Gesa ! Gesa ! Gesa ! » Les jeunes filles défoncées à la MD sont en folie. Un mec devant nous a les deux bras levés, le signe metal au bout de ses dix doigts, pile face à la scène encore vide, dans le noir le plus complet, et aucun appareil photo digne de ce nom à l'horizon… Chié. Attention, attention… c'est maintenant ! Il est 21h30, un trait lumineux fend l'espace et tous les lasers s'affolent. Ca y est, le « God of electro » a pris son pupitre d'assaut et la clameur du public secoue l'arène en même temps que le son des basses surpuissantes. Nous sommes en présence de l'opposé du concert de Krafwerk chez Louis Vuitton.

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Gnarwolves : « PARIS ! We're Gnarwolves from Brighton ! » TOUCA TOUCA TOUCA

Gesaffelstein, jamais dans la demi-mesure.

TENUES ET SPECTACLE

Gesaffelstein : Noir sur noir. Rayon blanc. Eclair tombé du ciel. Pluie de décibels. Lasers multi-télécommandés. Blanc, rouge, noir. Rigueur, géométrie, tableaux et un flashback d'une minute sur les 2000 années qui viennent de s'écouler. C'est franc du collier, massif, direct. Fini l'esthète sur sa batterie électronique et le dandysme analogique, tout pour l'efficacité. Ambiance 100 % dictature. Du gros spectacle. A voir au moins une fois dans sa vie, comme Interstellar ou le Futuroscope.

Gnarwolves : Le volume sonore a été dramatiquement bas pendant les trois premiers groupes, donc merci au Gibus Café et à leur limiteur de merde. Le skate punk de Gnarwolves en a particulièrement souffert, les parties rapides et incisives sur des titres comme « Melody Has Big Plans » étaient pratiquement couvertes par les gens au bar qui parlaient déjà du brunch du lendemain et s'esclaffaient sur la nouvelle mouture de clique.tv. A un moment, le groupe a tellement halluciné qu'il nous a déclaré de but en blanc : « hey, on a l'impression de jouer dans une bibliothèque là ». Heureusement, personne n'a osé répondre « ah bah ça doit vous changer avec votre niveau CM2 ». Ah, j'oubliais ! Tous les membres de Gnarwolves portent un bonnet et des tatouages.

Gnarwolves et leurs bonnets.

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AMBIANCE

Gesaffelstein : « Comment ça va le Zénith ce soiiiir ??? » J'ai toujours l'image de ces trois kids en tête, accrochés les deux mains sur la rembarde des gradins, en train d'headbanger de façon complètement destructurée tels des fans de Slipknot au Hellfest. D'ailleurs, c'étaient des fans de Slipknot. Assez marrant aussi le concept du live techno assis, à 150 mètres de la scène. Il y a eu beaucoup de mouvement vers le bas mais… scandale 1 : pas un seul slam.

Gnarwolves : Ambiance plutôt bon enfant, en même temps, c'est du punk rawk hein, vous vous attendiez à des mecs qui s'ouvrent les veines ? A voir une rampe au milieu du rade ? Ouais moi aussi mais ici c'est Paris, pas le Groezrock et… scandale 2 : pas un seul slam.

La vraie star et le sujet de discussion principal au Gibus Café : la cabine en plexiglas.

SCÉNOGRAPHIE

Gesaffelstein : Les machines contre l'homme. L'homme sort vainqueur. Prends ça Jean-Michel Jarre.

Gnarwolves : Une plaque de plexiglas séparait le batteur du reste du groupe. A l’heure qu’il est, je ne sais toujours pas s’il était atteint d’ebola ou pas. Ca me picote légèrement la gorge, j’ai un peu chaud, je vais enlever le 3ème pull que je porte pour voir. Quoiqu'il en soit, c'est la preuve une fois de plus que l'élément le plus déterminant d'un groupe de musique est mis au ban du spectacle. Bravo le Gibus. Deuxième fois bravo car le volume sonore pour la tête d'affiche était toujours le même, et je ne suis pas resté pour le DJ set funk… Mais je compte bien me rattraper ici.

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POINT MUSIQUE

Gesaffelstein : Je n'avais jamais grillé à quel point la musique de Gesaffelstein était devenue un sampler de tout ce qui s'est fait dans les musiques électroniques de ces 30 dernières années. Succession de gimmicks EBM, acid, Detroit, electro, g-funk, gabber, industriel, scat sous fond de turbine technotronique. J"y vois aucun inconvénient hein, ça apprend la techno aux jeunes au moins. « OPR », « Viol », « Pursuit », « Hate or Glory », « Shock Wave (remix) » etc. Tête farcie for you. Une musique clairement conçue pour assiéger les masses.

Gnarwolves : Les mecs sont en tournée depuis plus d'un mois (et enchainent encore derrière pendant deux semaines en Angleterre) et pourtant, ça chante et joue comme à la première date. Ces Anglais putain. Des bêtes. On a entendu quelques titres du nouvel album, « Funemployed » et « Chronicles of Narnia ». Les mecs ne sont pas là que pour bouffer des veggie burgers, ça se sent. Et malgré le son en mousse, je n’ai eu à aucun moment l’impression d’avoir accompagné ma meuf à son concert, alors que c'était pourtant le cas.

FINAL

Gesaffelstein : Un rappel. Discutable, mais pourquoi pas. Après la ballade de son album, souvenez-vous, le morceau plagié selon un pote brésilien de Dopplereffekt, le prince noir a terminé dans la violence et la stroboscopie avec une version turbo-nucléaire de « Verschwende Deine Jugend ». Ni plus ni moins. Dès la première note, je me suis tourné vers mon voisin et nos regards se sont croisés, ce n'était pas la peine d'en dire plus, on s'est tout de suite compris.

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Gnarwolves : TOUCA TOUCA TOUCA « We're Gnarwolves ! See you next time ! »

Rod Glacial est #old. Il est sur Twitter - @FluoGlacial

Olivier Guinot chante dans Lodges et blague sur Twitter - @TenderxBranson