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Music

On a regardé les 20 films présentés au F.A.M.E., le festival du film musical

Pulp, Burroughs, Elliott Smith, les surf-rockers cambodgiens, les juggalos ou les jeunes gens mödernes, vous les croiserez tous à la Gaité Lyrique du 12 au 15 mars prochain.

Du 12 au 15 mars prochain aura lieu à la Gaité Lyrique la deuxième édition du F.A.M.E., pour Film And Music Experience, un festival avec une sélection de films (docus et fictions) autour de la musique, des Buffalo Juggalos à Pulp, en passant par le surf-rock cambodgien, la quête du beat parfait ou la manière de danser le mieux la Northern Soul. Puisqu'à Noisey, nous sommes autant férus de cinéma que de musique, on a décidé de chroniquer TOUT (ok, PRESQUE tout) ce qui allait être diffusé durant ces trois jours, compétition et hors-compétition, pour vous donner envie, soit de vous bouger pour y aller, soit de tourner votre propre documentaire en mieux. Tous les membres de l'équipe se sont donc vus attribuer un film et voilà ce qu'ils en ont pensé.

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COMPÉTITION

Buffalo Juggalos - Scott Cummings (USA, 2014)
« Ceci n’est pas un film sur les juggalos, mon film EST un juggalo », a essayé de nous faire croire le réalisateur Scott Cummings. Sauf qu’en fait, on dirait surtout que Terrence Malick a filmé des Pierrots de la Nuit en train de se défoncer pour oublier l’imminence de leurs partiels au Beaux-Arts. Le sujet est hyper bien (les juggalos sont les mecs les plus déconneurs de toutes les sous-cultures US, déguisés en clowns goths pour ressembler à Insane Clown Posse et tout un tas de rappeurs blancs oubliés par les dieux de l’avortement), mais le docu n’en fait RIEN. Vraiment. Une demi-heure de plans fixes et silencieux où l’on voit de gros débiles rider des caisses mauves, se faire raser la tête ou fumer du crack, en regardant toujours la caméra. On dirait un long .gif d’un bouquin un peu raté de Yann Morvan, et ça m’énerve parce que je n’ai aucun doute sur le fait que tous ces mecs auraient eu des trucs trop bien à raconter, que la musique qu’ils écoutent est aussi pétée qu’eux et que ça n’aucun sens de ne jamais l’entendre. Alors merci pour tout mais si j'avais eu envie de me faire chier, j'aurais juste été sur YouTube mater des clips de London Grammar.

Sébastien Chavigner, Contributeur
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Ditch Plains - Loretta Fahrenholz (DE/FR/USA, 2013)
J'ai entamé ma semaine théma « post apocalypse » par A Boy And His Dog et je l'ai clôturée par Ditch Plains. L'écart était sûrement trop grand pour un homme aussi peu sensible que moi à la danse contemporaine. Les voix off et cet a cappella d'un truc ressemblant à Obituary ou Death, sont les seuls trucs qui m'ont fait ressentir une vague vibe doomy et pesante. Bon ok, la scène dans l'hôtel défonce et les mecs sont vraiment impressionnants lorsqu'ils se contorsionnent comme Regan dans la scène de l’escalier de la version restaurée de L’Exorciste mais peut-on vraiment croire à la fin du monde quand une New Era des Penguins de Pittsburgh trône fièrement à l’écran pendant les 3/4 du film ?
Nicolas Molina, Contributeur
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Before The Last Curtain Falls - Thomas Wallner (BE/DE, 2014)
En recherchant Wallner, le nom du réalisateur germano-canadien de ce documentaire de 92 minutes, sur Google, on tombe d'abord sur Ortho-Réha Wallner ; « Votre partenaire en prothèses, orthèses et réhabilitation ». Un peu plus bas on tombe sur la page Wikipédia de Roman Wallner, footballeur autrichien né à Graz et évoluant actuellement au RB Leipzig. Est-ce que lorsque Roman touche ce ballon, il sait que cette passe sera peut-être sa dernière ? Et que dans quelques années, soutenu difficilement par le chrome-cobalt et le polyéthylène de son genou artificiel, quand il tentera de frapper cette balle, qu'il a si bien connue, pour se sentir vivant une dernière fois, il glissera ? Ses proches feront bonne figure, et il se joindra à leurs rires. Mais personne ne sera dupe. Quand l'avenir est masqué, c'est le présent qui est postiché. *trois coups frappés par un bâton* Voilà ce que raconte ce film.

S.T. Roy, Contributeur
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Zivan Makes A Punk Festival - Ognjen Glavonic (RS/ME, 2013)
J'ai souvent pensé que la clé de la décontraction, c'était l'irresponsabilité. Beau cas d'école avec Zivan Pujic Jimmy et son projet de festival punk hardcore ska panslave. Certains font ça pour la scène, yo, lui il fait ça pour le village, celui de Tomasevac, dans le nord de la Serbie, un bled entre Timisoara et Belgrade. Son expérience préalable notable, c'est un « festival » organisé dans une pizzeria, mais où personne ne s'était finalement pointé. Après un mois d'HP, le gars se remet au boulot depuis son QG : la ferme de ses pauvres parents paysans. Sur le terrain de sport de Tomasevac, c’est la vie à la dure. Il faut démonter la table de ping-pong pour installer le backline, déplacer les cages de foot, et le budget est un peu peu ric-rac pour acheter de grands sacs poubelles. Quand on voit Zivan s'occuper la veille de détails tels que faire venir une sono ou négocier le cachet des groupes, on peut dire, sans spoiler, que système D serbe ou pas, ça sent plutôt la cata. De son côté, Zivan ne reconnaît qu'une seule « erreur organisationnelle » : ne pas avoir pensé à nettoyer l'unique chiotte. Laurier du meilleur éclairage à une seule ampoule.

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Guillaume Gwardeath, Contributeur
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Tomorrow Is Always Too Long - Phil Collins (UK, 2014)
Un film qui commence par 30 secondes de plan fixe sur un dalmatien peut-il être un mauvais film ? La question mérite d'être posée. A mi-chemin entre une version arty de La Télé Des Inconnus et un épisode un peu paresseux de L'Oeil Du Cyclone, Tomorrow Is Always Too Late est un zapping de 90 minutes sur les chaînes d'un réseau TV d'outre-espace, plein de pubs grotesques, de cours de danse infernaux, de talk shows hystériques, de clips érotiques sordides et d'émissions de voyance ultra-fauchées. C'est sûrement efficace. Je dis « sûrement » parce qu'on est tellement intéressé par la situation qu'on en oublie comment c'est fichu. Preuve que c'est construit de manière efficace. En tout cas on s'ennuie rarement, vu qu'on ne sait jamais sur quoi on va tomber -même si certaines émissions reviennent souvent à l'écran, comme cette sitcom-comédie musicale terriblement crispante- et en ces temps de pensums et de jérémiades, ma foi, c'est on ne peut plus louable. A regarder très tard, la nuit, seul, dans une chambre d'hôtel de province pour vraiment vivre l'expérience à fond.

Lelo Jimmy Batista, Rédacteur en chef
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15 Corners Of The World - Zuzanna Solakiewicz (PL/DE, 2014)
On se plaint souvent, ou du moins je me plains souvent, du fait que beaucoup de documentaires sur la musique sont conçus comme des épisodes d'Hollywood Stories centrés sur des sujets souvent plus obscurs que « Madonna » ou « L'histoire de Top Gun ». Pour le coup, ce film sur Eugeniusz Rudnik, membre de l'équivalent polonais du GRM, ne risque pas de se prendre ce genre de critique dans la gueule. Entre les développements théoriques en langue polonaise sur la poétique électronique, les sons de manipulation du matériel en studio, les longs plans obliques sur des paysages urbains, sans intervention humaine à l'écran, et surtout, la musique inouïe de Rudnik elle-même, la réalisatrice donne finalement peu d'éléments strictement biographiques, qui n'ont de toute façon pas l'air prioritaires pour ce qu'on devine du caractère relativement austère de ce sosie slave de Jacques Brel qui aujourd'hui dépasse les 80 ans. Ça donne un film qu'on peut qualifier en vitesse de sèchement arty et immersif, mais qui réussit surtout à se faire regarder comme on écoute l'œuvre de Rudnik, un peu parce que celle-ci y est omniprésente, mais surtout parce qu'il fait le choix de filmer avec et dans la musique et non pas juste sur elle.

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Etienne Menu, Animateur-contributeur
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Esto Es Lo Que Hay - Léa Rinaldi (FR, 2015)
Quand on pense à Cuba – enfin, quand on pense comme moi – on se voit dans une caisse américaine XXL des 50’s, en route pour une plage de sable fin en train de claquer un gros cigare, accompagné, ça va sans dire, d’une jolie cubaine. Mais ce n’est évidemment pas le quotidien des Cubains et dans son film, Léa Rinaldit ne manque pas de vous le rappeler. Les cicatrices de l’embargo sont toujours là et les habitants de l’ile vivent à la dure. EELQH est un voyage de deux heures dans l’intimité de Los Aldeanos, un groupe cubain qui lutte pour faire passer son art. La photo est belle et le truc super authentique. L’œil de Léa nous immerge dans les vicissitudes et les désillusions de ces deux rappeurs cubains 100 % DIY qui redonnent au rap ses lettres de noblesse. Leur but : ne pas faire de la musique contre le système, mais avant tout, pour les gens. Vive Cuba Libre !

Salim Jawad, Stagiaire
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The Possibilities Are Endless - James Hall et Edward Lovelace (UK, 2014)
Bruit strident, l'oreille droite qui siffle, puis le baragouinage incompréhensible d'un homme qui bégaie. La piste court sur des images de truite saumonée, de vieux films de famille et de plaines écossaises. Au premier abord, j'ai comme l'impression de m'être fait coincer pour une heure trente devant l'enfant monstrueux de Terrence Malick et Jaco Van Dormael. Le type qui s'efforce tant bien que mal d'articuler trois pauvres mots avec un accent qui n'arrange rien, c'est Edwyn Collins, musicien et compositeur, ex-membre d'Orange Juice et auteur d'une bombe cosmique, ou au moins internationale : « A Girl Like You ». En 2005, c'est malheureusement sous sa boite crânienne que ça explose : double hémorragie cérébrale. À son réveil, les seuls résidus de vocabulaire qui subsistent dans son esprit endommagé sont «Yes », « No », « Grace Maxwell » - le nom de sa femme - et « The possibilities are endless ». Six mois passent et Collins se traîne en studio pour terminer son album Home Again. Il aura fallu 43 longues minutes au documentaire pour devenir vaguement intéressant : Collins est quand même un mec avec un sacré culot. Les critiques diront qu'il s'agit d'un film sensible et poétique. On retiendra surtout une splendide publicité pour le tourisme en Écosse et le souvenir d'un artiste humble et tenace.

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Elisabeth Debourse, Contributrice
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I Dream Of Wires - Robert Fantinatto et Jason Amm (CA, 2014)
En choisissant ce docu, j’espérais secrètement une sorte de mode d’emploi pour mon MicroKorg acheté il y a près d’un an et toujours dans sa boîte. C’est pas vraiment ça, mais c’était plutôt intéressant, même si je n’ai pas compris grand chose (les dialogues atteignent souvent un stade technique à des années lumières de Chappie). Le film raconte le come-back de cet instrument dans les années 90, où il est passé d’un gros-machin-encombrant-calé-dans-un-grenier à un truc utilisé par tous les sound designers de la planète. Côté réal, ça m’a rappelé mes premiers cours de techno au collège : des mecs passionnés qui discutent au milieu de centaines de câbles et de boutons poussoir. À noter pour les plus gros nerds des synthés : ce film existe en version augmentée de 4 heures avec trois fois plus de plans de générateurs d’enveloppe et d’oscillateurs.

Frédéric Travert, Directeur de la Post-Production


Akounak Tedalat Taha Tazoughai - Christopher Kirkley (USA, 2014)
Sensé être un remake de Purple Rain, Akounak Tedalat Taha Tazoughai est en vérité plus proche d’un Dead Man version touareg : découpage des scènes pire qu'abrupt, dialogues étranges… Le film, tourné par Christopher Kirkley à Agadez (Niger), raconte le parcours de Mdou Moctar, un guitariste qui « essaye de s'en sortir » (selon le communiqué de presse). En fait, il passe son temps à jouer de la musique, à écouter de la musique sur des portables, à parler de musique avec sa nana, et à se faire engueuler par son père - ce qui donne lieu à la scène d'embrouille la plus relax de l'histoire de Vimeo. La musique, justement : des rythmes interminables entre Tony Conrad et Circle, des mélodies à la Khun Narin… Vraiment mortel. L'atmosphère du film est invariablement calme, il ne s'y passe pas grand-chose, et c'est très bien comme ça. On notera aussi l'apparition furtive d'un polo Ünkut, oklm.

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Donnie Ka, Contributeur
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Heaven Adores You - Nickolas Dylan Rossi (USA, 2014)
Un film sur la vie d’Elliott Smith, c’est déjà une qualité en soi, tant ce qu’on peut lire sur son sujet depuis sa mort en 2003 a la fâcheuse tendance à faire une fixette sur les détails sordides de son suicide. Le réalisateur Nickolas Rossi a réuni potes d’enfance et collaborateurs proches, photos d’archive et démos exclusives avec une intention louable, montrer que l’artiste maudit était aussi un type qui aimait faire marrer ses potes et était toujours reconnaissant quand un inconnu appréciait sa musique. C’est ce genre de type qu’il était quand il a fait son trou dans la scène post-post-punk florissante de Portland au début des 90’s avec son groupe Heatmiser. C’est toujours le genre de type qu’il était quand il s’est finalement lancé en solo avec ses compos plus intimes et acoustiques dans un coin des Etats-Unis où le grunge et les riot grrrls régnaient alors en maîtres, et où il a cloué le bec de tout le monde avec la monstruosité de son talent pour la mélodie. Mais de son propre aveu, Elliott Smith n’était pas le genre de type fait pour devenir une rock star, et la suite de sa carrière l’a prouvé : le succès d’Either/Or, sa performance surréaliste aux Oscars en costard blanc et cheveux cracra, puis la défonce, les concerts écourtés où il oublie les paroles, l’isolement de ses proches. Et c’est là que le bât blesse, les côtés plus sombres et tumultueux de sa personnalité et ses dernières années difficiles, sont complètement passées sous silence comme on planquerait de la poussière sous un tapis. Peut-être faudra t-il attendre encore 10 ans pour que quelqu’un produise le document définitif sur sa vie.

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Diane Lebel, Contributrice
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Don't Think I've Forgotten, Cambodia's Lost Rock & Roll - John Pirozzi (USA/HK/FR , 2014)
À travers des images d'archives et des interviews avec d’ex-ambassadeurs américains et des Cambodgiens nostalgiques de l'ancien régime, Don't Think I've Forgotten retrace l'ouverture de Phnom Penh à la culture occidentale, l'avènement des surf-rockers cambodgiens et leur triste destin après l'arrivée des Khmers rouges. On y suit plus particulièrement l'histoire de Ros Serey Sothea, reine incontestée du rock cambodgien ; Yol Aularong, qui aimait chanter avec sarcasme sur le fait d'être bon à l'école ; et Sinn Sisamouth, sorte de crooner polyglotte que les Cambodgiens considéraient comme leur Frank Sinatra local. Leur statut d'artiste les a directement placés dans le viseur des Khmers rouges, et tous ont péris ou disparus dans des circonstances mystérieuses – on suppose que Sothea et Aularong ont été déportés dans des camps de travail, et la légende raconte que Sisamouth a été froidement exécuté après avoir chanté un morceau devant une assemblée de soldats impassibles. Si le documentaire occulte une bonne partie de l'histoire politique du Cambodge, il compile des images très fortes de musiciens évoquant leur amour pour Santana et de jeunes déportés se lavant dans des cratères laissés par les bombes des B-52’s. On apprend surtout que la plupart des rockeurs cambodgiens faisaient de très bons morceaux, où il est souvent question de désespoir amoureux et de retour de karma.

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Julie Le Baron, Rédactrice en chef web de VICE
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HORS COMPÉTITION

Buzzard - Joel Potrykus (USA, 2014)
Sur un gros malentendu (j'ai lu « slasher » au lieu de « slacker » dans le résumé du film), j'ai passé une heure et demi à attendre que le branleur flippant campé par Joshua Burge pète un câble et finisse par buter tout le monde. J'y croyais ferme jusqu'aux dernières images parce que 1/ le mec consacre une bonne partie du film à customiser un gant Nintendo façon Les Griffes de la Nuit et 2/ on n'est jamais à l'abri de voir un petit malin estampillé « cinéma indie » entreprendre de réinventer le genre, en calant par exemple un bain de tripes surprise à trois secondes du générique de fin. Bien heureusement, Joel Potrykus évite cet écueil, et le dernier volet de sa « trilogie animale » se contente de décrire le parcours voué à l'échec d'un petit malin qui se croyait plus fort que l'Establishment. Pas vraiment un film sur la musique donc, mais le fétichisme prononcé pour la culture slacker des nineties ne cesse de renvoyer à Beck, Thurston Moore et consorts qui, entre petites arnaques et coups de génie, ont fini à leur tour par se faire battre par la machine et ramasser leur Grammy en baissant les yeux.

François Vesin, Contributeur
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Northern Soul - Elaine Constantine (UK, 2014)
Depuis le succès de This is England en 2006, on a vu quantité de film se lancer dans la représentation des subcultures britanniques, selon un schéma « Histoire & Sociologie » qui ambitionne, en partant de l'homme de la rue, de nous dire comme le titre du film de Shane Meadows : voici l'Angleterre. À chaque fois, ça donne Grease meets Ken Loach, et la trame y est invariable : un jeune garçon paumé dans la grisaille anonyme des cités anglaises se livre à un parcours initiatique au sein d'une bande, au cours duquel il rencontre successivement l'illumination, l'affirmation de soi, le bonheur, le drame, et la mort des illusions. À ce titre, on peut dire que Northern Soul est meilleur que Soul Boy, The Firm, Awaydays, ou le stupide Green Street Hooligans avec Elijah Wood, et moins bon que son modèle indépassable – This is England, donc. Il vaut surtout pour la fidélité de sa reconstitution (les patchs sur les sacs de sport, les tatouages Ric-Tic Records, ou les pantalons baggy qui distinguent nettement les soul boys 70's des mods traditionnels), ses détails qui ne s'inventent pas (on vend les 45 tours à même le parking, comme des ecstas au teknival), et ses réjouissantes sessions de danse façon Bruce Lee (la scène d'arrivée au « Casino » de Wigan est, par ailleurs, particulièrement réussie). Inconvénient : le film ressemble à un long clip. Avantage : c'est la meilleure B.O de 2015, et si vous ne trépignez pas sur votre siège à chaque mesure, c'est que vous n'avez pas d'âme – northern ou pas.

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Pierre Jouan, Contributeur
Pierre sur Noisey


The World Won't Listen, Dunia Tak Akan Mendengar - Phil Collins (UK, 2007)
Ça commence très fort avec une reprise de « Panic » en 4/3 sur fond d’Alpes romandes et ça enchaîne sur une petite vingtaine de reprises karaoké de The Smiths par le fan-club indonésien du groupe banane qui a signé le générique de Charmed. En lisant le pitch du documentaire de Phil Collins, on pouvait espérer une chose et en craindre une autre. Espérer que le batteur de Genesis soit derrière les manettes, et craindre le regard sociologique chiant qu’il aurait porté sur une minorité au potentiel pathétique important. Il n’en est rien puisque le réal se contente d’enchaîner les prestations sans piper mot, prouvant qu’il maîtrise aussi bien la neutralité que les posters de fonds d’écran en 728 x 576. Je peux du coup affirmer après avoir vu Dunia Tak Akan Mendengar que si Phil Collins n’est pas le batteur faramineux que l’on croyait - mais un vidéaste, anglais lui aussi, né en 1970 - il traite mieux ses sujets que Steve McQueen, qui n’est pas l’acteur le plus cool de la seconde moitié du 20ème siècle, mais un cinéaste foireux du début du 21ème.

Virgile Iscan, Contributeur
Virgile sur Vice


Pulp, A Film About Life, Death and Supermarkets - Florian Habicht (UK, 2014)
Je n’avais jamais eu envie de visiter Sheffield avant de voir ce film. Mais alors pas du tout, le nom n’évoquait pour moi qu’une triste ville du Nord de l’Angleterre dans l’ombre de Manchester ou Liverpool et le tout premier club de football créé en 1857. L’idée de ce film : raconter le dernier jour de la carrière de Pulp avant son ultime concert, le 8 décembre 2012. Se succèdent devant la caméra de Florian Habitch tous les « common people » rencontrés dans les textes de Jarvis Cocker : un jeune paumé et sa guitare, un vendeur de journaux, un boucher découpant une carcasse, une vieille et ses béquilles, des gamines qui jouent au foot, ce disquaire poussiéreux qui a toujours été là, un pneu crevé de 206 devant une barre HLM. Le film montre moins Pulp que Sheffield, moins les musiciens que le public. Après l’avoir vu, je ne suis toujours pas sûr de vouloir visiter Sheffield. En revanche, je suis convaincu que Pulp est un de mes groupes préférés. Et je suis convaincu que c’est un des groupes majeurs de la pop des 30 dernières années. Au fond, c’est déjà pas mal d’avoir ce genre de certitudes.

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Antoine Rough, Contributeur
Antoine sur Noisey | Antoine sur Twitter


Des Jeunes Gens Mödernes - Post punk, cold wave et culture novö en France 1978/1983 - Jean-François Sanz (FR, 2014)
Vous pensiez en avoir fini avec Alain Pacadis et Yves Adrien ? Eh bien non. Ils reviennent vous narguer depuis les limbes de la galaxie ultra-punk. Soyons brefs, ce documentaire n’a rien à voir avec cette tartufferie de « növövision » mais plus avec de la tëlëvision, au sens noble du terme. À ne pas confondre donc avec le film expérimental du même nom, sorti il y a trois ans, et à l’initiative d’une « communauté de l’instant » bien connu de nos services de police. Jean-François Sanz ne s’attarde pas ici sur des types dont la seule œuvre fut de mettre en scène leur existence futuristico-décadente, mais donne largement la parole aux autres, ceux qui ont vraiment produit quelque chose : Jacno, Dantec (bah quoi ?), les graphistes de Bazooka, Daniel Darc (dont on ne comprend malheureusement qu’un mot sur deux), Etienne Daho (particulièrement martial dans chacune de ses apparitions) et les rennais de 1981, qui maniaient les références culturelles comme des adolescents en rage contre l’hégémonie anglo-saxonne. Sans oublier les constats très franc-du-collier de Serge Krüger et les saillies cinglantes de JB Wizz. D’ailleurs, si ce film porte le même nom que la fameuse compilation sortie chez Born Bad en 2008, ce n’est pas innocent, tout le footage du film (exit les archives, hein) a été tourné entre 2007 et 2011, l’âge d’or du revival de la new wave française, qui malheureusement aujourd’hui, est devenue aussi excitante qu’un album de Yes en 1977.

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Rod Glacial, Assistant rédacteur-en-chef de Noisey
Rod sur Noisey | Rod sur Twitter


Comme les anges déchus de la planète Saint-Michel - Jean Schmidt (FR, 1979)
Quelque part dans une rue étroite du XIe arrondissement parisien, à l'ombre du squelette d'un large bâtiment en construction, deux jeunes hommes marchent. Tous deux portent les cheveux longs. Leur jean est sale, et c'est un pattes d'eph. Leurs gilets en laine indiquent qu'ils sont Français. Devant eux, un mec à l'allure similaire, cheveux longs ondulés, chemise à large col, pattes d'eph, vient de tourner dans la ruelle. Il avance dans leur direction. Il ressemble également à un gauchiste, mais en plus propre. La caméra ne bouge pas. Tandis que le gauchiste propre arrive à la hauteur des deux autres, ces derniers se jettent sur lui et le rouent de coups ; plusieurs patates suivies d'un cri de stupeur émis par la victime, puis ils le poussent contre le mur, et tandis que le malheureux gauchiste propre s'effondre à terre, les deux autres lui envoient de gros kicks dans le ventre. Ils se baissent afin de fouiller sa veste en cuir marron et lui tirent son portefeuille. Puis ils repartent, hagards et manifestement amusés par la rencontre et le – modeste – bénéfice qu'ils viennent d'en tirer. Ce film est l'un des documentaires les plus justes sur la fin des années 1970 et la jeunesse parisienne de l'époque. On y suit des marginaux à bottines, qui boivent du pinard sur la Seine et passent leurs soirées à discuter sur des matelas. Ils n'avaient aucune intention de trouver un job, ce qui ne les empêchait pas d'envisager l'assassinat de tous les patrons. Ce sont les dernières heures des coopératives anarchistes et la fin du rêve hippie. Une période de merde avant que ça tourne vraiment mal, peuplée de cailleras qui ressemblaient à vos parents.

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Julien Morel, Rédacteur en chef de VICE
Julien sur Noisey


The Cockettes - David Weissman et Bill Weber (USA, 2002)
Comme son nom l’indique, ça parle des Cockettes, une troupe de théâtre hippie plus ou moins pédé de San Francisco à la fin des années 60/début des années 70. On voit des vieux hippies plus ou moins pédés qui racontent qu’ils étaient tout le temps sous acide, des images d’archive des Cockettes, des vieux hippies qui racontent l’histoire des Cockettes, des images d’archives, John Waters, et des vieux hippies qui racontent qu’ils étaient tout le temps sous acide. À part ça, y’a pas grand chose à dire. C’est du docu brut : les mecs racontent leur histoire, le tout entrecoupé d’images d’archives, comme une page Wikipédia qui se raconterait toute seule en une heure et demie. Donc même si vous n’en avez rien à battre du summer of love, vous apprendrez quand même des trucs. En résumé, vous aimerez si vous aimez les hippies et les pédés, et vous détesterez si vous détestez les hippies et les pédés. Et dans le pire des cas, vous vous coucherez juste moins con.

Sylla Saint-Guily, Assistant de Production
Sylla sur Noisey | Sylla sur Twitter


Looking For The Perfect Beat - Matthew F. Smith (USA, 2013)
Si vous cherchez un documentaire didactique ou qui ancre la scène Beat Music de Los Angeles dans un contexte social ou historique, passez votre chemin. Looking for the Perfect Beat est avant tout une plongée dans l’intimité des home-studios d’une dizaine de producteurs qui gravitent autour des soirées Low End Theory du club Airliner. Pas de voix off, de commentaire ou de contre-point : l’ambition du film n’est pas de retracer l’histoire d’un courant musical, mais plutôt de saisir l’atmosphère de chaque studio, le cocon où chaque musicien trouve l’isolement qui lui permet de se concentrer sur le plaisir de jouer pour soi, de voir émerger de nouvelles idées et de les mener à bout. De par sa structure, le film ressemble plus à un mix qu’à un documentaire à visée pédagogique : une succession de morceaux joués chez eux par des musiciens qui partagent les mêmes affinités esthétiques. Ils les développent chacun à leur manière sans jamais prêter attention à la caméra présente dans le studio, façon petite souris. À mi-chemin entre le documentaire, la captation de studio et le portrait esthétisant d’une ville, Looking for the Perfect Beat est un objet musical hybride taillé sur mesure pour les gens qui aiment porter des shorts larges, choper des synthés vintage sur Craigslist, bricoler des MPC dans leur chambre et fumer des blunts saveur pamplemousse en écoutant Flying Lotus.

Monsieur Bisou, Contributeur
Bisou sur Noisey | Bisou sur Twitter


Burroughs : The Movie - Howard Brookner (USA, 1983)
Voilà donc la version remasterisée d'un docu sur Burroughs tourné à la fin des années no wave par un thésard en cinéma à la sortie de NYU, assisté par des potes futurs cools tels que Tom Di Cillo et Jim Jarmusch. Entre témoignages de copains stars (Patti Smith avec qui, visiblement, l'écrivain a toujours refusé de fauter, ou Allen Ginsberg qui lui a vu le loup en sa compagnie) et moments clés (shoot à l'héro, assassinat accidentel de sa femme et inventions du cut-up), le film peine pas mal à décoller. La faute à un rythme paresseux (un comble pour un docu sur « l'ange noir de la Beat Generation ») et surtout à ces infernaux extraits de lectures de Burroughs qui donnent plutôt envie d'essayer le speed et d'écouter du gabber. En gros, si vous êtes nostalgiques de ces années arty poésie, misère et costards mal taillés ce film est pour vous. Pour les autres, il vaut mieux relire les bouquins en compagnie de Steely Dan (le groupe ou le sex toy, c'est selon).

Adrien Durand, Contributeur
Adrien sur Noisey | Adrien sur Twitter

Les infos supplémentaires et les dates des projections sont ici.