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Erykah Badu en a encore sous le chapeau

La chanteuse de Dallas nous a parlé de son fils bourré de talent, de son amour pour Drake et Odd Future et de l'importance des réseaux sociaux pour le monde de demain.

Cinq années se sont écoulées depuis la sortie du dernier album d'Erykah Badu, New Amerykah Part Two (Return of the Ankh). Pourtant, la musicienne texane reste omniprésente. Sur scène, sur les réseaux sociaux, elle est partout - même si elle n'a, techniquement, aucun nouveau produit à promouvoir. Ceci dit, les fans ne vont pas avoir à se rationner bien longtemps, l'automne de Madame Badu étant de toute évidence surbooké : après une mixtape cet été, elle a sorti un premier titre le mois dernier (sans compter son apparition sur « Rememory » de Donnie Trumpet & The Social Experiment), qui n'est autre qu'une version de 7 minutes du « Hotline Bling » de Drake et que vous pouvez écouter plus bas.

Badu le dit elle-même, elle a retrouvé l'inspiration après avoir entendu « ce morceau mignon » de Drake, et sa version du tube du rappeur canadien s'est transformée en un vrai projet, But You Cant Use My Phone, une mixtape complète qui devrait sortir prochainement. Oui, ça arrive à Drake de prendre le thé chez Erykah, ce sont de vrais potes, comme elle le dit dans « Days in the East ».

Après avoir donné la première de Live Nudity, son one-woman show, à l'Académie Noire des Arts et des Lettres de Dallas, scène où elle a débuté quand elle était jeune, elle s'apprête également à présenter les Soul Train Music Awards sur BET à la fin du mois, une célébration annuelle de ce que la musique Noire a offert de meilleur dans l'année. On l'a rencontré pour qu'elle nous parle de tout ça.

Noisey : Durant ces cinq années où tu n'as rien sorti, tu as écrit de nouvelles choses ou tu as juste laissé faire le temps ?
Erykah Badu : Un peu des deux. J'ai beaucoup procrastiné, je reconnais. Et au milieu de ça, j'en ai profité pour vivre et expérimenter. J'écris tout le temps, et depuis peu, l'inspiration m'est revenue. Quand ça vient, ça vient, je ne peux pas me forcer, et récemment, le virus m'est revenu avec « Hotline Bling » et quelques autres trucs.

Beaucoup de gens étaient excités de voir ton fils crédité sur le remix de « Hotline Bling ». Il bosse beaucoup en ce moment ?
Tout le temps. Il a écrit son premier morceau et a été crédité pour la première fois sur un des albums de Gwen Stefani, avec le morceau « Bubble Pop Electric ». Ça a toujours été un gosse créatif. Il est très bon niveau lyrics. Ses goûts en musique sont impeccables. Il est doué avec les instruments. Il est aussi crédité sur mes albums d'ailleurs, New Amerykah Part One en particulier. Il fait partie des gens talentueux que je respecte et que j'admire, et il se trouve que c'est mon fils.

Tu as pensé quoi de l'embrouille entre Drake et Meek Mill ?
J'ai adoré. Voilà ce que représente le hip-hop pour moi. C'est comme ça qu'on doit faire les choses ! J'encourage.

Et le nouvel album de D’angelo, Black Messiah ?
J'aime beaucoup, l'atmosphère, c'est très riche. Je n'avais pas pris conscience à quel point sa voix et son empreinte me manquaient avant d’écouter l'album. Il y a plusieurs morceaux de ce disque que j'écoute plusieurs fois à la suite, pour m'en imprégner au maximum. Il m'a donné un coup de pouce, une espèce d'étincelle.

Il y a eu une polémique cet été à propos du clip de Black Eyed Peas « Yesterday » qui ressemblait beaucoup à un de tes clips, « Honey ». Tu as eu des nouvelles du groupe ?
Non, et tu sais, c'était vraiment léger… J'espère que je me suis bien exprimé à ce sujet parce que will.i.am est un type très talentueux. On est Poisson tous les deux, et on a déjà collaboré ensemble, j'espère qu'il l'a bien pris. Je suis flattée en tout cas.

Tu vas présenter les Soul Train Awards le 29 novembre prochain. Tu l'avais déjà fait, non ?
Oui, je l'ai fait en 1998, aux côtés de Heavy D et Patti LaBelle. C'est bon en tant qu'artiste d'avoir l'opportunité de prendre part à cette organisation. J'ai littéralement grandi avec Soul Train. Donc c'est merveilleux, et j'ai hâte de voir comment ça va se passer. J'ai eu la possibilité d'être productrice associée du spectacle, ça veut dire que je peux participer au développement du show, je vais écrire pour la partie humoristique.

Tu vas faire des sketchs ?
C'est possible. Je vais peut-être en faire oui. [Rires.]

Tu as aussi donné la première de ton nouveau spectacle, à Dallas, dans lequel tu joues et tu chantes. Tu étais angoissée à l'idée de te livrer à nouveau seule devant un public de cette façon ?
Je viens du théâtre, en fait. J'ai grandi en jouant la comédie et j'ai obtenu un diplôme de théâtre à la fac en Louisiane, le théâtre a représenté une grande partie de ma vie, et de ma carrière, même en tant que chanteuse. J'ai voyagé 8 mois par an durant ces 18 dernières années, alors la scène est comme ma maison, mais être moi-même, sur scène… Je ne sais pas pourquoi ça me stresse mais en tout cas m'angoisse. Je suis certaine que cette énergie nerveuse va se transformer en quelque chose de vraiment honnête que je vais faire partager au public. Mais je ne sais pas encore comment ça va se dérouler, on verra. Le show est en impro.

Du début à la fin ?
J'avais un format, mais je n'ai pas eu vraiment le temps d'écrire un spectacle de 60 minutes, donc on verra comme ça se passe.

Tu as beaucoup œuvré pour resserrer les liens entre le hip-hop et le R&B, il y a des artistes de la nouvelle génération en qui tu vois cet héritage ? Tu écoutes qui ces derniers temps ?
Il y a beaucoup de choses. J'adore Drake parce qu'il est en perpétuelle évolution. Il anticipe tout ce qui arrive. Il prête attention à son environnement et ensuite il l'incarne à sa façon. J'adore Young Thug. Il fait plus ou moins la même chose. J'adore Wolf Gang. Tout le camp de Tyler, The Creator. Tout ce qu'ils font pour la musique en tant qu'entité, avec Frank Ocean et Earl Sweatshirt et The Internet… Syd the Kid. Tout ce mouvement est incroyable.

Il y a vraiment un désir d'entertainment. Ils sont très actifs sur les réseaux sociaux, et ont même un programme sur Adult Swim. Au lieu de simplement créer de la musique, ils ont créé un vrai mouvement et c'est un truc que j'admire vraiment parce que je pense que c'est ce qu'on retiendra de cette génération. Le fait de toujours repousser les limites et de recréer des choses qu'on a effleurées par le passé, pour les emmener dans d'autres sphères. Leur audace est sans précédent.

Tu te revois, toi et les Soulquarians, dans le mouvement Odd Future ?
Ouais, on peut dire ça. C'est le but du mouvement, de créer par nécessité, parce qu'on ressent le besoin de parler ensemble et d'avancer ensemble. Voilà comment naissent les fréquences. En socialisant, en partageant des idées, ce qu'on aime, ce qu'on n'aime pas. Et ouais, je nous revois là-dedans. Voilà comment on a formé notre famille, unis par notre vision, un crew qui composait sans relâche et qui restait honnête coûte que coûte. Je vois la même chose chez eux.

Qu'est ce que tu penses du nouveau mouvement de contestation noir et du Black Lives Matter ?
Je crois que c'est nécessaire. Le monde évolue en fonction des prières des gens. Les choses commencent à bouger en accord avec ce que nous pensons collectivement. Quand tu vois des collectifs bouger sur tel sujet, tu sais qu'une sorte de mouvement migratoire vers un lieu supérieur va avoir lieu, et c'est ce que je vois actuellement dans le monde, pas seulement en Amérique. Je l'observe à travers toute la planète. Les gens s'organisent et fusionnent pour amener du changement, et ça m'inspire. Je crois que ça fait partie de l'ordre naturel des choses. On évolue, et ce qui nous aide à évoluer, ce sont les réseaux sociaux. La clé de l'évolution sociale réside dans les réseaux sociaux.


Craig Jenkins déclenche des changements sur Twitter.