FYI.

This story is over 5 years old.

Music

Electric Wizard sont plus que jamais prêts à légaliser la drogue et le meurtre

Le nouvel album des doomsters du Dorset a pour unique objectif de vous mettre la misère jusqu'à la fin des temps.

« J’espère que les gens trembleront en l'écoutant ». C'est tout ce que souhaite Jus Oborn, le leader d'Electric Wizard, au sujet de son nouvel album, Time To Die. D'un trio de stoners jailli du fin fond du Dorset, Electric Wizard a muté, au fil des années, en un fabuleux monolithe noir, aujourd'hui soutenu par Simon Poole à la batterie, Clayton Burgess (également membre du groupe américain Satan’s Satyrs) à la basse et Liz Buckingham (la femme d’Oborn) à la guitare. La ligne directrice du groupe, elle, n'a pas changé d'un iota et Electric Wizard continue à n'obéir qu'à un seul mot d'ordre : « Légaliser la drogue et le meurtre ». Une mission qu'il remplit avec grâce et fureur depuis le milieu des années 90, au travers d'une musique insiprée des classiques stoner/doom 70's et de l'ambiance de séries B telles que Psychomania, Le Grand Inquisiteur et Horreur à Volonté. On est partis il y a quelques jours à la rencontre d’Oborn, dans l’arrière-pays anglais, pour lui poser quelques questions sur Time To Die et la Toute-Puissance du Wiz'.

Publicité

Noisey : Depuis le début, Eletric Wizard va à l’encontre des modes et des courants, même au sein du heavy metal. Il a fallu attendre la sortie de l’album Dopethrone en 2000, puis celle de Witchcult Today en 2007 pour voir le public réellement s’intéresser au groupe. Pourquoi l’attention du public a-t-elle été retenue par ces deux disques en particulier ?
J’y ai réfléchi et c’est difficile à dire. Je pense qu’ils représentent les deux pics de créativité d'Electric Wizard. On y retrouve le même genre d’ambiance. Même les pochettes se ressemblent [Rires] On tenait un truc. Quand tu enregistres un album, même si tu donnes tout ce que tu as, tu n’obtiens pas forcément le résultat escompté. Mais tu ne peux pas abandonner. Tu dois finir cet album, coûte que coûte. Tu ne peux rien y faire. J’adore ces albums, je suis content qu’ils aient été autant appréciés par notre public. L'état d’esprit avec lequel j'ai abordé Time To Die était le même, il devrait donc être au moins aussi cool. Tu es le seul point commun entre ces deux albums. Le line-up a changé, les producteurs et les studios aussi.
Ouais. J'avais déjà le concept du groupe en tête, bien avant que le groupe n’existe vraiment. Depuis que j’ai 13 ans, je sais exactement dans quel groupe je veux jouer, et rien n’a vraiment changé depuis.

Electric Wizard restera donc toujours Electric Wizard quelque soit le line-up du groupe ?
Oui, d'une certaine façon. Et même si je venais à quitter le groupe, ça continuerait à sonner comme du Electric Wizard. Sur internet, on a vu un groupe polonais qui reprenait certains de nos morceaux. Je les trouvais tellement badass… Ils auraient pu partir en tournée à notre place ! Ils s’appelaient Vinum Sabbathi ou Funeralopolis [deux titres extraits de Dopethrone] et je me suis vraiment dit qu’en les entraînant bien, on pourrait les envoyer en tournée. Ils étaient parfaits. Ces types jouaient mieux que moi. Bon, on déconne là, mais est-ce que c’est une idée que tu aimerais mettre un oeuvre plus tard, quand tu seras plus vieux ?
Pourquoi pas ? [Rires] Surtout s'ils se débrouillent bien. Je suis toujours à la recherche de reprises d'Electric Wizard, surtout si elles sont un peu bizarres. J'aimerais bien compiler les plus étranges et les plus atroces dans un album. Je n’ai pas encore mis la main sur toutes ces reprises, mais j’ai déjà des versions dance et dubstep de certains de nos morceaux. J’espère trouver un jour une reprise reggae d’un de nos morceaux. Un « Funeralopolis » reggae, ça défoncerait bien.

Publicité

Electric Wizard pourrait ainsi exister éternellement…
Le groupe est en expansion permanente parce qu’on a su se constituer un héritage. Je suis hyper fier de ce que le groupe est devenu. Quand j’ai fondé Electric Wizard, c’était pour me rebeller contre la normalité, contre le train de vie ordinaire. Quand j’ai quitté l’école, je savais que ce n’était ni avec les cheveux longs ni avec des tatouages que j'allais pouvoir trouver un travail. En faisant ça, j'acceptais de devenir un marginal. Le monde a changé aujourd’hui et on me voit juste comme un type un peu à la ramasse désormais, mais à l’époque c’était différent [Rires] C'était comme dans Easy Rider, les rednecks pouvaient te défoncer la gueule juste parce que ta tête ne leur revenait pas. Tu aimerais revenir en arrière ?
Ça pourra sembler un peu sadique ou masochiste de dire ça, mais en fait, oui. À l’époque tu avais un truc contre lequel te dresser. Écouter ou jouer du metal c’était faire un bras d’honneur au reste du monde. Ce n’était pas un simple divertissement. À quel moment est-ce que les choses ont commencé à changer, d'après toi ?
Quand Internet est arrivé. Aujourd’hui tout le monde essaye de plaire à tout le monde. Plus personne n’ose déplaire. Avant, si un magazine critiquait ton groupe, tu foutais le magazine à la poubelle. Aujourd’hui, à la moindre contrariété, les groupes chialent et se sentent mal-aimés [Rires] Sur nos premiers concerts, notre but était de faire dégager les gens. On était contents si on arrivait à vider une salle. C’était notre mission. On ne peut pas faire l’unanimité et plaire, alors autant faire chier le monde. C’est peut-être trop punk comme attitude, mais c’est la ligne de conduite que j’ai toujours adoptée.

Publicité

Tu penses quoi d’Internet aujourd’hui ? Vous avez quand même une page Facebook pour le groupe et tout ça.
C’est inévitable. J’ai un ordinateur portable. J’ai un téléphone. Sans ça, je ne pourrais même pas exister. J’essaye de m’en détacher le plus possible, mais c’est difficile si on veut pouvoir vivre et évoluer dans cette société. Je dois gagner ma vie et j’ai besoin d’Internet pour vendre mon groupe. C’est dingue, mec, c’est plus du tout drôle. Comment les gens arrivent encore à former des groupes ? Sérieusement ? Ils attendent quoi ? Tes objectifs et tes motivations ont changé depuis le premier album d’Electric Wizard ?
Ouais, vraiment. Au début, Electric Wizard c’était juste pour sortir, baiser, jouer dans d’autres pays. C’était mon seul but. On a évolué, mais la seule chose qui a vraiment changé, c’est qu’en grandissant on a eu des messages à faire passer. Justement, au delà de la musique, ce qui attire chez Electric Wizard c’est votre philosophie : tout envoyer se faire foutre, « Légaliser la drogue et le meurtre ».
Ouais. Les gens vivent ça par le biais du groupe. Je pense que c’est en partie ce qui les attire vers Electric Wizard.

C'est quelque chose que tu ressens quand tu rencontres des fans ?
Il y a plusieurs types de fans. Certains ont vraiment pigé le truc — ils sont au taquet. Parfois, ils me font flipper. [Rires] Certains fans se contentent d’aimer les riffs des morceaux, mais la plupart comprennent le message qu’il y a derrière. Le groupe a une identité profonde qu’on ne peut pas occulter. Parfois on nous critique parce qu’on est moins techniques que les autres groupes, mais ce qu'on fait va bien au-delà de la musique. C’est un mode de vie, une philosophie. Electric Wizard, c’est pas seulement un hobby pour le week-end. « Mode de vie », je pense que ça résume bien le truc. D'ailleurs, tu ne vois jamais ça comme un fardeau, qu’on s’attende à ce que tu te comportes de telle ou telle façon alors que tu as juste envie d’être tranquille et de boire un verre après un concert ?
Ouais, mais il faut s’y faire. Il faut y mettre un peu du sien. Pour cet album j’ai tout donné, tellement que j’ai bien cru que j’allais y passer. Mais j’ai voulu être honnête avec moi-même et ne pas faire semblant. Cet album est plein de haine, il est bourré de négativité, sans une seule lueur d’espoir. Ce sont des choses très dures à dire à quelqu’un, en face. Mais je me suis mis dans cet état d’esprit, je devais être très pessimiste et avoir la haine. Rester bloqué dans cet état d'esprit de merde n’a rien de bon. Je peux pas descendre de scène et dire au groupe « on a vraiment fait de la merde » parce que les paroles que j’ai chantées m’auront énervé. Donc je me calme, et puis je me dis « OK, c’était pas si mal » [Rires] Je ne peux pas me contenter de chanter ces paroles, je les vis à 100 %.

Sur les albums précédents tu écrivais les paroles au dernier moment. Tu t’enfermais dans une pièce à mater des vieux films et à fumer des joints, et deux jours avant d’entrer en studio, tu écrivais les paroles. Tu as procédé de la même façon cette fois ?
Ouais, mais j’ai maté moins de films et j’ai pris davantage de drogue. [Rires] C’est ce que j’avais prévu de faire, je ne voulais être parasité par aucune influence extérieure. Je voulais que cet album soit moins métaphorique et plus direct que les précédents. Il y a beaucoup de métaphores dans Black Masses et dans les premières productions d'Electric Wizard. À l’époque je trouvais ça intéressant. Cet album sera plus brutal, il ira droit au but. On y dit tout ce qu’on pense vraiment. Black Sabbath vous a beaucoup influencé. Tu en as pensé quoi de leur dernier album ?
J’aurais pu te dire que je n’avais pas d’avis dessus, mais j’avoue, je l’aime bien. [Rires] Mais je n’ai pas grand chose d’autre à ajouter. Le public aurait été déçu s’ils n’avaient rien sorti. Mais il faut faire attention à ce que l’on demande. Et tu penses quoi des groupes qui se reforment pour tourner et/ou sortir un album ces derniers temps ?
Je ne veux critiquer personne, mais moi, je trouve ça bizarre. Tu te rends à des concerts et l’âge des musiciens devient vraiment gênant. Bientôt, ils auront des déambulateurs et des aides respiratoires sur scène. Où sont passés les kids qui envoyaient le bois ? Je ne les vois plus, et ça m’inquiète.

C’est ce dont on parlait toute à l’heure, la castration du rock par Internet. Mais Clayton, votre nouveau bassiste, est bien plus jeune que le reste du groupe et pourtant il a pigé le truc. Il n’a que 21 ans mais son groupe, Satan’s Satyrs, sonne très old school.
Complètement. Mais c'est un type qui méprise sa propre génération. À son âge, j’étais comme lui et je peux le comprendre. Mais le rock a pris un nouveau tournant, il n’est plus question de semer le chaos et la désolation. Aujourd’hui c’est du metal pour les quadras en crise, genre « j’étais dans un groupe quand j’étais ado, et je me suis rangé et j’ai trouvé un travail. Maintenant j’ai 45 ans et des revenus suffisants, reformons le groupe. » C’est problématique. Avec Electric Wizard, tu arrives à t'en sortir depuis la fin des années 90, une époque où ce genre de musique n'était pourtant pas viable, commercialement.
On a fondé Electric Wizard à un moment où personne n’écoutait ce genre de musique. On avait décidé de faire ça parce que ça nous plaisait, pas pour vendre des putains de coffrets vinyle à 300 balles. Aujourd'hui, Electric Wizard et les stoner/doom sont plutôt à la mode. Et comme toute mode, celle-ci va finir par disparître. Vous vous préparez déjà au fait de ne plus être au centre de l’intérêt médiatique et de ne plus recevoir autant de propositions pour jouer dans les festivals ?
Non, je ne suis pas prêt à laisser Electric Wizard perdre de sa popularité. Même si la scène venait à perdre de la vitesse, que le metal devenait moins populaire et qu’on ne jouait plus dans de putains de festivals. [Rires] Notre public n'est pas vraiment sensible aux modes. D’autres groupes lâcheront sûrement l’affaire, mais Electric Wizard résistera. On a supporté toutes les tempêtes. On nous a servi tous les styles de doom possibles et imaginables, mais nous, on n’a jamais changé.

J. Bennett a écrit un autre article sur Electric Wizard ce mois-ci, pour Decibel Magazine. Mais le groupe n’a pas aimé. Checkez-le si vous en avez l'occasion. Plus de dooooooooooooooom sur Noisey Le guide Noisey d'Electric Wizard
Death Penalty va vous réconcilier avec la peine de mort
Mr. Roadburn
YOB en a toujours gros sur la patate