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On a demandé à un mec plus intelligent que nous s'il était possible de contracter le virus Ebola à un concert

Tant que vous ne léchez pas les micros et que vous utilisez un préservatif, tout va bien.

La semaine dernière, une saloperie connue sous le nom de CMJ a infecté New York. Les symptômes sont facile à déceler : hordes de groupes programmés sur 28 scène différentes, touristes à K-way transparents, quête désespérée pour « le son de demain » et « l'euphorie de l'instant ». Presque au même moment, une autre épidémie, un chouilla plus dangereuse celle-ci, faisait ses débuts à NYC : Ebola. Le virus a en effet pointé le bout de son nez au Gutter, un bowling/salle de concert de Williamsburg (Brooklyn). Le Gutter a fermé ses portes aussitôt. Apparemment, ils ont découvert qu'un docteur ayant soigné des patients en Afrique de l'Ouest et ayant été diagnostiqué positif au virus avait foutu les pieds dans leur rade. Tout ce ramdam a eu des conséquences plutôt graves : les mères inquiètes de l'Idaho ont fait exploser les réseaux téléphoniques en appelant leurs enfants à New York pour savoir si tout allait bien, et Twitter a croulé sous les vannes moisies. Merci les twittos.

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Mais sous ces détails, se cache, qu'on le veuille ou non, une véritable peur. On a tous fait notre lot de conneries à des concerts - comme partager une bière avec un clochard devant le Point Ephémère ou ce truc inavouable dans les chiottes de la Maroquinerie. Est-ce qu'on doit paniquer pour autant ? La mort est-elle tout proche ? Pour le savoir, on a appellé un mec plus intelligent que nous, le docteur Philip Alcabes, spécialiste de la Santé à l'Adelphi University et auteur du livre Dread: How Fear and Fantasy Have Fueled Epidemics from the Black Death to Avian Flu.

Noisey : Ce type qui avait Ebola au Gutter, est-ce qu'il aurait pu transmettre le virus à quelqu'un ?
Il est peu probable qu'il l'ait fait. D'après ce qu'on sait, même si il a été testé positif un peu plus tard, au moment où il était au concert, il n'avait pas de fièvre, ou alors elle était tellement légère qu'il n'y a pas fait attention. Nous avons appris grâce à cette épidémie en Afrique et à l'apparition du virus à Dallas, que l'Ebola n'était pas si contagieux que ça. Il ne l'est même pas du tout pendant la période d'incubation - entre le moment où vous attrapez le virus et celui où vous ressentez les premiers symptômes. Cela dit, ce n'est pas non plus une certitude absolue, les preuves restent limitées.

Imaginons que quelqu'un à un stade avancé de la maladie et se pointe à un concert. Si je couche avec cette personne, est-ce que je peux contracter la maladie ?
Vous savez, cette théorie relève de la science-fiction. Si quelqu'un est à un stage avancé de l'Ebola, il est extrêmement malade : il vomit, a des diarrhées remplies de sang et une très grosse fièvre. Aller à un concert ne figurera probablement pas parmi ses priorités.

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Ben je sais pas, il y a souvent des mecs chelous aux concerts, quand même.
Je peux comprendre que pour certaines personnes aux besoins sexuels intarissables, il soit parfaitement concevable de ramener une personne contaminée chez soi. Mais la personne en question, si elle a contracté l'Ebola, n'aura sûrement pas envie d'aller à un concert - et encore moins de coucher avec quelqu'un.

Si un groupe infecté partage le micro avec un autre groupe, le virus a des chances de se répandre ?
Il y a eu un article de Carl Zimmer dans le New York Times il y a quelques jours, qu'il faut que vous lisiez absolument. C'est un très bon écrivain, et il a éclairci la question de la transmission par les gouttes de fluides corporels. Apparemment, il faut vraiment avoir un contact direct. La grippe est un bon contre-exemple. Le virus se trouve dans les aérosols qui flottent dans l'air, c'est la raison pour laquelle vous pouvez attraper la grippe simplement en étant dans la même pièce qu'une personne malade. Avec l'Ebola, c'est très différent. Ça peut être le mucus, la salive ou le sang, mais il faut un contact direct. Le scénario que vous avez proposé n'est pas totalement idiot, mais il faudrait que la personne utilise ce micro immédiatement après, et aspire la salive qui se trouve sur le micro.

Donc en allant à un concert, j'ai plus de chances de choper une IST qu'Ebola ?
Statistiquement parlant, oui. Tout dépend de la personne avec qui vous rentrez, mais oui. Et c'est une question légitime, les niveaux naturels d'IST circulant dans les populations jeunes étant relativement élevés, notamment à New York. Si l'on considère l'activité sexuelle habituelle durant n'importe quelle nuit de la semaine, dans n'importe quelle population jeune, les chances d'être infecté par une IST sont évidemment plus importantes que celles d'être infecté par Ebola.

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Les préservatifs empêchent de transmettre l'Ebola ?
C'est une question intéressante. Il n'y a que deux ou trois rapports là-dessus, donc ça ne confirme rien, mais des médecins ont analysé le sperme d'un homme qui avait guéri de l'Ebola, et ils ont découvert la présence du virus, encore contagieux, dans son sperme - et ce, même après qu'il ait guéri. Ça n'était qu'une seule étude, et elle a été menée en laboratoire - personne n'a eu de relations sexuelles avec lui. Il faut interpréter ce genre d'informations avec précaution. En laboratoire, on peut trouver un virus chez quelqu'un bien après qu'il soit guéri, mais ça ne veut pas dire qu'il est transmissible.

On peut quand même dire sans risque de se tromper qu'il vaut mieux éviter de piner quelqu'un qui a Ebola.
C'est le bon côté des préservatifs : si on les utilise, ça élimine pas mal de questions embarrassantes qu'on aurait pu se poser le jour suivant.

La fermeture du Gutter, c'était utile?
Je ne sais pas trop ce qui leur est passé par la tête, mais j'imagine que c'est pour rassurer les gens, et que c'est plus politique que médical : ils veulent montrer qu'ils font tout pour éviter la transmissions du virus. Surtout si on est en période de festival, la fermeture d'une salle de concert est quelque chose d'assez dramatique. Donc pour moi, c'est clairement politique. C'est une stratégie assez commune : laisser savoir aux gens que les autorités planchent sur le problème et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.

Le groupe de votre fils a déjà joué au Gutter. S'il devait y rejouer ce soir, vous le laisseriez faire ?
La décision ne m'appartient pas - c'est un adulte. Mais est-ce que je lui conseillerais de ne pas y aller pour autant ? Non. Si le Gutter ferme, c'est parce que les autorités veulent faire preuve de zèle. Ce n'est pas parce qu'ils pensent que quelqu'un de contagieux va venir au concert. À vrai dire, je ne suis même pas sûr qu'ils soient entièrement convaincus que le docteur qui avait assisté au concert était réellement contagieux non plus.

Dan Ozzi n'a pas l'Ebola. Juré. Il est sur Twitter: @danozzi