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L'improbable réédition de l'album « Proud To Be » de DFL, 20 ans après

À l'époque où Epitaph sortait du punk mélo par wagons entiers, Dead Fucking Last signait une ode au hardcore 80's entre Black Flag et les Beastie Boys.

Dead Fucking Last ont toujours été sur la touche. À l’époque où Epitaph Records sortait du hardcore mélodique par wagons entiers et avait pour têtes de gondole Rancid, Pennywise et Offspring, le label a également sorti, dans une relative indifférence, Proud To Be, la déclaration d’amour au hardcore 80’s sud californien du groupe DFL. Un disque bourré d’hymnes thrashy qui les plaçait d'office dans une niche de choix, uniquement occupée par eux. Mais après deux albums, My Crazy Life et Grateful, et une apparition sur la compilation Punk-O-Rama vol.2, le groupe s'est séparé en 1997.

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Le guitariste Monty Messex bosse depuis dans la santé publique, alors que le frontman Tom Davis a réappliqué les préceptes du blitzkrieg punk de DFL dans son nouveau projet, General Fucking Principle. 20 ans après la sortie de Proud To Be, et 18 ans après le split, les deux ont décidé de passer un coup de polish au disque. Epitaph et Burger Records ont donc allié leurs forces pour rééditer Proud To Be comme ile se doit, en vinyle et cassette. L’occasion rêvée pour discuter avec Monty et Tom du passé, du présent et du futur du hardcore à l’ancienne.

Noisey : Il faut reconnaître que Proud To Be n’est pas au premier abord le candidat idéal pour une célébration en grandes pompes 20 ans après. Comment considérez-vous ce disque avec le recul ?
Tom Davis : Je crois que j’ai toujours su que ce disque résisterait à l’épreuve du temps. Monty et moi étions déjà amis depuis 20 ans quand on a eu l’idée de le faire, donc ça semblait logique. Au fur et à mesure de l’enregistrement et de l’implication des gens qui nous ont aidé, c’est devenu une vraie aventure entre potes. On savait qu’on avait un truc. Ça ne sonnait comme rien d’autre à l’époque. Tous les groupes des 90’s en imitaient d’autres, étaient mélodiques, et maintenaient une formule qui marchait pour Epitaph. Nous, on allait à contre-courant. On organisait des concerts dans notre jardin au début, et nos fans et nos potes étaient tellement à fond que je savais que ça allait prendre.

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Il y a une ambiance vraiment « puriste » qui se dégage du disque et on sent que les chansons ont été écrites et enregistrées relativement vite. C’était le cas ?
Monty Messex : Ouais, le disque était inspiré par les groupes punk des débuts : Adolescents, les premiers Black Flag, Circle Jerks, Wasted Youth et Bad Brains. Et aussi les débuts des Beastie Boys. Voilà ce qui nous branchait vraiment. La musique est venue naturellement. J’écrivais les riffs de guitare et Tom se chargeait des paroles. Dès qu’on écrivait un titre, on l’enregistrait au studio. Tout a été fait très vite. Comme quand Black Flag enregistrait dans la vieille église où ils squattaient. C'est le style DFL. Si on devait recommencer, on ferait la même chose ; tout pour le lo-fi.

Pour un groupe qui était autant dans l’urgence, est-ce que la seconde vie de DFL vous surprend ?
Monty : La réponse des fans a été tarée. Pas ceux qui étaient déjà là dans les années 90 mais les nouveaux qui viennent aux concerts. On a rien fait pendant 17 ans, mais on a des gosses de 19 ans à nos concerts qui connaissent nos paroles par cœur. Ils sont vraiment à fond sur ce son hardcore old school, à l’opposé du hardcore actuel qui est finalement très metal.

Il y a aussi des groupes plus jeunes, comme Wavves ou FIDLAR, qui renvoient à DFL.
Monty : Ouais. Beaucoup de kids viennent nous voir quand on joue pour nous dire « Bordel, c’est tellement frais ». C’est le son qu’on a découvert au début des années 80 et auquel on reste fidèles. J’ai toujours le même ampli que celui sur lequel on a enregistré tous nos disques. J’ai la même guitare. Tout est dans le garage. Je suis tellement au taquet, mec. T’imagines même pas. Rien que le fait que des gens veulent rééditer ce disque, je trouve ça mortel.

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Il va se passer quoi alors ? Cette réédition va être suivie par un nouvel album ?
Tom : Je pense qu’on a réellement 4/5 nouveaux morceaux solides avec lesquels on pourrait faire quelque chose. Les enregistrer ne serait pas un problème. On fait les choses dans l’ordre pour l’instant, n’allons pas trop vite en besogne. Des labels indé nous ont contacté mais Monty et moi prenons tranquillement notre temps.

Monty : Le truc excitant pour moi, et pour nous deux je pense, c’est qu’en 2015, les morceaux qu’on travaille sont toujours dans la même veine que My Crazy Life, Proud To Be et Grateful. On est toujours un groupe de hardcore qui joue du hardcore à l’ancienne.

C’est un choix conscient ou vous ne savez rien faire d’autre ?
Monty : C’est juste que ça sonne comme DFL. On ne veut pas que DFL devienne un autre groupe. On a pris la décision de rester un groupe hardcore et de rester fidèle à nos racines.

J’imagine que si vous vouliez faire autre chose, une reformation pour fêter les 20 ans de votre album phare n’aurait pas été la bonne solution.
Monty : C’est vrai. On aurait commencé un autre groupe si ça avait été le cas. L’autre point, c’est que je trouve vraiment ça putain d’excitant quand je me lève le matin, et que je chope mon téléphone pour voir ce qu’il se passe sur Facebook et Twitter - le punk rock pète la forme ! Même si l’industrie musicale est en quelque sorte morte au début des années 2000, le genre revient en force. Les kids font des groupes et Burger Records nique tout.

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Ça pourrait être la future maison de DFL ?
Monty : Burger me rappelle beaucoup ce qu’il se passait chez Grand Royal au début des 90’s, et aussi ce qui se passait chez Epitaph. J’ai cette agréable sensation d’avoir une fois de plus atterri sur un chouette label en train d’exploser. On a beaucoup de chance et on le reconnaît.

Est-ce que ça rendra la composition d’un futur album plus facile de voir que les noms et les visages ont changé autour de vous, mais que l’ambiance est restée la même ?
Monty : C’est ça. Quand on était sur Grand Royal, Adam [Horovitz] nous avait juste dit, « faites le disque que vous voulez faire ». Brett [Gurewitz, fondateur d’Epitaph] nous avait sorti la même chose. On lui avait fait écouter l’album, et il avait répondu : « Parfait. Sortez-le. » Ils nous a toujours soutenu.

Tom : Vrai ! [Rires]

Monty : C’est incroyable. Je ne sais pas combien de ré-éditions ils vont faire avec les anciens [d’Epitaph]. J’ai l’impression qu’on fait partie des rares à êtes gratifiés d’une réédition d’anniversaire. Je sais qu’ils l’ont fait pour Rancid et NOFX, et maintenant pour DFL, on les remercie.

Surtout quand on voit comment le label a évolué depuis des années.
Monty : Exactement. Brett m’a dit à quel point le label avait changé depuis qu’on l’a quitté en 1997. Il a signé plein de groupes dont je n’avais jamais entendu parler et il a un million de likes sur Facebook. Brett sait comment gérer un label, c’est clair. Pareil pour Fat Wreck Chords. Ils viennent de faire leur tournée pour fêter les 25 ans du label. J’ai lu votre truc sur Fat Wreck d’ailleurs. Très intéressant.

Pour beaucoup de gens qui ont grandi avec le punk mélo des années 90, voir que la vieille garde tient encore la route et continue de tourner est plutôt rassurant. C’est beau à voir.
Monty : Ca l’est. Ce Fat tour, je crois qu’il est passé deux soirs au Palladium à Los Angeles. Et ils ont rempli la salle, pas seulement grâce aux vieux groupes comme NOFX et Lagwagon, mais aussi grâce aux plus jeunes comme Pears et Night Birds. Encore une fois, le punk rock est vivant et se porte putain de bien. C’est super de rependre du service aujourd’hui.

Proud To Be est dispo en K7 (Burger) et 12" (Epitaph) depuis le 11 septembre.