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Il y a les groupes qui portent mal leur nom et puis il y a Destruction Unit

Ils vivent dans une réalité parallèle, ont recruté un Suédois qui ne connait aucun de leurs morceaux et veulent se venger de Paris, où ils se sont fait voler leur matos.

Il y a les groupes qui portent mal leur nom, et ceux qui l'arborent comme un programme. Destruction Unit fait évidemment partie de ces derniers, et on a pu s'en rend compte sur la scène du Chabada, à Angers, à l'occasion du festival Levitation (jumeau du Psych Fest d'Austin, Texas). Voir six types complètement hirsutes entrer en transe dès la première note du show, c'est toujours impressionnant ; les entendre enchaîner les morceaux sans une seule pause, en prenant bien soin de jouer le plus fort et le plus vite possible, sans aucune considération pour le bien-être humain, c'est encore mieux. Destruction Unit joue avec trois guitares, dont on sent qu'elles échappent de justesse, à chaque concert, à la réduction en pure bouillie électronique, le manche embroché sur l'ampli. Fatalement, on devait aller leur poser quelques questions. Contre toute attente, les membres du groupe ne sont pas exactement des types énervés dans la vie. Au moment où on les rejoint, deux heures après le concert, ce sont plutôt des zombies au dernier stade de l'avachissement, pas tout au fait au courant du principe de l'interview. Après avoir un peu ramé à lancer les débats, on a parlé de leur dernier album, l'excellent Negative Feedback Resistor (Sacred Bones), de leurs concerts sauvages, de leur sixième membre suédois, et de leur dernière soirée catastrophique à Paris – en attendant le concert du 28 septembre prochain, à l'Espace B.

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Noisey : Vous en êtes à combien d'albums, maintenant ?
Ryan (guitare, chant) : [Après un long silence] Le dernier est le second avec le nouveau line-up. Dans un genre différent. Vous faites un peu l'inverse des autres groupes : plus le temps passe, plus vous jouez vite.
Ryan : [Nouveau silence] C'est un album rapide, ouais. Nick (machines) : Tout à fait, d'après les trois morceaux que j'ai entendus, c'est un album rapide. [Rires] C'est vrai quoi, j'ai dû entendre trois titres maximum.

Comment ça se fait ?
Nick : L'album est sorti aux USA, mais j'habite en Suède. Comme tu le sais, on n'a pas de magasins de disques en Suède, donc on ne peut pas vraiment acheter de disques.

Vous n'avez pas internet, non plus ?
Nick : Je n'ai pas les moyens de m'offrir internet. Donc tu vois, je suis baisé, même si l'album était en téléchargement gratuit je ne pourrais pas l'écouter. J'ai essayé d'aller sur Pirate Bay sans internet, rien à faire.

Qui écrit les morceaux ?
Ryan : Tout le monde…

Varg : Pour répondre à ta question de tout à l'heure, je crois que le nouvel album est rapide parce qu'il s'inspire de nos shows, qui sont de plus en plus intenses.

JS : En fait, plus tu restes dans ce groupe, plus tu deviens énervé… Ça donne des disques de plus en plus lourds et rapides. Vous arrivez énervés en répète, et les titres viennent tout seuls ?
Ryan : C'est ça, on arrive énervés en répète parce qu'on déteste répéter [Rires] .

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JS : Je suis quand même content d'être dans ce groupe. Mais on a un peu la poisse, ça rend dingue parfois.

Vous avez trouvé ça comment, ce soir ?

Ryan

: [

Totalement absent

] Tous les concerts sont différents…

Nick : Je n'ai jamais fait une seule répète avec ce groupe, chaque concert est forcément différent parce que je fais absolument n'importe quoi avec mes machines. Je ne sais pas du tout ce que je fous sur scène, ni même dans le groupe de manière générale.

JS : Attends, tu as dit cet après-midi que tu étais « satisfait » d'être dans le groupe. C'est le mot que tu as utilisé.

Nick : C'est mon groupe préféré, c'est vrai. Il n'empêche que la plupart du temps, je fais n'importe quoi. Du coup, il y a beaucoup d'impro en concert ?
Ryan : Oui, et Nick sait parfaitement comment on fonctionne. C'est vrai, il n'a écouté qu'un ou deux morceaux de l'album, mais il ressent parfaitement le truc, et il colle naturellement à ce qu'on fait.

JS : Un vrai télépathe.

Nick : Oui, c'est une faculté que j'ai développée en Suède.

C'est toujours aussi sauvage, en live ?
Ryan : C'était pas très sauvage, ce soir. Quand on joue aux US d'habitude, il y a toujours des mosh-pit complètement dingues, des gens vraiment surexcités. Surtout pendant les « psych fest »… Là, c'était calme.

JS : On n'a pas que des gens surexcités aux US, quand même. Il y a aussi des gens statiques, qui se demandent ce qui se passe. Il faut dire qu'il y a autant à voir qu'à écouter, quand vous jouez. Vous faites tous des trucs complètement tarés chacun de votre côté.
Ryan : C'est quelque chose dont je n'avais pas conscience avant de voir la vidéo d'un de nos shows. Je peux comprendre la perplexité des gens qui voient six types faire de la merde, en même temps, à tous les endroits de la scène. [Rires]

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Nick : Aucune idée de ce qui se passe en live.

JS : La plupart du temps, on ne joue même pas la même chanson. C'est ce que je me demandais : vous avez joué combien de morceaux ce soir ?
Ryan : Huit !

JS : Ouais, huit.

Varg : Non, non. On a joué six morceaux.

JS : Ahah, non mais je rêve.

Nick : J'ai joué un seul morceau, qui a duré tout le concert. Mon morceau était plus long que les vôtres. Sérieux, vous ne savez pas ?
Ryan : Il se peut que je confonde les concerts.

JS : De toute façon, on joue tous nos morceaux de la même façon : une structure de base et une grosse dose d'impro à la fin. Et sur l'album, vous étiez aussi nombreux ? Vous avez enregistré avec trois guitares ?
JS : Ouaip, trois guitares !

Ryan : Non, quatre en fait.

JS : Ah oui, il y avait un invité à la guitare. Et un sax.

Ryan : Et d'autres trucs. [Un ange passe] Ouais, d'autres trucs.

Vous êtes en Europe pour combien de temps ?
Nick : Je vais mourir ici, mec.

JS : Faux, tu rentres avec nous, en Octobre. On joue au « Not Dead Yet » à Toronto, notre festival préféré.

Nick : Je ne peux pas me payer internet, mais je vais au Canada et en Jamaïque. C'est le côté cool du groupe. Le côté pas cool, c'est quand tu rentres complètement fauché à Stockholm, et que tu n'as même pas internet, parce que la misérable thune que tu as pu toucher en tournée, tu l'as dépensée en tournée.

Ryan : Moi aussi je rentre fauché… Ça me fait penser à la tête du type, hier soir, à qui j'ai dit qu'il me fallait six grammes de beuh. Il m'a regardé comme un extra-terrestre. Vous êtes six, c'est normal non ?
Ryan : [Long silence] Merde, je l'avais jamais envisagé comme ça.

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JS : [Imitant Ryan] Les putain de maths, mec. C'est compliqué. [Rires]

Ryan : [Avec un geste vague] Ouais, les schémas, tout ça. Vous avez déjà joué à Paris…
JS : Ouais, et ça s'est pas super bien passé.

Ryan : On a hâte d'y rejouer, pour effacer ce mauvais souvenir. C'était au Point Éphémère, et on s'est fait fracturer le van. On a fini la tournée sans matos, avec une fenêtre pétée.

JS : On doit toujours de l'argent, depuis ce soir-là. On n'avait pas une thune, on n'a pas pu changer la vitre, et personne ne nous a aidés. C'était au beau milieu de l'hiver, putain. Faut pas évoquer ce truc plus longtemps, ça me rend carrément dingue.

Ryan : On s'est fait tirer le matos ET l'argent de la tournée. C'était une galère insensée.

JS : On ne refera pas les mêmes conneries, c'est sûr. Donc prépare-toi, Paris, c'est l'heure de la vengeance. Destruction Unit revient se venger de Paris ce lundi 28 septembre à l'Espace B. Le groupe sera la veille (dimanche 27 septembre) à Bruxelles, au Magasin 4 et le lendemain (mardi 29 septembre) à Lyon, au Sonic.