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Death Penalty va vous réconcilier avec la peine de mort

L'ex-guitariste de Cathedral nous parle de son nouveau groupe plein de Belges et de riffs thermonucléaires.

Quand les géants du doom anglais Cathedral se sont séparés l’année dernière, c’était la fin d’un règne de 23 ans, marqué par 9 albums et un bon paquet d’EP et de singles. Le chanteur Lee Dorrian, le guitariste Gaz Jennings et le batteur Brian Dixon accompagnés de Scott Carlson, le stratège derrière Repulsion — et bassiste de passage pour Cathedral au milieu des années 90, alors que le groupe était signé chez Columbia —s’étaient fendus d’un dernier album, The Last Spire. Après une rapide tournée à travers le monde, Cathedral a disparu. Dorrian a en profité pour se consacrer pleinement à son label, Rise Above — sur lequel on trouve Ghost, Electric Wizard et Uncle Acid — Carlson est retourné auprès de Repulsion, et Jennings s’est repenché sur les riffs aussi longs que lourds qu’il collectionnait depuis 1997. Il sort aujourd'hui, avec son groupe Death Penalty, un premier album éponyme. Death Penalty, c’est la fusion de Jennings avec trois cadors Belges : le batteur de Serpentcult, Frederik « Cozy » Cosemans, le bassiste Raf Meukens, et Michelle Nocon, ex-chanteuse de Serpentcult. L’album sortira en septembre, sans surprise, chez Rise Above. Death Penalty est déjà un de nos albums favoris de 2014, traçant sans vergogne entre doom et heavy metal traditionnel. Jennings doit juste s’habituer à son nouveau statut de boss : « Ce n’est pas moi qui prenait les décisions au sein de Cathedral » explique t’il. « Death Penalty est une grande nouveauté pour moi car tout repose maintenant sur mes épaules. C’est très étrange d’être responsable d’autres personnes et de prendre des décisions qui n’affecteront pas que moi, mais je trouve ça bien. Ça me plaît. » Vous pouvez écouter un nouvel extrait de Death Penalty ici, et lire notre interview de Jennings au sujet de son nouveau projet.

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Death Penalty, c'est un projet que tu avais depuis longtemps ?
Gaz Jennings : Je dirais depuis 2010, à cette époque j’avais déjà amassé pas mal de morceaux. En général, c’est moi qui écrivais la musique pour Cathedral, mais j’ai accumulé beaucoup de riffs au cours des années qui n’ont jamais été utilisés par le groupe. Parfois je présentais des morceaux aux autres mais je savais pertinemment qu’ils refuseraient. Donc j’avais pas mal de morceaux déjà de côté, mais c’est à partir de 2010 que j’ai commencé à écrire des morceaux ci et là que je savais que Cathedral n’utiliserait pas. Je ne savais pas ce que j’allais faire de ces morceaux, je n’avais ni groupe ni contrat avec un label. Le fait que tu travailles déjà sur un nouveau projet a-t-il rendu la fin de Cathedral moins difficile pour toi ?
Quand on a décidé d’arrêter Cathedral, je n’avais pas l’intention de fonder un nouveau groupe. Mais je voulais sortir un album, et bien sûr Lee m’a proposé un contrat avec Rise Above — mais je n’avais jamais pensé à refaire un groupe avant que Lee ne l’évoque. J’y ai repensé, je me suis dit que c’était une bonne chose à faire et je suis parti à la recherche de musiciens. Toi et Lee prévoyiez déjà la fin de Cathedral depuis longtemps ?
En 2005, quand on a enregistré notre album The Garden of Unearthly Delights, on avait déjà pensé à arrêter le groupe. À cette époque, le doom était très à la mode, et c'est encore plus le cas aujourd’hui. Quand on a commencé, au début des années 90, il n’y avait qu’une poignée de groupes qui faisaient ça. Tout le monde se foutait de Saint Vitus, de Trouble et de Dream Death, mais nous on adorait ces groupes. Il y avait quelque chose de plus extrême avec nous, que les groupes traditionnels n’avaient pas, peut-être parce qu’on était plus jeunes. Aujourd’hui, tu as tous ces genres — le drone doom, le funeral doom… Quand on a commencé, il n’y avait rien de tout ça. On était à la ramasse, on nageait à contre-courant et on a abordé pour la première fois notre séparation aux alentours de 2005.

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Death Penalty

Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
C’était drôle. Et puis, on a eu un regain de popularité. Je n’ai pas compris ce qui s'était passé. Avant ça, notre côté de popularité était en berne, et on se faisait de moins en moins d’illusions sur notre sort. On a sorti notre album VIIth Coming [en 2002] et on ne savait pas vers quel genre nous orienter. On se cherchait. On était en tournée et les salles étaient à moitié vide, on se demandait si c’était vraiment la fin. Mais après Garden, on a fait une tournée avec Electric Wizard et Grand Magus, une super affiche, et tous les concerts affichaient complets. Les magazines disaient du bien de nous et on a reçu de plus en plus d’attention par la presse, donc on s’est dit qu’on allait continuer et voir jusqu’où on pouvait aller. Après cette tournée, on s’est tous un peu renfermés sur nous-mêmes, et on a rien sorti pendant une paire d’années. On a même arrêté de se parler pendant un temps. On ne s’est pas séparés, on a juste pris des chemins différents. Cinq ans se sont écoulés entre The Garden et The Guessing Game. Comment vous en êtes venus à redonner une chance à Cathedral ?
Lee m’a appelé et m’a demandé si je voulais recommencer à écrire. Je suis allé chez lui, on a maté plein de vieux films, écouté Trouble et le premier album de Candlemass et il m’a dit, « Essaye d'écrire comme tu le faisais au début. » Donc j’ai écrit plein de riffs que je n’aurai jamais osé jouer avant, car je pensais que je me répétais. Mais Lee disait « Non, c’est un bon riff, on le garde. » Et c’est ce qu’on a fait. La plupart des morceaux que j’ai écrits ont fini sur The Guessing Game et The Last Spire, parce qu'on avait prévu de faire un double-album, avec un album doom et un album plus prog. The Guessing Game est un double-album, avec des sons metal et d'autres sons plus progressifs, et on a gardé nos morceaux plus doom pour The Last Spire. On a enregistré cet album et on s’est vraiment investis dedans. On savait que ce serait notre dernier album.

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Pour quelle raison vous avez décidé d’arrêter le groupe, pour de bon ?
J’avais l’impression qu’on allait nulle part. On était depuis 20 ans dans Cathedral, c’est déjà long pour un groupe, et encore plus pour un groupe comme nous. À l’époque, on n'était vraiment pas à la mode. On était dans un combat permanent contre tous les trucs qui étaient populaires, ce qui demandait pas mal d’efforts et on essayait de se réinventer sur chacun de nos albums, ce n’était pas simple. En fait, on retombait toujours sur notre album Forest Of Equilibrium de 1991, mais ce n’est pas ce qu’on voulait faire. À un moment on s’est dit qu’on avait fait ce qu’on avait à faire, et dit ce qu’on avait à dire. Il y a plein de groupes — dont je ne citerai pas le nom — qui continue de faire les mêmes choses depuis le début, sans jamais se renouveler. Et ça vaut aussi pour tes groupes préférés, parfois tu en as marre qu’il continue de faire ce à quoi ils t’ont habitué. On ne voulait pas que ce soit le cas pour Cathedral. C’est réglo. Comme tu l’as dit : beaucoup de groupes ne se rendent pas compte qu’il est certainement temps de quitter la scène.
Peut-être que certaines personnes ont cru qu’on était comme ça. On a fait de bons albums, mais aussi des albums nettement plus moyens, selon moi du moins. Supernatural Birth Machine était trop speed et avait trop de morceaux. Je pense que Endtyme était un bon album, mais The VIIIth Coming était beaucoup plus confus. C’est difficile à dire, ce n'était pas simple pour nous d’arrêter Cathedral, mais c’était la meilleure décision à prendre. Tu as écrit des morceaux pour Death Penalty pendant l’enregistrement de The Last Spire ?
Ouais. J’en ai écrit deux en 1997, quand on écrivait Caravan Beyond Redemption. À l’époque, je n’avais pas trouvé de titres, mais aujourd’hui elles sont sur l’album, sous le nom de « Eyes Of the Heretic » et « Immortal By Your Hand ». « Eyes Of The Heretic » sonne comme du Iron Maiden, ça n’aurait jamais marché avec Cathedral. Je l’avais joué devant eux et ils m’avaient répondu « Non, on fera pas ça. » [Rires] Mais ils étaient bien trop bons pour que je les balance. J’ai écrit « Children Of The Night » pour The Last Spire — mais je ne comprends pas pourquoi ce morceau n’a pas été retenu. C’est sur ce morceau que Michelle a chanté pour la première fois pour Death Penalty.

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Death Penalty

Tous les autres membres de Death Penalty viennent de Belgique. Pourquoi ?
Ouais, c’est étrange. Quand j’ai commencé à répéter pour ce qui allait plus tard devenir Death Penalty, j’étais seul avec mon fils, qui est batteur — il a 24 ans et il habite juste à côté de chez moi. Il m’a appelé, il voulait passer pour qu’on joue ensemble. Il est plus dans le deathcore — évidemment, moi je suis trop vieux pour ça — mais c’est un excellent batteur. Il voulait qu’on rejoue des vieux morceaux de Cathedral, mais je lui ai dit que je bossais sur de nouvelles productions (qui finiraient sur l’album de Death Penalty), et c’est ce qu’on a joué finalement. C’était en 2012, on a continué à répéter mais un jour il a dû arrêté car il avait beaucoup de travail. Entre temps, Michelle m’avait contacté.

Tu la connaissais parce qu’elle chantait dans Serpentcult. Lee avait sorti leur premier album sur Rise Above.
Ouais, j’avais écouté l’album il y a pas mal de temps, en 2008. Lee m’en avait envoyé un premier mix. J’étais impressionné par cet album — pour ses riffs et sa pesanteur — j’aurai adoré écrire ce genre d’album. Leur chanteuse était incroyable. Je pensais à une chanteuse pour Death Penalty, j’adore les groupes comme Rock Goddess, Acid et Znöwhite. J’ai donc pensé à Supercult. Je ne suis pas très porté sur les réseaux sociaux, mais j’ai demandé des infos sur Michelle à Gomez, qui a produit The Last Spire. Il m’a dit que ça l’intéresserait sûrement, donc il l’a contacté sur Facebook. Elle était dans un groupe doom et je me suis dit, à tort, qu’elle devait aimer ça. Mais elle était plus jeune que moi, elle a grandi en écoutant Pantera et tous ces truc que j’ai loupé. Mais je lui ai envoyé mes morceaux, et elle était ok pour travailler dessus avec moi. Elle a fini par demander au batteur de Serpentcult de nous rejoindre et elle nous a trouvé un bassiste. C’est comme ça que je me suis retrouvé avec trois belges dans le groupe. Michelle a une voix incroyable.
Ouais, elle est super. Par contre elle a un sacré caractère, je n’aimerai pas la compter parmi mes ennemis. [Rires] Mais c’est une chanteuse excellente. Elle a une voix très brute, qui m’a plu dès que j’ai écouté Serpentcult, et elle s’est vraiment donnée pendant l’enregistrement de l’album. C’est marrant, quand elle m’a renvoyé sa version de « Children Of The Night », je m’attendais à entendre les râles et la voix haut perchée qu’elle avait avec Serpentcult, mais elle avait complètement changé de style et de mélodie. Au début, je trouvais ça bizarre, mais après avoir écouté le morceau deux ou trois fois, j’ai trouvé ça excellent. Je lui ai donc laissé une liberté totale sur les mélodies vocales et les paroles. Je lui ai juste demandé d’imiter ce qu’avait fait Witchfinder General sur « Sign Of Times », pour bien se placer par rapport au riff. Pour tout le reste, c’est elle qui a décidé.

Witchfinder General

En parlant de Witchfinder General, le nom de Death Penalty vient d’un morceau de leur premier album. Quel impact a eu ce groupe sur toi toutes ces années ?
Je les écoute encore aujourd’hui. Tous mes mots de passe sur mon téléphone ou mon ordinateur sont en rapport avec des morceaux de Witchfinder General ou des membres du groupe. Je leur dois beaucoup. J’ai commencé à écouter du metal en 1979, quand j’avais 9 ans. À l’époque, on appelait ça du hard rock ou du heavy rock. Après j’ai écouté Never Say Die! de Black Sabbath et Hotter Than Hell de Kiss, ces albums ont eu un véritable impact sur moi. Sabbath et Kiss ont eu une place très importante dans mon éducation musicale mais c’est Sabbath qui m’a le plus influencé. Je me suis mis au rock au moment où la nouvelle vague de heavy metal anglais arrivait. J’ai chopé les premiers albums de Iron Maiden, Def Leppard, Jaguar et Raven. Je n’avais pas le EP de Witchfinder General « Burning a Sinner » mais j’ai acheté Death Penalty à sa sortie. Pour moi, tout ce heavy metal ralenti renvoyait à Black Sabbath. Witchfinder General est le groupe le plus proche de Sabbath, dans le son comme dans les mélodies vocales. Ils m’ont beaucoup influencé, sur tous les points de vue — sauf pour les pochettes d’album, qui était marrantes et carrément sexistes. Mais ils ne pensaient pas à mal.

Selon J. Bennett, les deux premiers albums de Witchfinder General sont cultes, mais il n'est pas sur Twitter pour vous le dire.