FYI.

This story is over 5 years old.

Music

On a passé la discographie de David Carretta au crible

Parce qu'il y a des mecs qui seront toujours trop bons pour qu'on les oublie.

Quand il n'est pas dans un club parisien en train de traiter de jeunes franciliens sans éducation de « balai à chiotte » ou en pleine pétanque avec Miss Kittin et DJ Hell dans son hameau provençal, David Carretta sort les disques électroniques les plus virils de France, de l'EBM le plus suave à l'italo la plus musclée, et ce depuis 20 ans. Il était donc temps de lui rendre hommage et de célébrer le mec qui porte le mieux la moustache de tout l'hexagone. Fini la moto trial et les jailles à pas d'heure, David vit aujourd'hui à la montagne avec sa femme et ses filles, peinard, détendu, décontracté, et co-gère toujours le label Space Factory basé à Toulouse. Carretta prévoit d'ailleurs un nouveau maxi sur ZONE qui sortira en décembre prochain, ce qui vous laisse le temps d'aller fouiner dans son back catalogue haut en couleurs. Vous en aurez déjà un aperçu juste en-dessous.

Publicité

Noisey : T'es né en quelle année ?
David Carretta : 1967

Cette année, on fête les 30 ans de l'année 1984. T'as un souvenir particulier de cette époque ?
C'est l'époque où j'ai commencé à écouter des trucs électroniques, avant ça, j'écoutais des groupes comme Métal Urbain, Killing Joke ou Joy Division. J'étais de retour à Tarbes après avoir passé deux ans à La Rochelle et j'ai rencontré un type qui m'a fait découvrir tous ces groupes EBM et new wave électronique genre Liaisons Dangereuses, Grauzone, Cabaret Voltaire, Front 242, Nitzer Ebb, etc… C'est avec lui que j'ai acheté mes premiers synthés et que j'ai monté mon premier groupe, Art Kinder Industrie, en 1988.

2014 marque les 20 ans de la sortie de ton premier EP, sous le nom Calyptol Inhalant. Rappelle-nous les faits.
J'étais à Marseille à ce moment là et j'ai envoyé deux tracks à Sven Vath sans trop y croire… Il m'a rappelé quelques jours après. Je parlais mal l'anglais et la conversation qu'on a eu au téléphone, c'était du grand n'importe quoi, quand j'y repense il a du rien comprendre et moi non plus d'ailleurs ! J'ai juste compris qu'il voulait sortir mes tracks. C'est là que j'ai commencé à jouer en France, Espagne, Suisse et en Allemagne bien sûr.

Avant ça, j'avais envoyé les mêmes tracks à Fnac Music et Laurent Garnier, mais Eric Morand, le manager du label à l'époque, m'a dit que ça faisait trop allemand comme son… Finalement, il avait raison même si sur le moment j'ai eu les boules qu'il refuse de les sortir.

Publicité

En 1996, tu es le premier artiste à être signé sur le label de DJ Hell, International Deejay Gigolo. Ca s'est fait comment ?
J'ai rencontré DJ Hell lors d'une tournée organisée par un ami de Toulouse où j'habitais à ce moment là. Hell a bien aimé mon live et m'a demandé des morceaux. J'en ai fait 5 ou 6 et il en a pris un pour le première sortie Gigolo. J'en ai des super souvenirs, comme la rencontre entre Miss Kittin et Hell. Je les avais invité tous les deux chez moi, on a passé quelques jours à mixer et à jouer à la pétanque.

Tu peux m'en dire un peu plus sur The Beast Fuckers ?!
C'était un délire avec mon ami Olive qui tenait le magasin de disques Smart Import à Marseille. On a fait ça pendant une after, au petit matin, après une soirée bien arrosée, ce qui explique le son quelque peu « destroy » ! D'ailleurs, en même temps que mon EP sur Gigolo, j'en avais sorti un sur le label marseillais de DJ Olive et Virtualian, Thrust Records. Un truc techno saturé limite HardCore.

L'année dernière tu as fêté les 10 ans de ton propre label, Space Factory. T'as fait un truc spécial ?
Non, rien de spécial, j'aime pas fêter les trucs comme ça, ça me déprime, ça sent le sapin.

2003 coïncide également à la création de MySpace. Tu regrettes cette plateforme ? J'ai vu que tu restais très secret sur FB.
Non je ne regrette pas MySpace, d'ailleurs si Facebook disparaissait je ne le regretterai pas non plus. C'est pas un sujet intéressant, j'en dirais pas plus au risque de passer pour un vieux « réac », les réseaux sociaux c'est trop pervers, Internet en général aussi d'ailleurs.

Publicité

Tu dis ça parce que t'es papa ?
J'ai deux filles, qui ont 10 et 3 ans, mais je ne crois pas que ça ait un rapport. Tout ça est pervers dans le sens où les gens mettent leur vie en scène pour se persuader qu'elle est aussi géniale et trépidante que les stars ou les célébrités. Mettre en avant l'achat d'une voiture ou d'un bel objet ou des photos de vacances à l'île Maurice c'est oublier que certaines personnes qui voient vos publications n'ont peut-être pas les moyens de s'offrir tout ça. Quel est l'intérêt de tout ça ? Se faire mousser sans penser aux autres, c'est chacun pour sa gueule, une fois de plus. Franchement si tu vas chez quelqu'un et qu'il commence à te montrer ses albums photos, ça va te saouler non ? C'est les beaufs qui font ça d'habitude, non ? Hé ben, FB c'est rempli de beaufs alors.

T'avais particulièrement la haine en 2004 non ? Cette année-là sortent coup sur coup tes tubes « Kill Your Radio » et « Ta Liberté c'est ça ».
J'ai pas la haine, c'est juste que je donne mon opinion sur certaines choses. Parfois c'est un peu violent mais c'est comme ça, je suis un « latin », j'ai le sang chaud, j'suis pas un mou, je m'énèrve mais ça redescend très vite. J'aime bien être en contradiction avec les choses établies, allez en sens contraire.

J'ai d'ailleurs vu que tu avais toujours la haine en 2014, notamment contre les unes de Libé. Y'a quoi d'autre qui t'énerve ?
Non mais faut pas croire tout ce que les gens mettent sur Facebook, surtout moi ! Je suis plutôt calme en général si on vient pas me chercher.

Publicité

David Carretta c'est ton vrai nom ? On t'a souvent confondu avec David Guetta ou David Vendetta ?
Oui c'est mon vrai nom. Et si tu me parles encore de Guetta ou Vendetta je vais m'énerver !

Tu vis toujours à Marseille ?
Non j'y vis plus. Je vis à la montagne, dans les Pyrénées, dans un petit hameau de 60 habitants à 1000 mètres d'altitude. Franchement, je ne pourrais plus habiter en ville. J'adore venir à Paris, Marseille ou une autre grande ville, mais pas plus de 3 jours. J'suis bien au milieu des moutons, des vaches avec de la verdure partout, à l'aise, pénard, décontracté du gland !

T'offrirais quoi comme disque à ton petit cousin qui veut découvrir la techno ?
Je sais pas, je lui ferais écouter un bon mix de DJ Hell ou Sven Vath de 1993, un truc du début.

Si tu devais emballer un des tiens, ce serait lequel ?
Kill Your Radio.

Le cadeau le plus minable qu'on t'ait fait ?
Je sais pas, un cadeau c'est jamais pourri, c'est le geste qui compte. Même si tu m'offres une bière au comptoir d'un PMU ça me fait plaisir, surtout que je vais remettre la mienne et on dansera bourrés dans la rue quelques verres plus tard.

Rod Glacial n'est pas un latin mais il kiffe ces vibrations. Il est sur Twitter - @FluoGlacial