FYI.

This story is over 5 years old.

Music

Comment je suis devenu membre du jury de la meilleure chanson Pornhub

Le site américain a demandé à notre journaliste Dan Ozzi de participer à l'élection de son nouvel hymne.

Je suis un type normal. Comme vous. Chaque matin je me lève, je m’habille et je vais au travail. Je fais trois repas par jour, je me brosse les dents et je prends mes vitamines matin et soir. Et comme vous, je passe 10 à 20 bonnes heures par semaine à me balader sur Pornhub. Imaginez donc ma surprise et ma joie lorsqu’on m’a demandé d’être l’un des membres du jury du concours musical organisé par le site.

Publicité

Tout a commencé en septembre quand Pornhub a annoncé qu’ils allaient créer un label musical, tout en avouant qu’ils étaient encore en phase « d’apprentissage ». En tant qu’être généreux (et tout ce qu’il y a de plus normal, je le répète), toujours prêt à rendre service et par ailleurs auteur à plein temps, j’ai pensé qu'il était de mon devoir de leur rendre service. J’ai donc écrit un article en leur suggérant quelques artistes qu’ils devraient vite signer comme par exemple Die Antwoord, le terrifiant Stitches et, bien évidemment, Crazy Town et Coolio.

Moi, tout ce que je voulais, c'était leur donner un coup de main. Mais la magie d’internet a opéré le jour suivant, à 10h27 précises. Un mail de leur staff me demandant de rejoindre le jury du concours de « la chanson Pornhub », récompensant un artiste par un prix de 5 000 dollars et de la diffusion de son clip sur leur chaîne. À 10h29, je répondais positivement à leur demande. Oui, j’aurais dû le faire dès 10h28 mais il m’a fallu quand même 60 secondes pour réaliser ce qui m’arrivait.

Peu après, Pornhub a fait un communiqué de presse pour annoncer les membres de leur « estimé jury », composé de moi-même (Dan Ozzi), de Taylor Momsen, l’actrice de Gossip Girl (qui a tenté elle aussi de percer das la musique…), du producteur Scott Storch et du roi de l’auto-tune en personne : T-Pain.

J’ai aussitôt imprimé 5 000 copies du communiqué. J’en ai envoyé 4 000 à mon ancienne fratrie pour qu’ils les distribuent aux étudiants journalistes sur le campus, afin de leur montrer ce à quoi ils pouvaient aspirer. J’en ai envoyé 998 à ma mère pour qu’elle en mette dans les cartes de vœux destinées à la famille. Et j’ai envoyé les copies restantes à mes ex-meufs pour qu’elles voient à coté de quoi elles étaient passées. Ensuite, j’ai actualisé mon profil LinkedIn pour y ajouter mon nouveau statut de « Membre du jury de la meilleure chanson Pornhub ». Je l’ai aussi mis sur monprofil Twitter et j’ai fait 1200 cartes de visite pour l’occasion.

Publicité

À partir de là, mon téléphone n’a plus arrêté de sonner. J’étais submergé par les assauts de nombreuses rédactions, parmi lesquelles Buzzfeed et … uniquement Buzzfeed en fait. La presse reconnaissait déjà ma réussite.

En attendant les entrées pour le concours, le staff hyper sympa de Pornhub m’a tenu en haleine en m’envoyant un énorme colis avec toute une panoplie de trucs pornos. À l’intérieur, il y avait :

  • 2 T-shirts PornHub (dont j’ai immédiatement retiré les manches)

  • Une casquette Pornhub

  • 2 petites culottes Pornhub (trop petites pour moi)

  • Un mug Pornhub avec écrit « Je suis dur au travail »

  • Une balle anti-stress en forme de sein

  • Un tas de stickers

  • Un jeu de cartes « Porn the Game »

  • Une collection de DVD contenant des parodies de films comme Avengers, The Dark Knight, Star Wars et Spider-Man (bizarre venant de Pornhub, ils voulaient peut-être juste s’en débarasser)

  • Un appareil appelé AutoBlow 2 dont je ne préfère pas parler, si vous n’y voyez pas d’inconvénient

This is the best day of my life.

A photo posted by dan ozzi (@danozzi) on Dec 18, 2014 at 11:31am PST

Mais être membre de ce jury ne signifie pas seulement recevoir un tas de cadeaux à enfiler sur son pénis. Non. Je souhaitais prendre ma responsabilité très au sérieux. Alors quand est venu le temps de juger, je me suis replié dans ma bulle et j’ai décortiqué un par un les titres des finalistes. Pornhub m’avait remis un formulaire à remplir pour chaque morceau, en me demandant de les commenter et de les noter selon différents critères sur une échelle de un (nul), à cinq (fantasmique !).

Publicité

Il y avait 18 finalistes. C’était perturbant car, avant d'écouter chaque titre, il fallait que je désactive Ad Block, déclanchant systématiquement une petite voix intérieure me demandant « est-ce vraiment ce que tu veux ? ». Sur les 18 titres, 13 mentionnaient Pornhub dans leurs textes. Pour moi, c’était tout à fait flatteur. Sur les 18 titres, deux seulement étaient interprétés par des femmes, un nombre supérieur à celui auquel je m’attendais, pour être honnête.

J’ai donc écouté tous les morceaux les uns après les autres, TOUS, mêmes ceux des Bootleg Black Guys, de Maserati Nick ou de NastyBoyCity. J’ai beaucoup apprécié ce dernier, il m’a rappelé le blase des mecs qui commentent les vidéos sur Pornhubavec des analyses pertinentes comme « où sont les seins ? » ou « ses boules sont plus grosses que sa queue. »

Certains des titres samplaient carrément des vidéos pornos, d’autres voulaient se donner un style sexy pendant que d’autres encore étaient carrément explicites, avec des paroles genre « Tu suces ? / Tu aimes être attachée ? ». Au sujet de ce titre, j’ai mis : « C’est naze. Personne ne veut écouter un groupe de bros qui mettent des casquettes de baseball rétros et qui chantent des morceaux pourris qui ne parlent que de cul. C’est tout sauf bandant. » Sur le podium de la misogynie, dans un style Robin Thicke, il y avait aussi « Dick Will Make You Famous », un morceau qui expliquait aux femmes comment une bonne fellation pouvait les rendre célèbre. Ce dont, au passage, je doute sincèrement, car ce jeune participe toujours à des tremplins musicaux pour percer. J’ai donné à ce morceau la note la plus basse possible : zéro.

Publicité

Mark Twain a dit un jour que l’on devait « écrire sur ce que l’on connaissait ». Avec cette citation en tête, les morceaux les plus crus étaient finalement ceux qui correspondaient le plus à l’esprit Pornhub. Certains artistes étalaient grassement leurs notions vagues du porno en énumérant le nom de différentes pornstars, de différentes positions ou encore la liste de tout ce qui leur filait la gaule. Dans son titre « Can’t Stop Watching Pornhub », Young Day Day donne l’impression de lire une sidebar d'un site lambda : « Vendredi, double pénétration. Samedi, j’ai envie d’une blonde. Dimanche, je veux une étudiante. Où sont les blanches ? » OK mec.

Et pourtant, ces artistes m’ont, bizarrement, fait de l’effet. Regarder du porno est une expérience très solitaire, et j’étais en train d’écouter ces artistes de tous les coins du pays me parler de la pratique qui consiste à regarder deux personnes (ou plus, selon ses goûts) rapprocher leurs corps nus pour ne faire qu’un. C’est dingue comme parfois je me suis reconnu dans les textes.

Jordan Royale (un blase véritablement taillé pour le porn) m'a par exemple touché en plein coeur avec ces lignes : « J’aime regarder des pornos quand j’ai passé une mauvaise journée. C’est comme si j’extériorisais ma peine. » Oui, Jordan Royale. OUI. Prenons une maison ensemble en bord de mer, tu me comprends mieux que ma propre famille, mes amis ou ma thérapeute Dr. Gina Sussmann.

Publicité

Après avoir passé plusieurs heures à écouter ces titres et à remplir des formulaires de notation, j’ai senti une connexion s’établir entre moi, T-Pain et tous les autres, de Jordan Royale à Maserati Nick, en passant par les Bootleg Black Guys, sans oublier le Dr. Gina Sussmann et les 500 millions de visiteurs qui vont sur Pornhub chaque jour. Et bien sûr, j’étais en connexion avec moi-même. Comme si l’univers se résumait en fait à une énergie cosmique mêlant porno et auto-tune.

Je suis un type normal. Comme vous. Chaque matin je me lève, je m’habille et je vais au travail. Je fais trois repas par jour, je me brosse les dents et je prends mes vitamines matin et soir. Et comme vous, je passe 10 à 20 bonnes heures par semaine à me balader sur Pornhub. Imaginez donc ma surprise et ma joie lorsqu’on m’a demandé d’être l’un des membres du jury du concours musical organisé par le site.

Tout a commencé en septembre quand Pornhub a annoncé qu’ils allaient créer un label musical, tout en avouant qu’ils étaient encore en phase « d’apprentissage ». En tant qu’être généreux (et tout ce qu’il y a de plus normal, je le répète), toujours prêt à rendre service et par ailleurs auteur à plein temps, j’ai pensé qu'il était de mon devoir de leur rendre service. J’ai donc écrit un article en leur suggérant quelques artistes qu’ils devraient vite signer comme par exemple Die Antwoord, le terrifiant Stitches et, bien évidemment, Crazy Town et Coolio.

Moi, tout ce que je voulais, c'était leur donner un coup de main. Mais la magie d’internet a opéré le jour suivant, à 10h27 précises. Un mail de leur staff me demandant de rejoindre le jury du concours de « la chanson Pornhub », récompensant un artiste par un prix de 5 000 dollars et de la diffusion de son clip sur leur chaîne. À 10h29, je répondais positivement à leur demande. Oui, j’aurais dû le faire dès 10h28 mais il m’a fallu quand même 60 secondes pour réaliser ce qui m’arrivait.

Peu après, Pornhub a fait un communiqué de presse pour annoncer les membres de leur « estimé jury », composé de moi-même (Dan Ozzi), de Taylor Momsen, l’actrice de Gossip Girl (qui a tenté elle aussi de percer das la musique...), du producteur Scott Storch et du roi de l’auto-tune en personne : T-Pain.

J’ai aussitôt imprimé 5 000 copies du communiqué. J’en ai envoyé 4 000 à mon ancienne fratrie pour qu’ils les distribuent aux étudiants journalistes sur le campus, afin de leur montrer ce à quoi ils pouvaient aspirer. J’en ai envoyé 998 à ma mère pour qu’elle en mette dans les cartes de vœux destinées à la famille. Et j’ai envoyé les copies restantes à mes ex-meufs pour qu’elles voient à coté de quoi elles étaient passées. Ensuite, j’ai actualisé mon profil LinkedIn pour y ajouter mon nouveau statut de « Membre du jury de la meilleure chanson Pornhub ». Je l’ai aussi mis sur monprofil Twitter et j’ai fait 1200 cartes de visite pour l’occasion.

À partir de là, mon téléphone n’a plus arrêté de sonner. J’étais submergé par les assauts de nombreuses rédactions, parmi lesquelles Buzzfeed et … uniquement Buzzfeed en fait. La presse reconnaissait déjà ma réussite.

En attendant les entrées pour le concours, le staff hyper sympa de Pornhub m’a tenu en haleine en m’envoyant un énorme colis avec toute une panoplie de trucs pornos. À l’intérieur, il y avait :

  • 2 T-shirts PornHub (dont j’ai immédiatement retiré les manches)
  • Une casquette Pornhub
  • 2 petites culottes Pornhub (trop petites pour moi)
  • Un mug Pornhub avec écrit « Je suis dur au travail »
  • Une balle anti-stress en forme de sein
  • Un tas de stickers
  • Un jeu de cartes « Porn the Game »
  • Une collection de DVD contenant des parodies de films comme Avengers, The Dark Knight, Star Wars et Spider-Man (bizarre venant de Pornhub, ils voulaient peut-être juste s’en débarasser)
  • Un appareil appelé AutoBlow 2 dont je ne préfère pas parler, si vous n’y voyez pas d’inconvénient

This is the best day of my life.

A photo posted by dan ozzi (@danozzi) on

Mais être membre de ce jury ne signifie pas seulement recevoir un tas de cadeaux à enfiler sur son pénis. Non. Je souhaitais prendre ma responsabilité très au sérieux. Alors quand est venu le temps de juger, je me suis replié dans ma bulle et j’ai décortiqué un par un les titres des finalistes. Pornhub m’avait remis un formulaire à remplir pour chaque morceau, en me demandant de les commenter et de les noter selon différents critères sur une échelle de un (nul), à cinq (fantasmique !).

Il y avait 18 finalistes. C’était perturbant car, avant d'écouter chaque titre, il fallait que je désactive Ad Block, déclanchant systématiquement une petite voix intérieure me demandant « est-ce vraiment ce que tu veux ? ». Sur les 18 titres, 13 mentionnaient Pornhub dans leurs textes. Pour moi, c’était tout à fait flatteur. Sur les 18 titres, deux seulement étaient interprétés par des femmes, un nombre supérieur à celui auquel je m’attendais, pour être honnête.

J’ai donc écouté tous les morceaux les uns après les autres, TOUS, mêmes ceux des Bootleg Black Guys, de Maserati Nick ou de NastyBoyCity. J’ai beaucoup apprécié ce dernier, il m’a rappelé le blase des mecs qui commentent les vidéos sur Pornhubavec des analyses pertinentes comme « où sont les seins ? » ou « ses boules sont plus grosses que sa queue. »

Certains des titres samplaient carrément des vidéos pornos, d’autres voulaient se donner un style sexy pendant que d’autres encore étaient carrément explicites, avec des paroles genre « Tu suces ? / Tu aimes être attachée ? ». Au sujet de ce titre, j’ai mis : « C’est naze. Personne ne veut écouter un groupe de bros qui mettent des casquettes de baseball rétros et qui chantent des morceaux pourris qui ne parlent que de cul. C’est tout sauf bandant. » Sur le podium de la misogynie, dans un style Robin Thicke, il y avait aussi « Dick Will Make You Famous », un morceau qui expliquait aux femmes comment une bonne fellation pouvait les rendre célèbre. Ce dont, au passage, je doute sincèrement, car ce jeune participe toujours à des tremplins musicaux pour percer. J’ai donné à ce morceau la note la plus basse possible : zéro.

Mark Twain a dit un jour que l’on devait « écrire sur ce que l’on connaissait ». Avec cette citation en tête, les morceaux les plus crus étaient finalement ceux qui correspondaient le plus à l’esprit Pornhub. Certains artistes étalaient grassement leurs notions vagues du porno en énumérant le nom de différentes pornstars, de différentes positions ou encore la liste de tout ce qui leur filait la gaule. Dans son titre « Can’t Stop Watching Pornhub », Young Day Day donne l’impression de lire une sidebar d'un site lambda : « Vendredi, double pénétration. Samedi, j’ai envie d’une blonde. Dimanche, je veux une étudiante. Où sont les blanches ? » OK mec.

Et pourtant, ces artistes m’ont, bizarrement, fait de l’effet. Regarder du porno est une expérience très solitaire, et j’étais en train d’écouter ces artistes de tous les coins du pays me parler de la pratique qui consiste à regarder deux personnes (ou plus, selon ses goûts) rapprocher leurs corps nus pour ne faire qu’un. C’est dingue comme parfois je me suis reconnu dans les textes.

Jordan Royale (un blase véritablement taillé pour le porn) m'a par exemple touché en plein coeur avec ces lignes : « J’aime regarder des pornos quand j’ai passé une mauvaise journée. C’est comme si j’extériorisais ma peine. » Oui, Jordan Royale. OUI. Prenons une maison ensemble en bord de mer, tu me comprends mieux que ma propre famille, mes amis ou ma thérapeute Dr. Gina Sussmann.

Après avoir passé plusieurs heures à écouter ces titres et à remplir des formulaires de notation, j’ai senti une connexion s’établir entre moi, T-Pain et tous les autres, de Jordan Royale à Maserati Nick, en passant par les Bootleg Black Guys, sans oublier le Dr. Gina Sussmann et les 500 millions de visiteurs qui vont sur Pornhub chaque jour. Et bien sûr, j’étais en connexion avec moi-même. Comme si l’univers se résumait en fait à une énergie cosmique mêlant porno et auto-tune.

Le 16 janvier, Pornhub a annoncé le nom des deux gagnants ex-aequo : le rappeur Jordan Royale (ah !) et la rockeuse Mihannah Zhang. Ils remportent 5000 dollars chacun. Un pas de plus vers la parité, et un beau pied de nez à tous les détracteurs du site. Fantasmique.


Dan Ozzi est sur Twitter, comme tous les types normaux - @danozzi

Le 16 janvier, Pornhub a annoncé le nom des deux gagnants ex-aequo : le rappeur Jordan Royale (ah !) et la rockeuse Mihannah Zhang. Ils remportent 5000 dollars chacun. Un pas de plus vers la parité, et un beau pied de nez à tous les détracteurs du site. Fantasmique.

Dan Ozzi est sur Twitter, comme tous les types normaux - @danozzi