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Cockpit sonnent l'ère du « grunrage », mélange de grunge et de garage

Ils viennent de Bordeaux, ont une mission rock, leur album a été enregistré par Arthur de J.C. Satàn et il sort le 23 octobre.

Photo – Julien Durigon

Pourquoi se prendre le chou à saluer un quelconque « album de la maturité » alors que tout ce qu'on aime dans le rock, c'est quand c'est urgent, sauvage, sur le fil du rasoir et brut de décoffrage. Avec le premier disque des jeunes bordelais du groupe

Cockpit

, on est servi comme il faut. Sur la pochette intérieure, on trouve cette indication, juste à côté du portrait d'un E.T. raëlien : « enregistré et mixé par Arthur Satan et masterisé par Dorian Verdier ». Voilà : Arthur et Dorian de JC Satàn. Si on cherchait la filiation avec les grands frères JC Satàn, on n'aura pas mis longtemps à la trouver. Avec Johan (guitare/chant), Jules (guitare) et Gaspard (basse), on a causé BMX, saxophone à piston et bien sûr de la meilleure place où s'asseoir dans un avion.

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Noisey : Dieu sait si les musiciens sont imaginatifs quand il s'agit de décrire leur came. Vous avez opté pour un terme inédit : le « grunrage ». Je suppose qu'il s'agit de l'amalgame du grunge et du garage?
Jules : C'était surtout pour dire qu'on ne fait pas juste du garage, en gros.
Johann : Ouais, on a trouvé ça au début, dès les premières répètes. Pour préciser qu'on faisait une musique plus large que le garage comme on pouvait l'entendre.

Vous vouliez vous démarquer du trip garage omniprésent ?
Johann : L'appellation « garage » n'a plus vraiment de sens, je trouve. C'est là d'où on vient, donc on ne peut pas le renier. Il y a encore des groupes qui font ça et qui nous plaisent, mais disons que pour nous, c'était bien, mais pour débuter.
Jules : Après, tu grandis et tu as envie d'évoluer vers quelque chose de plus personnel.
Johann : Dans le garage, on s'en branle de tout, on enchaîne les compos. Il y a ce côté quelque peu fastoche. Mais bon, ça partait plus d'une blague qu'autre chose, quand même, ce terme de « grunrage ».
Jules : On n'avait pas réfléchi en profondeur à faire naître un mouvement complet, avec ses fringues, avec sa bouffe, avec ses poètes, avec ses drogues…

Ça fait pas un peu ringard de se dire « grunge » en 2015 quand même ?
Jules : Ringard, ouais, mais en même temps ça définit bien ce qu'est un groupe qui n'a pas peur de mettre des grosses guitares, sans avoir un son metal. Un gros son de guitare, bien plein.
Johann : C'est plus pour exprimer notre côté gros son, assez saturé, et aussi pour faire ressortir notre côté nineties, dans la façon dont notre musique est arrangée. Nineties, mais plus bourrin que juste du shoegaze où il y a un mur de son mais des mélodies assez lentes et planantes. Toutefois, on est trop rapides pour être un vrai groupe de grunge. D'où « grunrage », car les rythmes restent garage/punk !
Jules : Dans « grunrage », on peut aussi trouver le mot « shoegaze ».

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Euh, non, il n'y est pas. Tu veux peut-être parler du « grungaze » ?
Jules : Ah oui, c'est ça.

Votre album se conclut sur « Autofella », un morceau au feeling presque cold wave ?
Johann : Carrément, surtout au début.
Jules : C'est un des morceaux intéressants de l'album. Il sort du lot. Il préfigure un peu ce qu'on va faire ensuite. Des nouveaux morceaux un peu plus étiolés. Un peu calmes et cold qui montent, par paliers. Plus nuancés.
Johann : Mais il y aura toujours une part de garage dans notre musique dans tous les cas, quoi qu'on fasse.

Les autres morceaux de l'album sont bien plus bruts.
Johann : Ce qu'il faut savoir, c'est que cet album a été enregistré il y un an. Faut dire qu'on a bien galéré. Depuis on a pas mal bossé et on a déjà les deux tiers d'un nouveau disque.

Vous avez enregistré où ?
Johann : Là où on répète, un grand hangar squatté par les BMX Bandits. Il nous laissaient profiter d'un local qu’un ami a entièrement retapé et on y est toujours. On s'entend bien avec eux. On a joué pour eux plein de fois. Et c'est donc là où on a enregistré avec Arthur des JC Satàn. Les BMX bandits de Bordeaux. Comment vous le connaissiez ?
Johann : Des concerts. Et c'est un des meilleurs potes de mon frère, ça a joué.
Gaspard : Du coup on est aussi tous devenus hyper potes.

Vous le connaissiez comme producteur ?
Gaspard : Dans JC Satàn, c'est lui qui enregistre tout, avec Dorian. Il a aussi enregistré le premier album de Pierre Et Bastien, Amphetamine Penis, le dernier Kiss Kiss Karate Passion…
Johann : Il a enregistré les deux Strange Hands, les Complications… Il a enregistré pas mal de groupes.

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Pour le prochain disque, celui dont vous avez déjà écrit les deux tiers, ce sera rebelote ?
Johann : On va aller encore plus loin. On sait plus ce qu'on veut, nous, et on le connaît mieux, lui. La communication sera meilleure et ça va largement mieux sonner.

Il n'a jamais parlé de vous emmener sur la route, avec JC Satàn ?
Johann : On en a déjà parlé, si, mais après faut que ça se goupille.
Jules : C'est compliqué, entre le tourneur, les trucs qu'ils ont déjà prévus, tout ça.
Johann : En fait, on l'a déjà pris, juste lui, sur la route, pour une petite tournée qu'on avait montée avec le groupe Cheaap, d'autres mecs de Bordeaux. On s'est bien marrés.

C'était quoi son rôle sur la tournée ?
Jules : Coach.
Johann : Coach boissons. Et gestion du sommeil.

Il est bon à ce poste ?
Jules : Excellent. 10/10.
Johann : On n'a pas dormi. Sur la dernière date à Poitiers, je n'avais plus de voix. C'est Jules qui dû chanter. Après JC Satàn, je vais vous citer un autre groupe majeur bordelais, mais plus vieux : Mush, pour qui vous avez ouvert le soir de leur concert de reformation-anniversaire. Vous vous êtes retrouvés là parce que vous êtes de leur famille ou quoi ?
Gaspard : Ben oui. Je suis le fils du saxophoniste de Camera Silens, dont on retrouve la section rythmique dans Mush. Du coup, ils me connaissaient bien.
Johann : C'était cool. Premier concert sur une grosse scène.

Le cinquième membre de Cockpit.

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Vous jouez surtout dans des bars, sinon ?
Gaspard : On joue très fort. On a un batteur qui tape très fort, et on est obligés de se mettre au niveau. Il vaut mieux qu'on ait un bon système son, et qu'on ne joue pas trop près du comptoir.
Johann : Alors les bars, ça ne devient plus trop jouable. S'il y a du carrelage et de la voûte, c'est chaud.
Gaspard : On est déjà chiants.

Pourquoi avoir attendu autant pour sortir cet enregistrement ?
Johann : Ce qui nous a retardé, c'est de nous mettre d'accord sur la pochette du disque.
Jules : On a fait appel à Raph Sabbath. Il adore dessiner des trucs assez trash. On a fait des brainstormings infinis pour le recadrer. On est partis sur un jacuzzi/chiottes avec des nanas. Pour le devant, on voulait un truc qui fasse bien américain alors on a pensé à une chaise électrique. Et la typo est de LL Cool Joe.

Pas de délire autour de l'aviation ?
Gaspard : On a déjà tout épuisé autour de ce thème.
Johann : Pour fêter notre soixante-neuvième like sur Facebook, on a posté une photo d'une scène porno dans un cockpit.

Normalement, il est interdit de poser la question suivante aux groupes, sauf quand ils en sont à leurs débuts. Donc c'est encore autorisé aujourd'hui : pourquoi avoir choisi ce nom de Cockpit ?
Johann : Il fallait trouver un nom dans l'urgence. Juste avant notre premier concert, justement. On nous a demandé comment on s'appelait pour qu'il y ait notre nom à temps sur les flyers. Jules a pensé a Cockpit. J'ai dit « ça me va ».
Jules : Ça va super vite. C'est la meilleure place dans un avion. T'es jamais malade. Tu as la meilleure vue et les meilleures sensations.

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Vous avez quand même googlé avant pour voir s'il n'y avait pas un autre groupe avec le même nom ?
Johann : On l'a vu après. Il y a un groupe de meufs des années 2000. Des rockeuses avec des tattoos.
Gaspard : Bien craignos. Toutes en petite tenue et avec un bon slogan : « Mission To Rock ».
Jules : C'est un peu les mères d'Avril Lavigne.

L'autre Cockpit.

Tout en gardant les pieds sur terre, quel truc bonnard aimeriez-vous qu'il vous arrive
Jules : Jouer dans l'espace.
Gaspard : Sortir un truc sur Sacred Bones ou Born Bad.
Johann : Voilà. Ça, c'est deux bons projets réalistes.

Le CD et vinyle 12" de Cockpit sort le 23 octobre sur la triplette Adrenalin Fix/Barbarella/Bordeaux Rock.

La release party aura lieu à Bordeaux le vendredi 16 octobre à l’Heretic Club.
Cockpit seront aussi à Paris le 4 décembre prochain à la Mécanique Ondulatoire.

Gwardeath voyage plutôt dans la queue de l'appareil. Il est sur Twitter.