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Music

Le label Radio Raheem roule pour le NYHC

Tout pour le triple A : Agnostic Front, Antidote et The Abused.

1983 fut une année charnière pour le hardcore new-yorkais. Agnostic Front balançaient leur premier 45 tours,

United Blood,

Antidote lâchaient les fauves sur

Thou

Shall Not Kill,

et The Abused sortait leur célèbre EP,

Loud and Clear

. Ces 3 disques de dix minutes chacun donnaient réellement envie de coller des pruneaux à tout le monde et ont contribué à définir ce qu'on appela un peu plus tard le NYHC, un style de hardcore dur, lourd, frénétique.

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À cette époque The Abused étaient quatre adolescents, menés par Kevin Crowley, un chanteur marmule qui lanca la mode des gants de chantier et des chaînes de moto sur scène, également doué dans le maniement du crayon comme en témoignent les visuels mortels qu'il signait pour son groupe (on lui doit aussi le logo

NYHC

repris depuis par les agences de com spécialisées dans le burger ou le T-shirt à message en coton bio).

La première ligne du titre éponyme de leur EP,

Loud And Clear

, peut être considérée comme le passage le plus crucial du youth crew hardcore :

«

Won’t be pushed around no more cause I know I’m not alone

»

. Ce sentiment allait bientôt être partagé par une légion de groupes hardcore (qui allaient aussi malheureusement devenir ultra génériques).

Si

United Blood

et

Thou Shall Not Kill

avaient déjà eu les honneurs de nombreux bootlegs et repressages, il aura fallu attendre 2013 pour que

Loud and Clear

bénéficie enfin d'une réédition décente (si on passe outre l'OPA du label allemand Lost & Found sur le HC américain dans les années 90), grâce à Radio Raheem— un label spécialisé dans le vinyl qui a déjà ressorti la démo des géniaux

The High and The Mighty

et les morceaux crossover oubliés de

Sacrilege

.

Nous avons discuté avec Chris Minicucci, le boss du label, à propos de The Abused et de la naissance du hardcore maléfique.

Noisey : Les 5 secondes du

«

Blow Your Brains Out » de The Abused symbolisent à la perfection le hardcore du Lower East Side de l'époque : rapide, lourd et vraiment en rogne. Tu sens un nouvel engouement pour ce style ?

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Chris Minicucci :

Je suis tous ces trucs depuis un paquet d'années, et je ne crois pas qu'un quelconque pan de cette scène ait déjà subi un manque d'intérêt. Il y a toujours eu des fans de tous les sous-genres du NYHC - la première vague, le youth crew, les groupes de chez Revelation Records, les trucs plus heavy des 90's - et je ne vois pas cet engouement s'arrêter de si tôt. Le NYHC est une scène immense, qui existe depuis un bail avec des groupes très accessibles, tous styles confondus. Je constate plutôt que le hardcore du début des 80's, dans sa globalité, intéresse de plus en plus de jeunes aujourd'hui, et New York possède ses légendes dans la période 1981-1983, donc je n'appelerai pas ça une résurgence mais un simple regain d'intérêt.

Les artworks de Kevin Crowley sont tarés. Il bosse toujours ?

Ça fait des années que je n'ai pas vu une nouvelle pièce de lui, à ce que je sais, il n'est plus très actif ces derniers temps. Quelques nouveaux groupes que je connais ont essayé de l'approcher pour qu'il leur dessine une pochette, mais c'est un mec rangé avec un job à plein temps, donc j'imagine que c'est un peu difficile pour lui de trouver du temps à consacrer à son art. Un des meilleurs trucs qu'il nous avait envoyé pour le layout du LP était une pièce qu'il avait intitulé

La création du logo New York Hard Core

,

et qui consistait en un amas de gribouillages sur un bout de calepin, des essais qui tentaient de designer un logo/symbole pour la scène de l'époque. Il y en a quelques uns qui sont incorporés dans l'insert du LP (avec la photo de Kevin superposée) et c'est cool de voir comment ce symbole, qui est devenu universel, a été conçu et a évolué.

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Comme toutes les bonnes rééditions, le disque contient des annotations assez folles, accompagnées de vieilles photos et flyers. Comment as-tu récupéré tout ça ?

Le matériel récupéré vient d'un peu partout : des membres du groupe, des amis du groupe, des vieux de la scène, de vieux fanzines, d'eBay, de Facebook. On a fouillé partout et on a quasiment utilisé tout ce qu'on a trouvé. C'est souvent rageant de découvrir des trucs après coup, donc j'ai pour habitude de faire traîner la finition des layouts aussi longtemps que possible avant de les envoyer à l'impression. Sur le LP de The Abused, je voulais vraiment que le livret soit le plus détaillé possible, donc on a vraiment dû creuser bien profond avec l'aide d'une bonne douzaine de personnes. On a eu du bol que Kevin ait gardé tous ces croquis originaux et qu'il ait conservé en plus

quelques pièces

inédites

. Il a pu, en plus, nous envoyer des scans parfaits de tout ça -ce qui arrive rarement.

Le nom de ton label est une référence au film de Spike LeeDo The Right Thing, un film très New-York, mais qu'on n'associe pas vraiment au punk et hardcore.

C'est mon partenaire de label, Rich, qui a trouvé le nom. À la base on voulait s'appeler Kick To Kill, et le logo était une Doc Marten qui détruisait un mur - dans un délire Kool-Aid Man - qu'on avait récupéré d'un vieux single de oi! anglais. On voulait d'abord presser un 45 tours d'un vieux groupe du Midwest pour notre première référence, mais ça ne s'est finalement pas fait à cause d'un ancien membre du groupe qui faisait chier. On a donc décidé de tout abandonner et de repartir à zéro. Puis Rich est arrivé avec le blase Radio Raheem. Il voulait qu'on ait un nom moins cliché, qui ne nous limite pas à un seul genre musical, et en même temps le nom était un peu bancal, pas hyper sérieux. Rich habite à Bedford-Stuyvesant, le quartier où se déroule le film de Spike Lee. Cette idée lui est venue comme ça, et on a tous les deux trouvé ça cool. Mon pote Jayballs s'est chargé du logo et l'affaire était dans le sac.

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Vous allez sortir quoi prochainement ?

Un LP de

NYC Mayhem

. Leur discographie est sortie sur le label Hell's Headbangers il y a quelques années, sur un double-CD assez balaise, mais je ne crois pas que beaucoup de gens du hardcore l'aient chopé, parce que c'est sorti sur un label metal. Après, on a plusieurs trucs en attente qui sortiront, on l'espère, avant l'été. Dans ce qui est déjà confirmé, il y aura un LP de Fate Unknown [un groupe hardcore de Detroit du début 80's qui n'a jamais sorti un seul disque], un LP de SHOK

[du NYHC du milieu des 80's comprenant le célèbre artiste Sean Taggart]

et des EPs de Youth Patrol

[un vieux groupe de Detroit avec des membres de Negative Approach]

et Vile

[les fameuses têtes brûlées de Boston]

. Il y aura d'autres surprises intéressantes plus tard. Si tout se passe comme prévu, ça nous fera un catalogue bien varié.

La réédition de The Abused est disponible sur Radio Raheem ou chez Distort Distro.

Si vous ne connaissiez pas Tim Scott, écoutez son émission de radio Teenage Hate sur RRR