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Music

Cheveu raconte la face B de son nouvel album, Bum

Partouzes, Alain Delon, clochards psychotiques, et Lord Kossity.

Après avoir parlé drogue et violence hier, pour la face A, on continue l'exploration de Bum, le nouvel album de Cheveu, en compagnie de David (chant/machines), Etienne (guitare) et Olivier (machines), avec -en toute logique- la face B, et ses histoires de partouzes chez Pompidou, d'assassinats chez Alain Delon, et de faux plans chez Lord Kossity. 01. ALBINOS

Olivier :

À la base c’était un peu notre morceau drum & bass, mais surmixé façon Prodigy, et mélangé à du Wooden Shjips. Sauf qu’à l’arrivée c’est pas du tout ça.

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Etienne :

Au milieu, il y a un break piqué à « Let There Be Rock » d’AC/DC, un morceau qu’on reprenait au tout début de Cheveu.

David :

Les paroles viennent d’un monologue de

Gummo

, le film d’Harmony Korine. C‘était censé être juste un point de départ, mais je suis resté dessus tout le morceau.

Olivier :

Il y a une idée de puissance dans ce titre, de « rock absolu ». Pour le clip, j’ai commencé à faire un montage d’images, avec des étalons au ralenti et du

creative breaking

, mais je suis pas encore certain de l’assumer, vu que c’est nettement moins léché que les autres vidéos.

02. MADAME POMPIDOU

Les paroles font référence à l’affaire Markovic ou pas du tout ?

David :

Si, si, à fond. C’est tout le truc de l’innocence, de l’honneur bafoué, de cette femme hyper bien sous tous rapports, censée être une icône franco-française, classe, un peu sainte nitouche, qui se fait pourrir sa réputation à coups de photos truquées prises dans des partouzes. Et puis, il y a tout ce truc ambigu autour de Pompidou, collectionneur d’art contemporain, ancien banquier chez Rothschild, qui roulait en Porsche… Et l’histoire de l’affaire Markovic est géniale, tout part du garde du corps d’Alain Delon retrouvé mort dans un sac poubelle en banlieue, et de là tu te retrouves dans une histoire de mafia corse liée aux renseignements généraux, et ça se termine par un déballage de photos porno truquées. C’est le truc qui motivera Pompidou à refaire campagne pour se venger, parce que tout avait été monté par des mecs de droite pour le couler. Le morceau présente un peu les deux côtés du truc, avec le couplet hyper gentil :

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« Elle est belle / Elle aime son homme »

, et la grosse voix sur le refrain qui fait

« Danse ! Danse ! »

, avec les samples de claques sur les fesses.

Olivier :

On avait essayé d’avoir Lord Kossity pour faire la grosse voix. Ça a failli se faire, on avait convenu d’un rendez-vous et tout, mais il n’est pas venu.

David :

Tu sais pourquoi ? Parce qu’il avait sport. [

Rires

] Bon, on a une autre version qui est qu’il est bien venu et qu’il a enregistré sa partie, mais qu’on ne l’a pas utilisée parce que c’était trop mauvais. [

Rires

]

Etienne :

Au départ, le morceau s’appelait

« Worms »

, il avait été composé pour la B.O. du film

Les Apaches

.

David :

Bizarrement, JB de Born Bad n’est pas très fan de ce morceau, alors que, pour nous, c’est un des plus efficaces du disque.

Olivier :

On a énormément bossé sur les rythmiques à la prod. Laurent de Boisgisson, notre ingé-son, a rajouté énormément de petits détails dessus. Il a notamment collé des subs assez dingues.

Etienne :

Et un solo de darbouka du meilleur effet, joué par Francesco Pastacaldi, du groupe

Jean Louis

, qui avait déjà joué sur « Push Push In The Bush Bush » de

.

03. MONSIEUR PERRIER

David :

Je ne sais pas trop par où commencer avec celui là. Le titre est un peu énigmatique, parce qu’il n’y a pas vraiment de paroles, juste ce refrain qui lance un truc mais qui ne débouche finalement sur rien de précis. C'est presque un genre d’interlude. « Monsieur Perrier », ça vient d’un bouquin de Philippe De Clerck, qui avait trainé avec les clochards, fin 70-début 80, notamment dans les foyers à Nanterre. Souvent, ces types étaient des psychotiques, des mecs un peu fous, et monsieur Perrirer, c’était un de ces mecs-là, un clochard qui entendait des voix. Au début, on avait prévu de coller des voix un peu bizarres, evanescentes, qui interpellaient monsieur Perrier, pour recréer tous ces trucs censés se passer dans sa tête. Maya [

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Dunietz, voir

Face A

] avait enregistré des trucs dans ce sens, mais à l’arrivée, ça donnait un truc super chaotique et brouillardeux, qui ne marchait pas si bien que ça.

04. BLOOD AND GORE

Olivier :

Sur celui-ci, ce sont les parties d’orgue de Xavier [

Kleine, voir Face A

] qui font tout ou presque, puisque ce sont les plans qu'il joue sur le refrain qui ont vraiment fait décoller le titre. Il y des drones assez dingues. J'ai juste édité et agencé l'ensemble. Tu as un break un peu

New York 1997

aussi.

Etienne : L’idée de départ, c’était de sonner comme la batterie de Dave Grohl sur

In Utero

de Nirvana.

Effectivement, c’est le morceau le plus massif, le plus lourd du disque. Et les paroles ?

David :

C’est purement un truc d’ambiance, très noir, très violent. Le gout du sang, du gore… Ça tourne autour de ça, c'est un peu un exercice de style, comme « Stadium », qui tournait autour de l’idée de « nerd hédoniste ».

Olivier :

On avait déjà fait ça, d'une certaine façon, sur notre premier album, avec « A Great Competitor »

Etienne :

Et on pensait le mettre en dernier, parce que c’était un bon morceau de fin, bien violent, bien chaos.

05. JOHNNY HURRY UP

Alors justement, la fin, on y vient. Je crois que c'était une nettment meilleure idée d'avoir fini sur « Johnny Hurry Up ». C’est probablement mon morceau préferé du disque, un genre de synthèse parfaite de Cheveu, un très bon morceau pop, complètement anormal et gracieux à la fois.

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David :

Finalement, je réalise qu’on ouvre et qu’on termine sur deux titres très pop…

Olivier :

Mais tout le disque est assez pop, en réalité.

Etienne :

Le truc marrant, c’est que ce morceau est, paradoxalement, basé sur le pont d’un morceau ultra-bourrin dont on ne s’est jamais servis.

Olivier :

Les chœurs sont assez dingues, on a été hyper impressionnés quand on les a entendus.

David :

Surtout que c’est presque parti comme une blague, une truc un peu parodique. Et au bout d’un moment, on s’est laissé entraîner, dans le plaisir de ce truc hyper beau, qui roule tout seul…

Olivier :

…genre comédie musicale…

Etienne :

…un peu gospelisante…

Olivier :

…d’Amérique du Sud [

Rires

]

Etienne :

L’histoire du morceau vient d’une blague, un concert en Angleterre avec Dirty Projectors, un groupe dont on est pas hyper fans. Le concert a été une catastrophe, ils avaient demandé de vider les loges, parce qu’ils faisaient du yoga avant de monter sur scène, et on avait des potes qui avaient collé des tranches de saucisson au plafond, qui leur sont tombées dessus pendant qu’ils faisaient leur yoga.

David :

Ça a été un des tournants ratés de notre carrière ce show. On était censés assurer et on était complètement bourrés, c’était un désastre total.

Olivier :

Il y a un mec de Scritti Politti qui a écrit un article entier sur notre prestation. Il disait que de toute sa vie, il n’avait jamais vu un truc aussi dégueulasse [

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Rires

]

Plus de Cheveu jeudi et vendredi.

Bum

est disponible depuis hier sur Born Bad. C'est ton futur disque préféré, celui que tu vas écouter en boucle durant les 20 prochaines années. Tu peux le commander ici. Cheveu fêtera la sortie de Bum ce jeudi 6 février à la Maroquinerie. On a des places à vous faire gagner ici.

Lelo Jimmy Batista est le rédacteur en chef de Noisey France. Il a vu des tas de trucs bien plus dégueulasses qu'un concert de Cheveu. Il est sur Twitter - @lelojbatista