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Brett Novak fait les plus belles vidéos de skate de l'Univers

Parce que les tricks sur un escalier décrépi en Inde au coucher du soleil, ça envoie quand même plus que les compétitions sponsorisées par des boissons énergisantes.

Photos - Kelton Woodburn

Dans l’univers des vidéos de skate qui ressemblent de plus en plus à des blockbusters fauchés dont les failles ont été colmatées par quelques sponsors et des casquettes siglées, Brett Novak joue le rôle du réalisateur indé, dont les films sont uniquement projetés dans un petit cinéma en bas de la rue. Le vidéaste, basé à Los Angeles, a une approche du skate plus réfléchie que celle de ses contemporains, et le résultat est littéralement à tomber. Contrairement à la majorité des vidéos de skate, qui se focalisent exclusivement sur les tricks, celles de Novak s'intéressent aux éléments et à l’environnement qui entourent le skateur. Le résultat : des films extrêmement personnels, et très cinématorgaphiques, tournés dans des décors inhabituels, le réalisateur préférant les étendues désertiques et les parcs de loisirs abandonnés aux paysages urbains typiques de New-York et Philadelphie. Même ma mère aurait envie de monter sur une planche après avoir vu l'un de ses films.

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Ces courts métrages sont les plus belles vidéos de skate qu’il m’ait été donné de voir.
Wow, merci beaucoup.

Comment as-tu développé ce style ?
Je ne pense vraiment pas avoir essayé de créer le moindre style. C’est juste venu naturellement. Plus tu te forces et moins ça vient, c'est toujours comme ça. Je skate et je filme depuis que j’ai 14 ans. Je n’ai jamais fait ça parce que c'était cool ou quoi. C'était juste ce que j'avais envie de faire, et je m'en foutais que ça plaise ou non aux autres skateurs. Et puis, j'ai fait de la vidéo mon métier, et là, j'ai pu allier ma vision des choses à la technique. Je travaillais pour une boite de production et j’ai démissionné, il y a quatre ans, pour me remettre à bosser sur le skate. J'ai le temps, autant en profiter.

On dirait que tu préfères les skateurs techniques plutôt que ceux qui font de bons gros tricks. Dans tes vidéos, on voit plutôt des types qui font des figures assez subtiles sur une boîte ou un morceau de bois, plutôt que des grinds sur des rails de 300 mètres. Pourquoi ?
Je pense que c'est juste une question de goûts. Quand j’ai commencé le skate, c’était le style qui me plaisait. J’ai grandi au beau milieu du Midwest, pas loin de Chicago, avec des skaters de banlieue, et je ne sais pour quelle raison, j’ai développé une obsession pour le skate freestyle, un genre qui est mort il y a à peu près 20 ans. Le truc, c’est qu’on faisait du freestyle dans les années 80, mais les skaters de rue ont voulu s’en éloigner parce que ça devenait mainstream et que tout le monde faisait les mêmes merdes. C’était devenu chiant, en gros. Donc, les skaters ont commencé à organiser de grosses compétitions, sur de nouveaux terrains. Je pense qu'on est face au processus inverse. Ce qui était nouveau il y a 20 ans s’est standardisé – exactement comme ce que à quoi ils essayaient d’échapper à l'époque. C’est cool, bien sûr, mais je m’en suis lassé. Ils rident des escaliers et des rampes, et c’est super extrême, mais moi je suis là à demander : « Est-ce qu’il y a quelqu'un qui fait des trucs sur des arbres ? »

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Un truc que j’adore dans tes vidéos, c’est qu’elles montrent bien l’isolement dans le skate. Est-ce que c’est intentionnel ?
Tu veux dire, l’isolement social ?

En fait, je ne sais pas si tu as remarqué, mais dans tes vidéos, il n’y a, en général, personne d’autre que le skateur à l’image.
Je suis vraiment content que tu me le fasses remarquer. C'est vrai qu’il n’y a presque jamais personne en arrière-plan. J’ai une formation en effets spéciaux, ça a été mon boulot pendant des années. Forcément, quand je filme dans n’importe quelle ville, il y a toujours des gens dans le champ. Et dans presque chacune de mes vidéos, j’ai enlevé ces personnes à l’arrière-plan. Je ne veux pas qu’il y ait des éléments de distraction dans mes films.

Je ne veux pas que ces vidéos se prennent trop au sérieux. En tant que skateur, je sais ce que c’est d’avoir 16 ans, de sortir de son job pourri au supermarché du coin, de retrouver le parking couvert de neige et de skater seul, en pleine nuit, à deux heures du matin. Donc, même si je filme ces gars dans d’autres pays, c’est le même sentiment. Le but n’est pas de les présenter comme des demi-dieux. C’est presque comme si tu ne les regardais non pas eux, mais comme si tu voyais à travers eux, avec leur propre regard.

Tes choix musicaux aussi sont intéressants. Le skate a toujours été historiquement lié au punk et au hardcore, et puis par la suite, au hip-hop. Mais les morceaux que tu utilises sont plus… Comment tu les décrirais ?
Je fais en sorte que mon travail soit contrasté, c’est clair, je prends une route différente de celle que la plupart des gens empruntent. Je choisis les titres un pu au hasard, en fonction de ce sur quoi je tombe. À partir du moment où ça me semble caler avec la vidéo, je prends. J’ai clairement un faible pour la musique cinématographique. J’aime que ça raconte une histoire. Dans mes vidéos, la plupart du temps, je ne raconte pas de vraies histoires. C’est davantage comme une œuvre d’art, dans une galerie. Ça n'a rien de clivant ou de provocant. Je ne veux pas dire par là que c’est sans danger, mais je n’ai pas pour objectif d'aliéner les gens avec mes films.

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Avec quel genre de vidéos de skate as-tu grandi ?
Les cassettes que j’ai le plus regardé, c’était Blackout de Black Label et Yeah Right ! – c’est Ty Evans qui a réalisé cette vidéo pour Girl.

Quelles sont tes vidéos préférées, parmi celles que tu as filmées ?
C’est dur. J’ai un faible pour chacune d'entre elles, à cause de l’expérience que j’ai vécue en les faisant. C’est une question réellement difficile. Celle en Inde, s’il fallait choisir, ça serait ma préférée pour son processus de réalisation. Ça a été une expérience qui a changé ma vie.

Tu filmes dans pas mal de lieux assez exotiques – est-ce que quelqu’un te paye pour faire ça, ou tu te débrouilles tout seul ?
Dans 90 % des cas, je me débrouille seul. Je veux dire, j’ai quelques vidéos sponsorisées. Celles dans le parc aquatique a été payée par Mercedes, mais ce n’était pas du tout intrusif.

Quel est le meilleur conseil que tu donnerais à un aspirant réalisateur ?
Oh mec, wow. Pour moi, la chose la plus importante que quelqu’un m’ait dit est de ne jamais oublier que ce qu’en tant que réalisateur – et c’est valable pour tous les artistes – tout découle de nos connexions avec les gens. On est une espèce sociale, on dépend littéralement de notre coexistence. Au final, tout est une affaire de relations entre personnes.

Et à un jeune skateur ?
Arrête de penser aux sponsors. Et c’est pareil pour la réalisation. Si tu es juste dans ce business pour obtenir une récompense, tu ne l’auras pas, parce que ça t’importe trop. Si tout ce qui t’importe, c’est le skate, tu arriveras à en tirer quelque chose.

Checkez la chaîne YouTube de Brett.

Dan Ozzi ne pleure pas parce que ces vidéos sont magnifiques, mais parce qu’il n'est plus assez agile pour taper des 360 flip. Il esy sur Twitter - @danozzi