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Music

Bob Gruen a joué du clairon avec le Clash et pris quelques-unes des photos les plus célèbres de l'histoire du rock

Il nous a parlé de son documentaire sur les New York Dolls et de la façon dont Sid Vicious réagissait aux coups de poings.

The Clash, 1979.

Le premier truc à savoir sur Bob Gruen, c'est qu'il a joué du clairon avec le Clash. Le second, c'est qu'il a pris quelques-unes des photos les plus célèbres de l'histoire du rock. John Lennon en a fait son photographe personnel dans les années 70, ce qui a donné, entre autres, cette fameuse photo de Lennon en T shirt New York City. Bob Gruen a également pris cette photo de Sid Vicious en sang, et durant une soirée très particulière en 1975, il a aussi immortalisé la gigantesque bite de Mick Jagger.

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Bob Dylan, 1975.

Gruen s'est mis à la photographie au milieu des années 60, alors qu'il vivait à Greenwich Village. Il s'est lié d'amitié avec les groupes de la scène folk locale, parmi lesquels on trouvait les Lovin’ Spoonful and les Magicians, et a shooté son premier concert en 1965—Bob Dylan au Newport Folk Festival. Peu de temps après, Ike Turner a choisi Gruen pour photographier Tina Turner, et tout s'est emballé. Bob a photographié les Stones, Bowie, et Led Zeppelin à leurs touts débuts, et c'est en devenant le photographe atitré de John et Yoko qu'il a rencontré ce groupe de messieurs lourdement maquillés qui se faisaient appeller les New York Dolls.

Bob a été le premier à réellement documenter le parcours des Dolls. Il est responsable de quelques-unes des toutes premières photos du groupe, prises en 1973, et il les a accompagné sur leur première tournée californienne. Gruen s'apprête justement à sortir un documentaire sur cette tournée, intitulé New York Dolls, All Dolled Out et basé sur des images qu'il a lui-même tournées à l'époque. J'ai appelé Bob parce que je suis maladivement jaloux de sa vie et que j'avais deux ou trois choses à lui demander à ce sujet.

Les New York Dolls au Real Don Steele Show, 1973.

Noisey : Comment as-tu rencontré les New York Dolls ?
Bob : John Lennon travaillait avec le groupe Elephant’s Memory et ils étaient managés par la même compagnie qui s'occupait des New York Dolls. Un jour, j'apportais des photos à leurs bureaux et quelqu'un m'a juste dit « hey, il faut que tu voies ce groupe ».

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Alors, je suis allé au Mercer Arts Center et j'ai complètement halluciné. Durant les semaines qui ont suivi, j'ai pris des photos et des vidéos d'eux. J'ai travaillé avec eux pendant deux ans au total—c'était comme une deuxième famille.

Les New York Dolls au Mercer Arts Center, 1972.

Comment était le premier concert d'eux que tu as vu ?
C'était une des prestations les plus sauvages et chaotiques qu'il m'avait été donné de voir. Ils jouaient dans la salle Oscar Wilde du Mercer Arts Center, avec le public tout autour d'eux. Et ils sautaient partout, en jouant cet espèce de rhythm & blues hyper sauvage et rapide.

Ça t'a choqué de voir ces talons et maquillage ?
Ce genre d'accoutrement n'avait rien de très surpenant à New York City, à l'époque. Et les Dolls font partie des types les plus machos que j'ai jamais rencontré, même s'ils achetaient certains de leurs vêtements au rayon femme. Ils n'étaient pas du tout dans un délire travesti. Ce qu'ils voulaient, c'était ressembler à des poupées. Parce que les filles jouent avec les poupées. Les New York Dolls étaient juste des machos qui voulaient que les filles jouent avec eux.

New York Dolls, 1974.

Dans ton documentaire, on voit des tas de gens les regarder de manière totalement incrédule. Il n'y a jamais eu d'altercations entre le groupe et le public ?
Si, probablement. Ils attiraient pas mal l'attention. Et ils mettaient beaucoup d'hommes très mal à l'aise. Au début des années 70, s'habiller en femme était illégal pour un homme. Alors, forcément, ça faisait flipper des tas de gens.

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Comment était David Johansen à l'époque ?
Incroyable. Tu sais, il y a avait eu tout ce truc avec David Bowie, après qu'il ait déclaré dans une interview qu'il était bisexuel. Ça a fait le tour de monde. Et un jour, un journaliste a demandé à David Johansen s'il était bisexuel. Et il lui a répondu : « Non, je suis trisexuel, j'essaie tout au moins une fois ». Et je peux te confirmer qu'il ne se posait vraiment aucune limite.

Johnny Thunders, 1975.

Et Johnny Thunders ?
Johnny était quelqu'un de très difficile à gérer. Il était totalement autodidacte, c'est pour ça que son jeu de guitare était si unique. Les gens ne réalisent pas toujours qu'il était en fait quelqu'un de très intelligent.

Vers la fin du documentaire, il y a une scène dans laquelle le groupe dit qu'il restera ensemble pour toujours. Ça t'évoque quoi avec le recul ?
Quand tu es jeune, tu t'imagines toujours que l'avenir sera radieux. Mais l'alcool et la drogue ont eu raison des Dolls. Arthur buvait tellement qu'il ne pouvait plus jouer, ni même communiquer avec le reste du groupe. Johnny et Jerry sont tombés dans l'héroïne. Tu ne peux pas travailler avec des gens qui sont dans cet état d'esprit. Ils ont fini par quitter le groupe pour pouvoir se défoncer davantage. Parce que David ne voulait pas de cette vie.

Tu penses que David était plus professionnel, plus conscient de sa carrière ?
David menait une vie très chaotique, lui aussi. C'est juste qu'il prenait beaucoup moins de drogues que Johnny et Jerry. Ils ont cependant mené de brillantes carrières solo, même si elles étaient entâchées de tonnes de problèmes. David ne voulait pas avoir à gérer ces problèmes—trouver des drogues avant chaque concert, voyager avec des gens qui avaient de la came sur eux, etc.

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The Clash, 1976.

Ton travail avec les Dolls t'a permis de découvrir le Clash très tôt, je crois ?
Malcolm McLaren est venu à New York au moment où les Dolls se sont fait virer par leur compagnie de management. Il leur a apporté des fringues. Il s'est débrouilé pour remettre le groupe sur pieds et a envoyé Johnny et Jerry en cure de désintox pour qu'ils puissent faire des concerts et porter ses fringues sur scène. Je suis devenu ami avec Malcolm et quand je me suis pointé en Angleterre en 1976, son numéro était un des deux seuls que j'avais.

Je ne savais rien de la scène punk qui était en train de se mettre en place, parce que c'était vraiment un tout petit truc à l'époque. Malcolm m'a emmené dans cet endroit appelé Club Louise, où traînaient en gros tous les gens qui allaient incarner la scène punk dans les années à venir. Au cours de la première soirée que j'ai passé là-bas, j'ai rencontré Siouxsie Sioux, Sue Catwoman, Billy Idol, les Sex Pistols, le Clash, et tout un tas de gens qui gravitaient autour d'eux.

Sid Vicious, 1978.

Pendant la tournée américaine des Sex Pistols, tu as pris cette célèbre photo de Sid Vicious couvert de sang, avec le torse tailladé. Il s'est passé quoi au juste ?
C'est le résultat d'un incident assez étrange. Il y avait cette fille au premier rang qui n'arrêtait pas d'appeler Sid. Il est allé vers elle, s'est baissé pour écouter ce qu'elle avait à lui dire et elle lui a explosé le nez. Il est revenu sur scène dégoulinant de sang, avec un grand sourire. Comme j'avais travaillé avec Alice Cooper et Kiss, je pensais, en le voyant sourire comme ça, qu'il s'était fait éclater une capsule de sang dans la bouche. Et puis je me suis rendu compte que c'était du vrai sang. Il crachait du sang sur la fille en question et elle lui crachait dessus en retour. Quand le sang a fini par sécher, il a pris une bouteille de bière, l'a éclaté contre son ampli et a commencé à se taillader le torse. Un roadie est intervenu, il a reposé la bouteille avec une expression genre oh, je suis désolé et il s'est remis à jouer. Après quoi, le groupe lui a gueulé dessus parce qu'on ne l'entendait plus. En cassant la bouteille, il avait involontairement éteint son ampli.

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Sid Vicious, 1978.

Il y a tout un mythe autour de Sid Vicious. Tu pensais quoi de lui, toi ?
Sid était un gentil mec, en fait. Il savait qu'il jouait un rôle sur scène. Il n'était pas comme ça dans la vie de tous les jours. Il n'était pas un très bon bassiste non plus—il était le premier à l'admettre. Ce n'est d'ailleurs pas lui qui joue sur les disques des Sex Pistols, ni sur les siens, mais Malcolm le trouvait bon sur scène. On ne lui demandait pas d'être musicien. On lui demandait d'être Sid Vicious.

Et donc, tu as joué du clairon avec le Clash, vraiment ?
Je jouais de la trompette quand j'étais gamin et j'ai, par la suite, appris à jouer du clairon chez les scouts. Un jour, je suis allé chez Paul Simonon, qui devait m'emmener avec lui à un concert du Clash et il avait un clairon dans un coin de son salon. Je l'ai pris et j'ai commencé à souffler dedans. Il était super étonné : « Wow, tu sais jouer du clairon ? » Et j'ai fait : « Oh, c'est pas très compliqué quand tu connais les bases ». Alors il m'a dit que le groupe cherchait justement quelqu'un pour jouer l'appel aux armes en intro de leurs concerts. Et j'ai dit : « C'est facile, je peux le faire ».

C'était vraiment génial, parce que c'est la seule fois de ma vie où j'ai fait partie d'un groupe, qui plus est un des meilleurs groupes qui ait existé. J'ai joué avec eux deux fois en Angleterre et une fois à New York. Ça fait partie des meilleurs souvenirs de ma vie.
[ New York Dolls, All Dolled Up](http://mvdb2b.com/s/NewYorkDollsAllDolledUpInterviewPictureDiscandDVD/MVD5902LP) sortira le 14 janvier sur MVD.