FYI.

This story is over 5 years old.

Music

Les punks belges envahissent Paris

L'exposition Bloody Belgium nous rappelle que nos voisins nous mettront toujours à l'amende.

Vous vous souvenez peut-être de la compilation Bloody Belgium sortie sur Born Bad en 2011, un projet initié par Poch, spécialiste du pochoir et du collage punk loubard, qui revient aujourd'hui sous la forme d'une exposition homonyme organisée à la Galerie du Jour, cette-fois ci en collaboration avec un autre label voyou, Danger Records. L'expo a lieu jusqu'au 17 mai et mêle créations originales de Poch et photos de Luc Lacroix, qui a suivi la faune punk belge avec son appareil entre 1976 et 1983. Dans la foulée, Danger et Poch Records (oui il a aussi un label) sortiront un EP inédit de Contingent, Homme Sauvage, en 45 tours évidemment. Je leur ai posé quelques questions sur cette belgitude qui n'en finit plus (sans citer une seule fois Plastic Bertrand).

Publicité

Noisey : Pourquoi une expo sur le punk belge ? C’est une scène sous-documentée à votre avis ?

Poch :

Je m'intéresse au punk rock francophone dans son ensemble, donc je ne pouvais pas passer à côté de cette scène. C'est la suite d'un projet commencé en 2011. Une première exposition a eu lieu en mai 2011 à Bruxelles chez Hectoliter, initiée par Elzo et moi.

Durant les recherches d’archives pour cette première expo, j'ai fait la connaissance d'un photographe, Luc Lacroix, qui vit à Liège. Dès que j'ai vu ses photos prises entre 1976 et 1983, je lui ai proposé la réalisation d'un livre mélangeant nos trois univers. Malheureusement, Elzo n'était pas disponible pour la suite du projet, nous le continuons donc à deux… C’est une scène peu connue en France mais très riche, autant musicalement que graphiquement. Trouver une galerie n’a pas été simple, mais la Galerie du Jour paraissait un choix évident (et ils ont été très vite intéressés). Je voulais à la fois que le projet ait lieu en France et en Belgique. Pour l’instant seul Liège et sa « Centrale des Arts Urbains » soutient notre projet et nous accueillera en septembre prochain…

Poch, qu’est ce qui t’a fait tomber dans le son de là-bas ?

Poch :

J'ai commencé à écouter du punk belge à la fin des années 80… Un groupe en particulier m'a marqué : Zyclome A. J'avais une cassette avec l'album

Made in Belgium

dessus, et je l'écoutais vraiment en boucle à l'époque.

Publicité

En quoi la scène punk en Belgique était plus proche de celle de l’Angleterre que la scène française ? Excepté le royaume.

Jeremy [Danger Records] :

Tout a toujours été bien plus américanisé en Belgique qu’en France. D’ailleurs, en Belgique, tu peux avoir accès à des chaînes TV américaines. C’est la même chose avec la culture punk anglaise qui a émergé plus facilement en Belgique, ce qui explique certaines analogies entre la scène anglaise et la scène belge.

Si vous deviez faire un Killed by Belgium, vous mettriez qui dedans ?

Jeremy :

Il y’a déjà eu quelques compilation punk belges dans l’esprit

KBD

. On retient évidement

Bloody Belgium

(la première parue en 1997 au Japon),

Bloodstains Across Belgium

… Pour nous les incontournables :

The Kids – «

I don’t wanna get a job (in the city)

»

Mad Virgins – «

I am a computer

»

Revenge 88 – «

Neonlight

»

Hubble Bubble – «

New promotion

»

Red Zebra – «

I can’t live in a living room

»

Stagebeast – «

Belgium, ain’t no fun no more

»

Elton Motello – «

Jet boy, jet girl

»

Poch :

Zyklome A - «

Angry faces

»

Contingent - «

Vivons très vite

»

Fixator – «

City by night

»

Spermicide - «

Belgique…

»

No man's land - «

Lantin

»

Cell 609 – «

Re-pulsion

»

Vous allez sortir le deuxième 45 tours de Contingent pour l’occasion. Pourquoi ce groupe en particulier ?

Poch :

Leur premier 45 tours est un super bon disque… En plus, Elzo les a fait joué pour le premier chapitre de BLOODY BELGIUM en 2011.Super groupe, super musique, super son… on ne pouvait pas passer à coté

Publicité

.

Jeremy :

Notre pote Jacky (du groupe

Périphérique Est

) nous avait filé une cassette il y a plus d’une dizaine d’années avec l’interdiction de les diffuser (la K7 comprenait les morceaux inédits que l’on sort sur Poch Records/Danger Records, le single « Homme Sauvage » et un LP qui sortira fin 2014). A ce moment là, le groupe ne voulait pas vraiment entendre parler de ces titres enregistrés en 1981. Des titres que le nouveau line-up avait même décidé de réenregistrer lors de leur reformation.Finalement, le groupe s’est rendu compte de l’intérêt historique de cette session inédite. Puis, après le décès du guitariste Eric Lemaitre, en 2012, ça a légitimé encore plus la sortie de ce disque, afin de lui rendre hommage. Bref, lorsque nous avons contacté Contingent, le groupe connaissait déjà Poch, alors la collaboration s’est faite toute seule.

Il reste quoi de cette scène en 2014 ? Tout est tombé dans les mid-80’s ?

Jeremy :

Bonne question… Justement, on parlait du chanteur de Périphérique Est, c’est l’interlocuteur parfait pour faire un état des lieux de la scène punk belge en 2014. Nous on a vite décroché, les trucs belges qui nous ont marqués mid-80’s sont plus dans un courant post-punk, comme Siglo XX, Sovjet War ou encore De Brassers.

Que sont devenus les mecs des photos de Luc Lacroix ?

Poch :

Boule d'Amay, Thiery et Philippe (Grand Capit), Stéphane, Igor, Lucien, le groupe Fixator, Acétylène, qui sont les principaux personnages des photos de Luc, habitent toujours à Liège pour la plupart, à Amay, Huy… Certains sont toujours dans la musique, le rock n' roll… D'autres sont rangés…

L'expo a lieu jusqu'au 17 mai à la Galerie du Jour, 44 rue Quincampoix à Paris. Et c'est gratuit.

EDIT : le 45 tours de Contingent est désormais disponible sur la Bandcamp de Danger Records.

Rod Glacial est lui aussi féru de punk francophone et utilise un rasoir à lames interchangeables. Il est sur Twitter @FluoGlacial