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Non, le bon goût et l'opinion du peuple n'intéressent toujours pas Jennifer Herrema

La chanteuse des Black Bananas continue à faire ce qu'elle veut, quand elle veut, c'est comme ça et pas autrement.

Depuis ses 16 ans, Jennifer Herrema s'efforce de mettre à l'amende 98 % des gens qui osent dire qu'ils sont rock 'n' roll. Après une pétée d'albums avec Royal Trux puis RTX (Rad Times Express), devenu entre temps Black Bananas, l'Américaine n'a plus besoin de convaincre qui que ce soit. Une liberté qui lui permet le genre de pétages de plombs qu'est Electric Brick Wall, deuxième album de Black Bananas sorti cet été chez Drag City, et qui évoque un George Clinton sous MDMA aux manettes d'un album des New York Dolls feat. T-Pain. Le mélange est aussi kamikaze que jouissif et sonne, pour l'occasion, ses retrouvailles avec Neil Hagerty (son binôme dans Royal Trux). À 42 ans, Jennifer est toujours sur bien placé au classement de la street-cred et de la coolitude tout en continuant de sortir de bons disques. L'anti-Kim Gordon en quelque sorte. On l'a interviewée après son concert au Point Ephémère en octobre dernier, un peu « fatiguée » mais très courtoise.

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Noisey : Comment a été reçu votre dernier album ? Est-ce que les vieux fans de Royal Trux ont râlé ?
Jennifer Herrema : Pour moi tous nos albums sonnent pareil et je suis arrivée au stade où je m'en fous de ce que les gens pensent de ce que je fais. Mais les retours ont été bons de toute façon.

Tu as retravaillé avec Neil Hagerty [l'autre moitié de Royal Trux] sur deux morceaux. Comment ça s'est passé ?
On est en contact en permanence, on se parle toujours de nos projets. Là j'étais au studio, il est passé et on a enregistré ces deux morceaux en live. On voulait garder la vibe de cet instant là. On n'a quasiment pas retouché les premières prises.

Entre les groupes revival et les reformations, notre époque est de plus en plus tournée vers le passé. Toi, par contre, je te vois davantage dans une énergie rétro-futuriste qui finit par donner quelque chose de novateur.
Je ne sais pas. J'ai déjà fait tellement de choses, je ne veux pas être dans le pastiche de ce que j'ai déjà fait par le passé. Et j'ai vraiment le sentiment que j'ai encore beaucoup de choses à faire. Après, j'ai toujours eu l'impression que j'avais digéré mes influences musicales, depuis le début de ma carrière. Ça évolue en fonction des instruments que je vais utiliser en studio, surtout. Mais toute cette culture musicale est en moi, je ne cherche pas à conceptualiser quoi que ce soit.

Il y a une grosse influence synth-funk dans ta musique. On pense à Rick James, Parliament, Funkadelic. Comment as-tu été exposée à ces sonorités ?
J'ai grandi à « Washington DC, Chocolate City » tu vois [« Chocolate City » est le nom d'une chanson de Parliament. George Clinton a donné ce surnom à DC en raison de son importante communauté afro-américaine)]. On écoutait ce genre de funk à la radio tout le temps. Et en même temps on allait aux concerts de hardcore, on voyait Minor Threat. C'était super de se confronter à ces environnements très différents dans la même ville. Après c'est ce que je te disais plus haut, on a ça dans le sang. Quand on commencé à enregistrer ces morceaux, il y avait une grosse influence funk mais c'était inconscient. On a trouvé ça super comme ça et on a décidé de ne toucher à rien.

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Tu te préoccupes des notions de bon et mauvais goût dans ta musique ?
Moi-même je n'ai pas vraiment bon goût [Rires]. Je ne suis pas dans la discrimination. Je fais de la musique depuis que j'ai 16 ans et tous mes morceaux n'ont pas le même goût. Après, savoir s'il est bon ou mauvais… Je suis plutôt dans l'inclusion que dans l'exclusion. Ça ne fait d'ailleurs pas très longtemps que les gens l'ont compris et j'en suis plutôt contente.

Tu as écouté Seven Days Of Funk, l'album de Snoop et Dâm-Funk ?
Oui, carrément, j'ai adoré ce disque. Quand on cherchait quelqu'un pour faire le mastering de notre album, on a tout de suite pensé à appeler Brian « Big Bass », le gars qui a fait ce disque. Et on a fini par le faire avec lui, à Hollywood [au studio Bernie Grundman].

Pendant vos tournées, vous jouez avec des groupes super différents, de Kurt Vile à Sleigh Bells en passant par The Kills. Ça se passe comment ?
On fait notre truc tu sais. Après à l'exception de Kurt dans cette liste, tous ces groupes tournent avec un bordel sans nom, c'est le monde de la Pop. Ce sont des gros shows mais nous on ne change pas notre petit truc. On fait la même chose que depuis nos débuts dans notre local de répète. Mais c'est une bonne expérience de jouer devant des gens qui ne sont pas forcément très ouverts d'esprit. Ça nous expose à un public plus jeune aussi. Eux s'en foutent des catégories de genres ou de l'histoire de la musique. Ils veulent juste du chaos et de l'excitation. C'est ce qu'on leur donne.

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Qu'est ce que tu gardes de ta période sur une major ? Certaines personnes pensent que Royal Trux a été le groupe le plus alternatif jamais signé sur une major [des gens qui ne connaissent pas Daniel Johnston, de toute évidence].
Je garde la maison et le studio que j'ai acheté avec leur argent [Rires]. C'était une bonne période. On a fait des super disques, comme on voulait. On a toujours fait les choses à notre façon même quand on était chez Virgin. Personne ne nous a jamais dit quoi faire. On sort le matos et on enregistre, c'est notre méthode. Pas mal de gens devraient bosser comme ça et ne pas se perdre dans la débauche de moyens. Pas besoin d'argent pour faire de la bonne musique.

Tu ferais un disque pour Miley Cyrus ou quelqu'un du genre ?
J'en sais rien. Comme je t'ai dit je ne fais pas de discrimination. Je ne suis pas contre les stars de la Pop. Tu vois j'adore Snoop Dog ou Bone Thugs-N-Harmony. Je suis ouverte à tout en fait. Peut-être bien que je le ferai. Mais bon, dans un contexte mainstream, on se retrouve au milieu d'une grosse entreprise. Il y a des employés et il faut respecter les délais, sinon les gens perdent leurs jobs. On n'est plus dans le même esprit. Et ça enlève une grosse partie de liberté et de créativité.

Il y a une grosse culture hater sur Internet aujourd'hui. Ça te touche ?
Selon moi, si tu n'as pas de choses positives à dire, ne le dis pas publiquement. Ça emmène juste de la négativité. Les réseaux sociaux c'est pas notre truc et je ne m'étends jamais dessus. L'avis de la masse ne m'intéresse pas.

J'ai lu que tu avais un dayjob à Playboy ?
Oui, je suis styliste pour eux depuis 5 ans. Je bosse avec un photographe de mode, qui est un bon pote. Il m'a demandé de bosser avec lui sur une campagne pour le Playboy français. Les américains l'ont vu et je bosse pour eux maintenant. Ca me prend 4/5 jours par mois, je fais ce que je veux et je palpe pas mal donc c'est plutôt cool.

Pour finir, quelle est ta chanson préférée au monde ?
Oh merde c'est dur [Rires]. Je vais te donner ma préférée du jour : « Then Came The Last Days Of May » de Blue Oyster Cult. Adrien Durand ne signera jamais sur une major. Enfin pas d'ici 2015. Il est sur Twitter - @AdrienInBloom