Gauche: Tony Janson à Southbank en 1983; Droite: Kev Kent en 1983. Photos: Dobie Campbell
Cet article a été initialement publié sur VICE UK.Le skate a tout d’un sport miraculé. À la fin des années 70, les ballons sauteurs et les yo-yo américains ont failli avoir la peau des vieilles planches à roulettes britanniques. Sans une poignée d’adeptes, elles seraient restées une mode éphémère.Les années 80. Employé à l’Alpine Sports de Notting Hill, Tim Leighton-Boyce lance une newsletter dans le but de donner davantage de visibilité aux balbutiements du milieu du skate underground. En 1987, son projet devient R.A.D. ( Read And Destroy), magazine légendaire qui perdurera jusqu’en 1995. Support idéal pour de jeunes skateurs et photographes, la publication fait figure d’Internet avant l’heure grâce auquel les amateurs peuvent se rencontrer et localiser les meilleurs spots.Lecteurs de la première heure, Andy Holmes et Dan Adams ont passé les trois dernières années à compiler leurs souvenirs émus du magazine. Ils sont en pleine phase de crowdfunding dans l’espoir d’une publication prochaine. Professeur de graphisme à l’Université des Arts de Londres, Andy a accepté de nous y recevoir.VICE : Racontez-nous la naissance de votre projet.
Andy Holmes : On y pense tous les deux depuis une bonne dizaine d’années. Après quelques échecs, c’est le chef du département skate de chez New Balance qui nous a mis le pied à l’étrier. Depuis qu’il nous a contactés en 2014, il nous apporte un soutien financier aussi précieux que discret.Lisiez-vous R.A.D. ?
Oh oui, c’était presque toute ma vie ! J’ai passé mon adolescence sur l’Île de Wight, alors c’était ma seule façon de savoir ce qui se passait ailleurs en Angleterre. C’était aussi le seul magazine de skate qu’on était sûrs de trouver chez notre marchand de journaux.Comment résumeriez-vous l’histoire du skate dans votre pays depuis 1978 ?
Le livre commence en 1978, date de la première mort « officielle » du skate. Le sport a ensuite ressuscité et de plus en plus de gens s’y sont intéressés. En Angleterre, le skate est passé par tous les extrêmes. À la base, c’était un truc aussi mainstream qu’aujourd’hui, avant de s’effondrer d’un bloc. La fin des années 70 a aussi été celle du skate tel qu’on l’avait connu, avec les pertes d’argent qu’on imagine. Obsolète du jour au lendemain.Comme un jouet condamné au grenier.
Oui voilà, comme les cerceaux et les pistolets à bouchon, tous ces vieux trucs passés de mode ! Il ne restait donc que les vrais fans hardcore, mais pour eux rien n’avait changé. Ils ont mené leur bonhomme de chemin sans se poser de questions. En cinq ans, le skate était devenu un emblème underground : les gens en Vans se reconnaissaient entre eux, sûrs d’avoir trouvé des fans de BMX ou de skate. Les porteurs de Vans étaient aussi rares que précieux.Et les skateparks ?
On a eu de la chance de ne pas grandir aux États-Unis ! Procéduriers comme ils sont, on n’aurait jamais pu aller risquer nos vies sur nos parcours improvisés au milieu de nulle part. Les trottoirs étaient dans un état lamentable, les anciens skateparks aussi, mais on s’en foutait. Le but pour les skateurs, c’était de se retrouver d’un bout à l’autre du pays. Souvent, ils se laissaient même leur adresse et leur numéro de téléphone. À l’époque, personne n’a songé à aménager de nouveaux espaces… à part à Livingston bien sûr, mais c’était du bricolage. Vive le bricolage !
On y trouvait le guide « Where ? » où tous les spots du pays étaient recensés. Il y avait de tout, des corniches dans des ruelles obscures, des mini-rampes dans des champs… C’était un inventaire participatif, Leighton-Boyce y tenait. Grâce à lui, les skateurs du pays tout entier ont compris qu’ils n’étaient pas seuls.Comment expliquez-vous l’arrêt du magazine en 1995 ?
La rédaction avait changé dans sa quasi-totalité en 1993. Ils étaient plus jeunes et voulaient faire autre chose. Ils ont donc saisi leur chance et créé Sidewalk. L’occasion d’un nouveau départ et d’un esprit tout frais, débarrassé des scories de R.A.D. Ils ont ouvert un nouveau chapitre, et c’est tant mieux !
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Andy Holmes : On y pense tous les deux depuis une bonne dizaine d’années. Après quelques échecs, c’est le chef du département skate de chez New Balance qui nous a mis le pied à l’étrier. Depuis qu’il nous a contactés en 2014, il nous apporte un soutien financier aussi précieux que discret.Lisiez-vous R.A.D. ?
Oh oui, c’était presque toute ma vie ! J’ai passé mon adolescence sur l’Île de Wight, alors c’était ma seule façon de savoir ce qui se passait ailleurs en Angleterre. C’était aussi le seul magazine de skate qu’on était sûrs de trouver chez notre marchand de journaux.
Le livre commence en 1978, date de la première mort « officielle » du skate. Le sport a ensuite ressuscité et de plus en plus de gens s’y sont intéressés. En Angleterre, le skate est passé par tous les extrêmes. À la base, c’était un truc aussi mainstream qu’aujourd’hui, avant de s’effondrer d’un bloc. La fin des années 70 a aussi été celle du skate tel qu’on l’avait connu, avec les pertes d’argent qu’on imagine. Obsolète du jour au lendemain.
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Oui voilà, comme les cerceaux et les pistolets à bouchon, tous ces vieux trucs passés de mode ! Il ne restait donc que les vrais fans hardcore, mais pour eux rien n’avait changé. Ils ont mené leur bonhomme de chemin sans se poser de questions. En cinq ans, le skate était devenu un emblème underground : les gens en Vans se reconnaissaient entre eux, sûrs d’avoir trouvé des fans de BMX ou de skate. Les porteurs de Vans étaient aussi rares que précieux.
On a eu de la chance de ne pas grandir aux États-Unis ! Procéduriers comme ils sont, on n’aurait jamais pu aller risquer nos vies sur nos parcours improvisés au milieu de nulle part. Les trottoirs étaient dans un état lamentable, les anciens skateparks aussi, mais on s’en foutait. Le but pour les skateurs, c’était de se retrouver d’un bout à l’autre du pays. Souvent, ils se laissaient même leur adresse et leur numéro de téléphone. À l’époque, personne n’a songé à aménager de nouveaux espaces… à part à Livingston bien sûr, mais c’était du bricolage. Vive le bricolage !
Bien dit ! En quoi consistait le magazine, à part des photos de skate ?
On y trouvait le guide « Where ? » où tous les spots du pays étaient recensés. Il y avait de tout, des corniches dans des ruelles obscures, des mini-rampes dans des champs… C’était un inventaire participatif, Leighton-Boyce y tenait. Grâce à lui, les skateurs du pays tout entier ont compris qu’ils n’étaient pas seuls.
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La rédaction avait changé dans sa quasi-totalité en 1993. Ils étaient plus jeunes et voulaient faire autre chose. Ils ont donc saisi leur chance et créé Sidewalk. L’occasion d’un nouveau départ et d’un esprit tout frais, débarrassé des scories de R.A.D. Ils ont ouvert un nouveau chapitre, et c’est tant mieux !
Les auteurs du livre sont ouverts à toute aide financière. Trouvez-les sur Kickstarter.@Jak_THPlus de photos ci-dessous.