Green Montana Alaska album Romain Garcin
Photo : Romain Garcin
Culture

Le grand bordel du rap jeu belge : octobre 2020

Votre reconfinement de la mort a sûrement besoin d’une nouvelle trame sonore.

Dans notre série mensuelle « Le grand bordel du rap jeu belge », on passe en revue l'actualité musicale de notre plat pays. Sorties de projet, clips ou faits divers ; tout le nécessaire pour rester au courant des trucs les plus chauds du moment.

Ce mois-ci, Frenetik a frappé quatre fois : il est passé sur Skyrock, dans Colors Studio, sur Booska P et il a signé chez Epic. Quelque chose nous dit que, cinq ans après la « première vague du rap belge », le rappeur bruxellois ne va pas tarder à ouvrir la voie à tout un tas de nouveaux noms qui poussent derrière. On le sait maintenant, les deuxièmes vagues sont toujours plus fatales.

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Et puisque votre reconfinement de la mort a sûrement besoin d’une nouvelle trame sonore, tout ce qu’il y a de plus sombre en ce moment est disponible sur en streaming, en CD ou en vinyle. Vous avez sans doute vu passer les sorties de Green Montana avec « Alaska », Lous avec « Gore », Yung Mavu avec « By Any Means » ou Yellowstraps avec le « Yellockdown Project », mais dans l’ombre, c’est tout un tas d’autres projets qui ont envahi les plateformes : « Childhood » de Fuku, la « Darktape » de Négatif Clan,  « Les choses simples » de Melfiano, « La Came Homie » du Seize, « Qatar6 » de Daali, « Trouble fête » de Badi, « Jus’ kom sa, Vol.1 »  de Tar One, la compil « Talents cachés 2 » d’Elvira Records, « Mentalement emprisonné » de Dorsa ou encore « Nirvana » de Charlito.

La sélection subjective

Pas les clips les plus attendus, ni les plus gros. Ni les plus mauvais d’ailleurs. Bref… Les autres sorties sont plus bas, classées par date.

Heleen Declercq sublime tout ce qu’elle filme, du pigeon dans les mains de Zwangere Guy au vide dans le regard de la chanteuse hollandaise S10 – qu’on prononce bien « Stien » et non « Essedisse ». Comme on dit Blink « one-eighty-two » et non « cent-quatre-vingt-deux ». Pareil pour Sum « forty-one ». Comme personne ne dit « Cinquante Cent », en fait. D’ailleurs pourquoi on continue de dire « CIA » à la française et « FBI » à l’américaine ? 

Difficile de trancher entre ce qui fait le plus peur : croiser EQP ORION dans une usine désaffectée un soir de lune bleue ou avoir des enfants qui deviennent des membres d’EQP ORION ?

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On n’écoute pas Alioth au bureau. De toute façon, on ne travaille plus au bureau à cause du Covid. Et pour guetter les moods des collègues dans l’onglet « See what your friends are playing » de Spotify, je sais que ça n’écoute pas Alioth – ni des trucs de qualité tout court. Quoiqu’il en soit, quand ce mec sera disque d’or, on pourra dire qu’on aura été le premier média francophone à avoir parlé de lui. 

Souriez, vous êtes à Matonge. Pleurez, la rue marche armée.

C’est pas du rap ? Et vous, vous êtes Olivier Cachin ou Eric Zemmour ? 

Soit Udeyfa n’est pas au courant que tout le monde s’est mis à la drill, soit il avait beaucoup trop de choses sur le coeur. Jamais dans la tendance…

Le Bruxellois Shooga incarne l’artiste parfait pour sauver la pop style US du déclin culturel des States tout en apportant une touche de réalité belge. Visuellement, ça veut dire que ça commence avec des verres de tise qui brillent de tous leurs angles comme dans un vieux clip de Kurupt et que ça finit à la mer du Nord comme des vacances en SNCB.

Plusieurs années après « On les fume », « Tous les allumer » ou « L'illicite », Négatif Clan reste fidèle au même champ sémantique avec « Abattage de porcs », leur dernier featuring avec Joky Lucky. Pas un hasard si ce mois d’octobre était très sombre.

Fût un temps où on opposait rap et rock, avant que des subdivisions n’apparaissent et cassent les barrières ; du nu-metal à la horrorcore ou au trap metal en passant par ce souvenir assez douloureux de Lil Wayne qui s’était laissé tenter par un album rock dégueulasse en 2010…  Senamo, lui, a aussi tenté un tas de trucs mais est resté rap, vu que le rock c’est surtout dans l’esprit.

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Miss Angel n’est ni le nom d’une marque de débardeurs du marché (ceux avec des strass qui partent à la première machine), ni celui d’une collection d’autocollants à paillettes, mais son influence nous vient clairement des années 2000 style gloss et survêt’ doux. Celle qui aimerait se voir en une Missy Elliott flamande applique face cam la même aisance que son modèle. Mieux, les clips de Miss Angel vieilliront sans doute mieux que les derniers de l’Américaine qui, en 2020, fait des trucs visuellement éclatés.

Le mois dernier, Fuku sortait un son plutôt mimi. Le revoilou cagoulé, 5 grammes de frappe dans le cigare et plus mignon du tout.

C’est fou comme la tise rapproche. Et c’est tout aussi dingue de se dire que ça devient super chiant de voir ses potes sobre. 

En 1965, Robert Cogoi chantait mélancolique son Pays Noir et faisait rimer « tour de charbonnage » et « rage », sans pour autant oublier de mentionner l’espoir. Plus d’un demi-siècle plus tard, alors que les couches de fumées ne sont plus aussi épaisses, YS, Anjay, L.I Du 6 et Samazou sortent à leur tour une ôde à la grisaille. L’odeur du métal rouillé est restée la même.

Il y a beaucoup de raisons pour que la France cesse de nommer le rap francophone « rap français », car il est dominé par Paris, Marseille mais aussi Bruxelles ; et Smahlo fait partie de ces raisons. Le nouveau plus bel espoir du rap francophone c’est lui, il est sur le bateau et le rap « français » va tomber à l’eau.

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Depuis « 11′30 contre les lois racistes » en 1997 et « 16'30 contre la censure » en 1999 – tous deux produits par White & Spirit –, aucun son collectif à rallonge n’avait vraiment frappé les ondes. En Belgique, La Smala avait proposé, il y a une dizaine d’années, une orgie sonore de 13 minutes, avec 17 auteurs différents ; mais en termes de message politique, c’est Ypsos qui déterre un principe qu’on croyait trop obsolète pour une ère habituée aux capsules courtes. À l’initiative du Bruxellois, plus de 16 minutes de protestations diverses et d’appels à la fédération débités par 40 artistes du pays.

Depuis le Brabant wallon, Akatsuki est là pour prouver que tout n’est pas rose dans l’une des provinces les plus riches de Belgique.

La dernière fois que Le Sire avait donné signe de vie, c’était avec « Métal », et il avait encore un pied dans le réel. Ici projeté dans un monde virtuel parallèle, il est indéniable que les pensées du jeune homme sont très sombres et déphasées. Le mauvais trip est visuellement conçu par Alex GD, un mec qui ne doit plus compter ses heures de travail ; mais qu’est-ce qu’on peut attendre d’autre de quelqu’un qui a donné le meilleur pour Cyph3r ou San Hucci alors qu’il pourrait satisfaire Travis Scott facile ?

Les autres sorties du mois d’octobre

1 octobre

2 octobre

3 octobre

4 octobre

5 octobre

6 octobre

7 octobre

9 octobre

10 octobre

11 octobre

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