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Music

Cette vieille carne de Steve Albini n'en finira-t-elle donc jamais de râler contre tout et n'importe quoi ?

Powell lui a demandé l'autorisation de le sampler, il en a profité pour chier sur la techno et tout s'est terminé sur une affiche publicitaire.

Steve Albini est une légende du punk US à qui l'on doit l'admirable discographie de Big Black, la nettement moins admirable - mais heureusement très réduite - discographie de Rapeman, la bien trop longue discographie de Shellac (honnêtement, qui d'entre vous écoute autre chose que les deux premiers albums ? Sérieusement ? Et encore, le deuxième c'est uniquement parce qu'il y a « Copper » dessus et vous le savez très bien) et la production d'une palanquée de disques allant du chef d'oeuvre absolu (Liar de Jesus Lizard) au chef d'oeuvre consensuel (In Utero de Nirvana, Surfer Rosa des Pixies) en passant par le chef d'oeuvre mésestimé (Seamonsters de Wedding Present, Pod des Breeders), sans oublier au passage une paire de merdes, histoires de payer les travaux du studio (Dinoysos, Bush, et quelques autres à qui il a demandé de ne pas citer son nom). Steve Albini est aussi et surtout connu pour râler contre tout et n'importe quoi. Les majors, le CD, les festivals, Tidal - à vrai dire, on a carrément l'impression que, depuis quelques années, tout l'emmerde à part le poker, la cuisine et Jesus Lizard. La techno et la club culture sont, depuis longtemps, deux de ses cibles favorites. Inutile de dire que lorsque le producteur anglais Powell lui a envoyé un mail pour lui demander l'autorisation de sampler un extrait d'un live de Big Black sur son nouveau morceau « Insomniac », la réponse ne s'est pas faite attendre.

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Hey Oscar.

On dirait que ça roule pour toi. Je ne suis pas du tout dans la cible de ce genre de musique. J'ai toujours détesté la dance music mécanisée, je trouve ça simpliste et débilitant. Les clubs où on joue cette musique, les gens qui vont dans ces clubs, les drogues qu'ils prennent, les conneries dont ils parlent, les fringues qu'ils portent, leurs petites rivalités… Je déteste tout ça, jusqu'au plus infime détail, à 100 %.

La musique électronique que j'écoutais était radicale et différente, des trucs comme White Noise, Xenakis, Suicide, Kraftwerk, ou les premiers trucs de Cabaret Voltaire, SPK et DAF. Quand ces groupes ont étés co-optés par la scène club/dance, j'ai eu l'impression qu'on avait perdu la bataille. Je déteste la club culture du plus profond de mon être.

Je suis donc contre ta musique, contre ce que tu fais et je suis un ennemi direct de la scène dans laquelle tu évolues, mais ça ne me pose aucun problème que tu le fasses. Je n'ai pas pris le temps d'écouter les liens que tu m'as envoyé, principalement parce que je suis dans une chambre d'hôtel et que la connexion n'est pas terrible, mais aussi parce qu'il y a peu de chances pour que tes morceaux me plaisent et que tout ça n'aurait été d'aucune aide ni pour toi, ni pour moi.

En d'autres termes, oui, tu es libre de faire absolument ce que tu veux avec ce que tu as pu trouver comme enregistrement de moi. Je m'en fous. Amuse-toi bien.

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Steve

On se moque souvent de Henry Rollins pour à peu près les mêmes raisons. Mais il y a quelques années, quand j'avais contacté l'ex-Black Flag par mail également au sujet de la traduction d'un de ses textes, il m'avait très directement et simplement répondu (sans un « Bonjour » ni un « Au revoir ») : « J'aimerais autant que tu ne le fasses pas. Je n'ai plus envie que ce texte soit publié et lu. Je te remercie. Henry. » Il ne s'était pas répandu en considérations et en justifications inutiles (probablement parce qu'il savait que ce serait du temps perdu inutilement qu'il préférait investir dans 20 tractions de plus à la salle de muscu).

Steve Albini est sur un tout autre registre.

Jadis considéré comme le dernier des Mohicans de la cause

indie

, le grand gardien du temple DIY, il est aujourd'hui devenu maître dans un genre que lui seul pratique, un registre inédit qu'on pourrait taxer de « Navrant/Hilarant ». Le genre de chose qui ne peut fatalement appeler qu'une réponse aussi absurde et démesurée. C'est ce qu'a fait Powell qui, à la fois choqué et amusé à la fois par le mail d'Albini, l'a tout simplement reproduit sur une affiche publicitaire, en 4x3, pour la promotion de son nouveau maxi. Avant de le faire, il a évidemment demandé à nouveau son autorisation à Albini. Sa réponse ? « Je m'en fous. »

Way to go

, Steve.

EDIT

: Powell a également utilisé l'ensemble de sa correspondance avec Steve Albini dans la vidéo du titre en question,

« Insomniac », qui a été mise en ligne ce vendredi et que vous pouvez voir ci-dessous.