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Iron Lung a sorti un album qui s'écoute à deux

Jensen Ward et Jon Kortland jouent un mélange super brutal de hardcore, de noise et de power electronics, et gèrent un des meilleurs labels du Système Solaire.

Iron Lung est un duo hardcore originaire de Reno, Nevada, la ville de 7 Seconds. Toutefois, la comparaison s'arrête là. Déjà parce que leur nouvel album, White Glove Test, sorti sur leur label Iron Lung Records, est un blend sur-brutal de hardcore punk, de noise et de power electronics. Ensuite parce que ces deux mecs ont fumé tout ceux qui ont eu le malheur de partager la scène avec eux en Europe, en Asie, en Australie ou en Nouvelle-Zélande, vu que leurs concerts sont à mi-chemin entre du stand-up et un combat à mains nues. Leur label a, par ailleurs, donné naissance à une poignée de classiques du punk moderne, parmi lesquels Henge Beat de Total Control, Human Overdose de Hatred Surge, et -mon favori absolu- Copsucker des regrettés Kim Phuc. Ils gèrent tout de A à Z, ce qui signifie que dans chaque paquet que vous recevrez d’Iron Lung Records, vous trouverez, en plus du cachet de la poste de Seattle, l’ADN de Jensen Ward et (éventuellement) de Jon Kortland. Ils ont réussi à arrêter la machine cinq minutes pour répondre aux questions de Noisey.

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Noisey : Iron Lung existe depuis plus de 10 ans maintenant, mais vous vivez désormais dans deux villes différentes, Seattle et San Francisco. Comment c'est arrivé ?
Jensen Ward : Reno, la ville d'où nous venons à la base, est un endroit assez tendu. On a découvert Seattle pendant une de nos tournées et le lieu nous paraissait suffisamment dingue pour qu'on s'y installe. Tout du moins, pour qu’on s’y installe un moment. On a écrit Sexless//No Sex là-bas. Et puis Jon a trouvé l'amour sur la Bay Area. On a alors pensé déménager là-bas et changer notre nom en Higher Love, histoire de profiter de la situation pour envoyer un message positif aux gens et, accessoirement, moins galérer aux contrôles de douane, parce qu’après tout, notre groove est 100% positif, alors pourquoi se priver ? Mais je ne quitterai probablement jamais Seattle, j'aime trop la morosité. Les gens sont tellement dépressifs ici qu'ils n'ont aucune énergie à dépenser dans la le mal et la violence. Ils sont incapables d’atteindre ce point de non-retour qui fait que tu te mets subitement à tuer des gens sans raison. Seattle possède une mentalité très urbaine, mais tu peux y traîner sans avoir à regarder chaque seconde par dessus ton épaule. C'est plutôt tranquille.
Jon Kortland : Le souci, c’est que la chimie de mon cerveau n'est pas compatible avec cette morosité.

Comment est-ce que ça se passe avec votre label, du coup ? Qui s'occupe d'envoyer les disques ?
Jensen : C’est moi qui gère ça. Jon s’occupe du contrôle qualité. En retrait, silencieux mais puissant. Il évolue dehors, dans la jungle. Il est resté libre. Toutes ces heures au bureau m'ont permis de m'offrir un magnifique living et un optimisme à toute épreuve.
Jon : Cela dit, je reste tout à fait disposé à me salir les mains quand je suis à Seattle, même si c'est Jensen qui écope désormais de la plupart des tâches désagréables.

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Aucun des disques que vous sortez ne ressemble au précédent. Vous avez commencé par une série de 45 tours sous pochette générique, avant d’élargir le spectre du label, musicalement et graphiquement. Aujourd’hui, votre catalogue va de Nerveskade à UV Race. L'idée initiale était de sortir des 45 tours pour les potes, c'est ça ?
Jensen : Le plan initial était de sortir les disques de nos potes, ouais. C'est toujours la ligne directrice d'ailleurs, et on s'y tient. On a commencé par une série de 45 tours, ceux avec les tampons sur la pochette. Là, on est en plein milieu d'une nouvelle série de singles, justement. Nous n'avons donc pas beaucoup dévié de notre idée initiale. On sort uniquement des trucs qu'on aime et on a des goûts plutôt éclectiques

Vous avez rencontrés beaucoup d'obstacles avec le label ? Ne me dites pas que lorsque vous envoyez un carton de disques, vous ne recevez pas quelques emails en retour, du type «Qu'est ce que c'est que ces merdes ?»
Jensen : Avant de commencer le label, on s’est testés pour savoir quel genre de nerds on était. On s’est notamment pliés à l’inévitable top 10 des disques à emmener sur une île déserte. Ça ne s'est pas révélé très concluant. Mais bon, c'est pas très grave. Nique le système. Quelques personnes nous ont en effet envoyé des emails un peu relous au sujet de nos sorties, mais ça prouve au moins que les gens nous font confiance et qu’ils commandent nos disques systématiquement, sans même prendre la peine de les écouter. Nous, on est à 100% derrière chacune de nos sorties, ce qui est loin d’être le cas de tous les labels. Mais Iron Lung Records est plus fort que les autres labels. Après, les gens râlent parfois sur des broutilles : « le facteur a niqué mon paquet », « les frais de ports pour l'Europe sont trop chers », « vous ne sortez que des trucs américains ». Belle bande de tapettes, les européens.

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Ça ressemble à quoi alors vos tops 10 d'île déserte ?
Jon : J'aurais pu me la raconter, mais j'ai préféré être sincère et prévisible :
The Cure - Pornography
Swans - Public Castration
No Comment - Downsided
Wire - Pink Flag
SPK - Mekano
Throbbing Gristle - Heathen Earth
Crossed Out - Discography
Siege - Drop Dead
Flipper - Generic
Rudimentary Peni - Death Church
Jensen : La mienne ressemblerait à ça, en tout cas aujourd’hui :
Rudimentary Peni - Death Church
Wire - Pink Flag
Van Cliburn - Beethoven Sonatas
Dead Kennedys - Plastic Surgery Disasters
Bauhaus - In The Flat Field
Swans - Cop
La discographie complète de Crossed Out
13th Floor Elevators - Easter Everywhere
Death - Leprosy
Jon : Hey, il y a quelques doublons quand même. Finalement, on arriverait peut être à se débrouiller si on était coincés sur une île déserte.
Jensen : Et si Porto Rico était notre île ? Il faudrait que je prenne mes disques des Dicks.

Vous citez tous les deux Rudimentary Peni. Vous êtes passé directement par Nick Blinko (leader du groupe) pour la pochette de Sexless//No Sex, ou vous avez dealé avec son agent ?
Jon : Je ne crois pas que beaucoup de gens négocient directement avec Blinko. On a « communiqué » avec lui via son agent.

Ce qui est fou avecRudimentary Peni, c'est que leur dernier album est sorti en 2008 et qu’il défonce presque autant que leurs vieux trucs.****
*Jon :* Oui, j'aime assez les derniers trucs de Peni.
Jensen : Assez ? The Underclass est un putain de disque. Ce n'est pas leur dernier mais quand même. No More Pain tue aussi. Même la reprise de Pachelbel. Ils ont toujours été en marge des modes punk. C'est le meilleur groupe de tous les temps.

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Parlez moi de White Glove Test. Pourquoi avez vous choisi d’en sortir deux versions ?****
*Jon :* On voulait faire un album qui puisse être perçu de plusieurs façons, qui puisse sonner différemment à chaque nouvelle écoute. Pour moi, il n'y a rien de mieux que de capter de nouveaux détails sur un disque que j'écoute depuis vingt ans. Et puis nous pensons aussi au porte-monnaie de nos clients. C'est comme acheter trois disques pour le prix d'un, finalement, parce que White Glove Test peut être écouté de trois façons différentes. Tu peux écouter uniquement la version hardcore, tu peux écouter uniquement la version noise, et tu peux écouter les deux en simultané. L’expérience sera donc différente à chaque fois, en fonction de ce que l'auditeur aura choisi de faire.

C’est mortel. Les gens en pensent quoi, globalement ?
Jon : On a eu des retours plutôt positifs. Visiblement, pas mal de gens s’amusent à synchroniser deux platines pour jouer l’album dans son intégralité.
Jensen : J'ai reçu pas mal de photos de types en train de jouer le disque sur deux platines. C'est dingue, certains vont jusqu’à emmener leur platine chez un pote pour pouvoir écouter les deux disques en même temps. Iron Lung unit les gens, mec.

**Le groupe a démarré à Reno. Parlez-moi un peu de la *« plus grande petite ville du monde» et des types, là, les frères Ramirez.***
*Jon :* Reno est ce genre d'endroit qui soit t’endurcit, soit t'avale tout entier. Je pense que tu veux parler des frères Rojas ? C'était le genre de mecs capable de boire un bidon d'essence juste pour pouvoir pisser sur ton barbecue, à se battre contre toute une équipe de foot juste après s’être fait renverser par une bagnole.

Tu ne m'avais pas dit qu'ils avaient refroidi un gusse une fois ?
Jon : Si. C'est un des trucs les plus dingues que j'ai jamais vu. Je garde l'image en tête et j'en ai encore mal aux dents rien que d’y penser. Reno peut être un endroit vraiment tordu parfois.
Jensen : J'ai tout perdu à Reno. Ma famille, mon argent, ma virginité. Ceci étant dit, je suis content d'y avoir grandi. Ça m'a vraiment obligé à me sortir les doigts et à me construire une vie meilleure. Il y a des gens vraiment super là-bas. Mais aussi de véritables rebuts de l'humanité. La plupart sont des touristes qui se sont retrouvés coincés à Reno et ont abandonné l'idée de se barrer. Un de nos potes s'est fait péter la mâchoire une fois, sans aucun motif, et il a dû boire de la viande liquide pendant des semaines. Il y a des juggalos qui traînent autour du fleuve pour attaquer les kayakistes. Sans raison. C’est dingue. Reno rend à la fois les gens super durs et complètement misanthropes.

Quels sont les prochaines sorties prévues sur Iron Lung ?
Jensen : Je suis super excité par ce qui arrive, à savoir les nouveaux LP de No Statik, White Wards, The Lowest Form et un 45 tours de S.H.I.T. Tout ça devrait être dispo d'ici la fin de l'année. On commencera 2014 avec le nouvel album de Total Control (désolé pour les autres labels mais ils restent chez nous !), un 45 tours de Warthog et deux LP de Transplant et TRTRKMMR (enfin !). Et il y en aura évidemment des tas d’autres après.

Et en ce qui concerne les séries ?
Jensen : Ah oui, il y aura le deuxième volet de la série de singles, qui a commencé avec Pig Heart Transplant, Diät et Column Of Heaven. Les prochains, ce seront les Dead Boomers. Leur single s’appelle Arak et c’est une grosse bombasse sex beat/power electronics. Il y aura 8 disques en tout dans cette série, je pense. Toujours avec la meme pochette générique. Enfin, pas tout à fait la même à chaque fois, mais ça restera cohérent. Et jamais plus de deux morceaux sur chaque disque. J’aime beaucoup cette contrainte, ça oblige vraiment les groupes à se concentrer sur des titres super carton.

Logan est sur Twitter - @itsloganworrell.