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Music

C’est la fête à Z-Ro

Ce 19 janvier, la ville de Houston rend hommage à son rappeur préféré pour ses services rendus à la communauté et ses disques scandaleusement sous-estimés.

J'ai toujours rêvé d'écrire ce titre un jour. En fait, ce papier était plus ou moins destiné aux listes de fin d'année 2016, et comme vous pouvez le constater, niveau ponctualité le plan a lamentablement échoué de mon côté. Il est toujours compliqué de faire des classements puisqu'on se rend toujours compte qu'on a oublié plein de gens, donc on va la faire courte. Aujourd'hui, jeudi 19 janvier, c'est le Z-Ro day à Houston, et c'est donc le plus beau jour de l'année. Explications.

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Z-Ro a sorti en 2016 un album intitulé Drankin' & Drivin', qu'on pourrait traduire par « Boire et conduire », et il semble évident que le rappeur n'envisage absolument pas de faire un choix entre ces deux activités. Le disque fait partie d'une sorte de série d'albums concepts tous centrés autour d'un thème, ou plutôt d'une sensation, en l'occurrence celui-ci est consacré aux différents états seconds que vous pouvez traverser quand vous combinez alcool, cannabis, lean et plus si affinités. Attention, ce n'est pas non plus du rap de stoner, voire pas du tout. Ça veut simplement dire que Z-Ro brasse ses thèmes habituels de prédilection (la rue, les trahisons, les mauvais côtés de la célébrité) mais dans une ambiance de défonce. En gros, c'est toujours du rap de dépressif, mais de dépressif qui prend du bon temps en vous offrant de la drogue pendant qu'il vous explique que sa vie n'a aucun sens et qu'il est fort probable que la vôtre non plus.

De son vrai nom Joseph Wayne McVey, il se surnomme Rother Vandross ou encore The Mo City Don, même si vu ses capacités d'interprétation plus touchantes que la moyenne du rap US, il devrait plutôt se rebaptiser The Emo City Don. Voilà, ça c'est fait. En 2016 on peut dire sans exagérer que c'est une légende de Houston, ne serait-ce qu'en terme de longévité et de productivité : j'ai choisi Drankin' & Drivin' mais en fait Z-Ro a sorti 3 projets cette année, avec le EP Solid qui est plus que solide et l'album Legendary qui est déjà légendaire.

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Joseph a consciemment ou non développé un côté émotif assumé, bien plus que chez ses collègues, et ça tient à deux choses. Sa voix totalement unique, qui ajoute un côté crooner de rue qui chante son spleen sans aucun complexe, et ses textes, où la noirceur prend presque toujours le pas sur le festif. Mais vraiment toujours. Le fait qu'il s'adapte sur la forme sans jamais lâcher sa recette de base sur le fond en a fait une valeur sûre. Les années passent, et on pourra toujours compter sur Z-Ro, malgré des déboires de contrats et de labels un peu handicapants. Heureusement, tout ça fait désormais partie du passé.

Dans un monde idéal, Z-Ro ferait des refrains sur les 2/3 des singles de rap qui sortent chaque année, mais comme le succès de Wiz Khalifa nous le prouve jour après jour, nous ne sommes pas dans un monde idéal. Pratiquement personne n'appelle jamais Z-Ro (mais quand des gens l'appellent, ce sont des mecs comme Scarface, donc la qualité l'emporte sur la quantité), alors qu'il est à peu près le seul à pouvoir être considéré comme un Nate Dogg des années 2010, version tristounette certes, mais quand même. Tout ça pour dire qu'à part le talent, l'autre donnée essentielle à propos de Z-Ro c'est qu'il se contrefout pas mal de sa popularité en dehors de sa propre ville, Houston.

Un truc qui est bien représentatif de cet état d'esprit, c'est son apparition dans le clip « Draped Up (H-Town remix) », en 2005. Le clip arrive à l'époque où Houston commence à se faire une place sur la carte et les rappeurs présents sur le remix se doivent de représenter au maximum ; chacun ramène soit plein de potes, soit ses sapes les plus chères, soit son plus beau grillz, sa plus grosse chaîne, sa plus grosse voiture, etc. Quand le passage de Z-Ro arrive, on découvre un homme seul, avec un T-shirt dégueu, et côté bling, nada, niet, que tchi, z-ro. Il a juste l'air très fatigué, explique que le succès l'emmerde, que tout paraît irréel et conclut son couplet en disant qu'il espère simplement revoir DJ Screw là-haut quand il sera lui aussi décédé. Triste et beau.

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Happy end : le bonhomme a provoqué la surprise cette année avec une consécration plutôt inattendue. Sylvester Turner a ainsi tenu à féliciter personnellement Z-Ro pour son implication dans la vie sociale de Houston et l'ensemble de son œuvre musicale. Sylvester Turner est le maire de Houston, et ses félicitations ont donc pris la forme d'une journée officiellement appelée « la journée Joseph Wayne McVey ». C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le 19 janvier 2017, jour de l'anniversaire de notre héros, toute la ville rend symboliquement hommage à Z-Ro. Si Houston était Pawnee, le rappeur aurait donc atteint le statut de Lil Sebastian dans la série Parks & Recreation et croyez-moi, ça veut dire beaucoup.

Double happy end : un projet commun entre Z-Ro et Slim Thug va enfin voir le jour cette année. Si tout va bien.

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