Stalin Unglorified
Toutes les photos sont de Thomas Driesen.
Culture

« Déglorifier » Staline, dans son propre musée

Dans le village natal de Staline, un musée désuet à la gloire du dictateur attire locaux et touristes. Thomas Driesen en est revenu avec une série photo, dans laquelle il capture quelques détails grossiers.
PL
Brussels, BE

Fin 2021, le photographe belge Thomas Driesen sillonne l’Europe de l’Est au cours d’un road trip avec ses amis. La bande a l’habitude de parcourir la région mais cette fois-ci, leur route les mène à Gori, ville natale de Joseph Staline, au cœur de la Géorgie. Sur place, l’une des rares attractions réside autour du musée bâti en 1951 à l’effigie de la star locale. « Pour certain·es, Staline et l'URSS sont des symboles de fierté et représentent toujours un âge d’or révolu », lance Thomas. En effet, il constate que le musée (resté dans son jus depuis sa création) est essentiellement une collection de représentations glorieuses de Staline, reléguant la tyrannie du régime à une petite salle du sous-sol, seul endroit où il est fait mention des goulags et du totalitarisme.

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Thomas retire de sa visite une impression très mitigée, au milieu des quelques touristes égaré·es et d’une poignée de locaux peut-être un peu trop nostalgiques. En revanche, il remarque au sein du musée une foule de petits détails grossiers, qui jurent avec l’ambiance générale et lui donnent une autre grille de lecture, bancale, presque comique. Dans l’indifférence générale du personnel, Thomas passe plusieurs heures à photographier les curiosités du musée : entre les murs défraîchis, une caméra au-dessus d’un tableau, une prise branlante sous un buste, un extincteur au coin d’un portrait, et la fontaine à eau qui n’est jamais bien loin. « Je voulais casser cette figure de héros en montrant ces petits détails absurdes. »

Avant de présenter Stalin Unglorified, Thomas a préféré attendre un certain temps, notamment dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. « Je ne voulais pas me mettre en avant à ce moment-là, poursuit-il. Je ne revendique pas un travail particulièrement politique, d’autant plus que je ne suis pas un expert sur le sujet. » Et si c’est bien la figure du dictateur qui est ciblée par le travail de Thomas, c’est parce que le musée en lui-même constitue une authentique capsule temporelle d’un culte de la personnalité tombé en désuétude.

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