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LE NUMÉRO QUI COMPTE

Livres et DVD

Un de mes plus grands traumatismes d'enfance, c'est quand j'étais invitée à manger dans ces familles où il fallait choisir entre fromage et dessert à la fin du repas.

EX DRUMMER
Koen Mortier
Blaq Out Il y a pas mal de DVD intéressants qui sortent cette rentrée, je pense à Piscine sans eau de Wakamatsu, aussi chez Blaq Out, ou encore Le Mystère Andromède, un film de SF des années 1970 qui serait mineur à côté de Soleil Vert, Omega Man ou du Cerveau d’Acier s’il n’était pas illustré par la bande-son électronique ahurissante de Gil Mellé qui lui confère une ambiance de machine qui merde vraiment saisissante. Mais comme ces deux films sont vieux, je préfère me pencher sur Ex Drummer, un film flamand de 2007 aussi con qu’intelligemment haineux. On pense à Palahniuk, Céline et C’est arrivé près de chez vous quand un mec qui s’appelle « Grosse Bite » présente le vagin de sa femme en discutant à l’intérieur ou que le chanteur d’un groupe punk qui s’appelle The Feminists (parce que « quatre handicapés valent bien quatre connasses féministes ») ­regrette de ne pas avoir appelé son groupe « Six millions de juifs ». « J’aurais dû y penser », dit-il. J’ai rarement vu un film aussi bruyant et furieux que Ex Drummer, ce qui rend Soudain le 22 Mai, le film suivant de Koen Mortier qui sortira sur les écrans d’ici la fin de l’année, largement moins attachant. RIDLEY SCHIOTT

DEVIL STORY
Bernard Launois
Sheep Tapes Je n’ai jamais accroché à l’appellation « Nanar » et encore moins à ce qu’en faisait ce connard de François Forestier dans le Nouvel Obs des années 1990. De fait, un site comme Nanarland, qui vaut pourtant beaucoup mieux que les papiers de Forestier à bien des égards, ne m’a jamais trop attiré. De fait, je n’avais jamais vraiment entendu parler de Devil Story. De fait, quand j’ai découvert sa superbe édition DVD chapeautée par Nanarland je me suis demandé si ce n’était pas une blague à l’instar de Peepshow l’année dernière. Le film est tellement surréaliste et plein des clichés dont on fait les pires séries Z qu’il ressemble à un hommage caricatural héritier de Schlock, le film d’homme-singe de John Landis qu’il serait bien de sortir en France un jour. Mais en fouillant dans mes archives de Mad Movies, j’ai découvert que non. On doit donc féliciter l’entreprise de Sheep Tapes et Nanarland parce qu’offrir à Devil Story le traitement d’un DVD Criterion, c’est à peu près aussi surréaliste que le film lui-même et quitte à célébrer le cinéma français, il vaudra mieux se procurer ce DVD qu’attendre le blu-ray de La Guerre est déclarée. TONY SCHIOTT

L’ENFANT INSECTE
Hideshi Hino
IMHO Quand j’ai découvert Hell Baby en anglais il y a plusieurs années, je n’avais pas conscience que : 1. Hideshi Hino avait été si prolifique ; 2. Un éditeur français publierait un jour son boulot. Ce que je réalisai en revanche, c’est que je me retrouvais devant un des plus grands dessinateurs de traits noirs et d’horreur macabre qu’il m’avait été donné de voir depuis la grande période des EC comics qui avaient perturbé l’ordre moral américain dans les années 1950. Bien qu’il ne s’attaque jamais à la pornographie déviante, il y a quelque chose de fortement dérangeant dans les dessins de Hino. Chaque coup de pinceau ressemble à une écorchure à vif, chaque goutte de sueur à une coulée de sperme qui aurait muté en un truc dégueulasse et cauchemardesque. De fait, son influence sur tout le manga indé bizarro apparu ces dernières années et que l’on peut découvrir grâce à IMHO, une maison d’édition dont j’ai déjà dit le plus grand bien – mais rapport à ce qu’ils font un boulot fabuleux dont je reparlerai d’ici la fin de l’année, je ne vois pas pourquoi je me priverais – est évidente, et de fait, ses bouquins sont essentiels. JACK CŒURBITE

LE RAVISSEMENT DE BRITNEY SPEARS
Jean Rolin
P.O.L. Un de mes plus grands traumatismes d’enfance, c’est quand j’étais invitée à manger dans ces familles où il fallait choisir entre fromage et dessert à la fin du repas. À chaque fois, c’était comme si l’on me demandait de choisir entre Noël et mon anniversaire. Si Jean Rolin avait choisi d’interviewer des gens qui parlent de leurs tatouages, j’aurais ressenti le même tiraillement, la même détresse. Mais là, l’auteur du génial Zones décide de s’intéresser à la chanteuse qui a tué la pop (dans le sens où l’actionnisme viennois a tué la performance) et dont j’écoute parfois certains titres, même s’il s’agit là d’un sale petit secret peut-être plus compromettant encore que mon attirance sexuelle incontrôlable pour les Sud-Américains râblés : Le Ravissement de Britney Spears par Jean Rolin, c’est donc fromage et dessert, même s’il est un peu embarrassant de lire ce fringant sexagénaire quand il commente les sites people de l’Internet ou ses émois face aux photos à poil de Lindsay Lohan – c’est comme lire une interview pétée de Michel Serres dans Libération encourageant la « Petite Poucette » à se prendre en photo nue avec son téléphone portable : touchant, drôle et gênant à la fois. BARBIE D’AUBERVILLIERS