Avec Lomepal, le rappeur français qui parle de santé mentale
Photo par Jules Faure  

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Culture

Avec Lomepal, le rappeur français qui parle de santé mentale

On a fait semblant d’animer une émission de radio avec lui, mais on a parlé de sujets sérieux.

On a rendez-vous avec Lomepal, la nouvelle sensation du rap français, au studio de la radio CIBL au centre-ville. Aussitôt arrivé, il se dirige vers la table du studio. « On peut simuler une émission. Tu poses le micro en bas, et on fait comme si on parlait là-dedans, OK? » nous lance Lomepal. OK! VICE a joué le jeu, le temps d’une entrevue intime. On lui a posé des questions sur son album Jeannine et le tabou de la santé mentale.

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Le rappeur-chanteur est arrivé à Montréal tout droit de Paris il y a quelques jours. Bien qu’il ait posé pied sur l’île au moins sept fois déjà, c’est la deuxième fois qu’il s’y produit en show, mais la première sur les planches du MTelus.

Lomepal, c’est Antoine Valentinelli. I-D l’a décrit en 2015 comme « peut-être le rimeur le plus talentueux de sa génération ». Depuis, le rappeur français connaît un succès monstre en France à la suite de la sortie de son album FLIP en 2017. Le 7 décembre dernier, Lomepal a livré un album particulièrement intime, Jeannine, dans lequel on peut entendre toutes sortes d’influences trap, électro, hip-hop et pop. Elles s’enlacent de manière harmonieuse et rendent paradoxalement l’œuvre très homogène. L’artiste fait aussi preuve d’une grande évolution par rapport à FLIP, son premier album, dans lequel il abordait plutôt son adolescence, et où il incarnait des personnages parfois égocentriques comme dans le morceau Yeux disent : « Elle est belle, mais si je regarde ses yeux, c'est peut-être juste pour y voir mon reflet. »

Lomepal est très fier de Jeannine, un album plus introspectif, qui porte le nom de sa grand-mère qui souffrait de problèmes de santé mentale : « Jeannine, c’est moi “adulte”, qui fais un peu un point sur toute ma vie, donc là on peut vraiment aller plus profond, explique-t-il. On va jusqu’à ma famille, les générations d’avant, et c’est surtout porté sur l’après-succès, sur ma vie aujourd’hui […] toutes ces questions qui tournent autour de la désillusion. »

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Dans le morceau Beau la folie, Lomepal parle du déséquilibre de sa grand-mère et tente de « décomplexer des sujets malheureusement encore trop tabous, comme la santé mentale » :

Les gens normaux se sentent bien dans la machine
Grand-mère n'y a jamais trouvé sa place
Elle marchait nue en criant des mots magiques
Ils disent qu'elle était folle sans blague
C'est beau la folie

Le fait qu’il aborde le thème de la santé mentale lui a valu beaucoup de commentaires et de messages de fans qui se sont retrouvés dans ses paroles. « Je remarque vraiment qu’il y a des gens à qui ça a peut-être fait du bien », souligne Lomepal, qui regrette de ne pas pouvoir lire tout ce que les gens lui envoient. « Peut-être que ça peut leur donner de la force, et si c’est le cas, j’ai réussi quelque chose, parce que moi, ç’a été le combat de ma mère pendant très longtemps. Elle travaillait avec des fous, elle a fait des œuvres collectives, elle a vraiment tout fait pour qu’ils soient traités comme des êtres humains. » Pour Lomepal, il faut parfois accepter la folie comme quelque chose « qui peut être inspirant, même si ça reste sombre ».

Finalement, l’album reste aussi une incursion musicale dans la vie et les chagrins de l’artiste. La question de la désillusion y est aussi très présente. C’est en toute transparence que l’artiste parle de sa vie maintenant, sans ce détachement qu’on trouvait dans FLIP, sans personnages : « Il y a de moins en moins de différence entre Lomepal et Antoine, dit-il. La frontière devient de plus en plus fine parce que je veux bien raconter ma vie. En vrai, j’aimerais bien m'appeler Antoine dans la musique, mais c’est pas possible encore. » On y trouve donc un Lomepal libéralement plus assumé, comme le reflète sa chanson Évidemment :

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Évidemment que je veux briller comme l'or
J'ai passé ma vie invisible comme l'air
Pourquoi vous voulez m'aimer maintenant?
Pourquoi vous voulez m'aimer maintenant ouais
Des millions d'heures seul dans le noir
Dieu merci j'ai enfin confiance en moi

Pour la suite, Antoine préfère ne pas trop qu’on se fasse d’attente. « J’espère continuer à faire ça, mais là, j’ai pas de projets qui sont forcément liés à la musique en ce moment, dit-il. J’ai envie de faire autre chose, j’ai envie d’écrire un film et de bosser sur d’autres projets, je me laisse un peu le temps. »

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C’est sur cette note que nous terminons le similipodcast radio et que nous disons au revoir au faux public à la maison. Après cette discussion « en ondes », il lui reste une dernière entrevue à donner avant d’aller rejoindre ses amis montréalais pour jouer au bowling.

« Journée simple quoi. On vit simplement », nous lance-t-il.

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