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Culture

Ces deux types se sont forcés à voir et revoir une comédie merdique avec Adam Sandler pendant un an

Au bout du 47ème visionnage de Copains pour toujours 2, Guy Montgomery et Tim Batt ont progressivement sombré dans la démence.

Le bombardement sensoriel est une forme de torture généralement employée sur des prisonniers pour les faire parler. Les autorités déshabillent les prisonniers à nu et les enchaînent à un mur, avant de les forcer à écouter une chanson en boucle diffusée à plein volume, pendant plusieurs jours – voire même plusieurs semaines. Après 24 heures de « Baby One More Time », les fonctions cérébrales et musculaires commencent à s'altérer, réduisant progressivement les sens à néant.

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Guy Montgomery et Tim Batt comprennent parfaitement cette idée. Ces deux Néo-Zélandais se réveillent tous les lundis à 9 heures pour regarder la (mauvaise) comédie américaine Copains pour toujours 2. Ils ont organisé cette petite séance hebdomadaire pendant 48 semaines consécutives. Après chaque visionnage, ils discutent de leur expérience et diffusent leur chronique sous forme de podcast, qu'ils ont très justement intitulé « La pire idée de tous les temps ». Aujourd'hui, il ne leur reste plus que quatre séances pour accomplir leur objectif premier, qui était de s'infliger cette torture pendant une année entière.

Quand Guy et Tim se sont lancés dans ce projet, ils partageaient un dégoût – sain, mais raisonnable – pour les navets. Au fil des mois, ils ont appris à détester chaque minute de ce film, jusqu'à ce que leur santé mentale s'en trouve affectée. Ce qui avait débuté comme un débat de trente minutes sur les écueils comiques et les pièges de l'intrigue du film s'est lentement transformé en une succession de rires maniaques, de réflexions existentielles et de séances d'autoflagellation. Je suis allé discuter avec eux afin de comprendre comment on pouvait volontairement mater un film tout pourri avec Adam Sandler pendant un an.

VICE : Pourquoi avoir choisi ce film ?
Tim Batt : C'est une bonne question. Tout d'abord, on a imaginé le concept – en discutant de l'absurdité de mater un seul et même film en boucle –, avant de débattre sur le choix du film. On s'est échangé quelques idées. On a évoqué Les Ailes de l'enfer, avant de se rendre compte que ce film était un peu trop bien. Pendant un temps, j'ai pensé à The Room, mais ce film est tellement mauvais qu'il en devient divertissant. Puis on a discuté de Copains pour toujours, parce que c'est un film vraiment étrange. Plusieurs types marrants y jouent, mais il s'est fait défoncer par les critiques.
Guy Montgomery : On s'est dit « OK, au lieu de faire notre émission sur un film qui n'aurait jamais dû exister, pourquoi ne pas le faire sur la suite de ce film ? »
Batt : Aucun d'entre nous n'avait vu le premier.

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Peut-être que connaître l'histoire et les personnages originaux vous aurait aidés à apprécier la suite ?
Batt : J'ai suggéré à Guy que Copains pour toujours 2 était peut-être une des comédies les plus drôles de tous les temps, mais elle est truffée de références au premier film.
Montgomery : Maintenant, on meurt d'envie de voir Copains pour toujours. En regardant le film, on attendait que les acteurs cessent d'y faire référence.

Quel effet ça fait sur vos cerveaux de voir le même film 52 fois ?
Batt : L'effet premier que j'ai récemment remarqué est qu'il devient impossible de se concentrer sur ce qu'il se passe au premier plan. Je ne peux plus porter mon attention sur ce que le réalisateur a voulu me faire voir. Je regarde le reste, comme un objet disposé sur une table. Et même quand j'essaie vraiment, je ne peux plus me concentrer sur l'action principale. Je l'ai tellement vu que mon cerveau ne peut plus le supporter, donc j'observe ce qu'il se passe en arrière-plan.
Montgomery : J'ai des sautes d'humeur un peu violentes. Parfois, j'arrive encore à me marrer sur une blague, mais cinq minutes plus tard, je suis au fond du trou. On fait parfois des jeux de rôle étranges qui consistent à se mettre dans la peau des producteurs du film. On garde nos rôles pendant une heure, puis je pète les plombs.

Dans vos podcasts, vous exprimez souvent votre inquiétude de devenir vraiment fous. Vous pensez que ça peut vraiment arriver ?
Montgomery : Nous avons sans aucun doute des moments de folie. Parfois, on doute de la pertinence de notre projet, et on se dit « Putain mais qu'est ce qu'on branle ? »

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Ça vous fait quoi de savoir que vous avez maté ce film plus de fois que n'importe quelle personne ayant été impliquée dans sa réalisation ?
Montgomery : Ça me fait super plaisir, Dan Ozzi !
Batt : Je suis extrêmement honoré de détenir ce record stupide.
Montgomery : Je pense que personne n'essaiera de dépasser notre score. On n'a plus rien à craindre.

Si vous pouviez revenir en arrière et vous parlez avant que vous ne regardiez Copains pour toujours 2, que vous diriez-vous ?
Montgomery : Je me dirais, « Guy, avant de faire ça, que penses-tu vraiment de Tim Batt ? Parce que tu vas passer beaucoup de temps avec ce mec, et dans des conditions assez étranges. »
Batt : Je ne pense pas que je lui dirais quoi que ce soit. Je pense que la chose la plus drôle à faire dans cette situation aurait été de ne rien lui dire, parce qu'à force de le regarder, j'ai connu de vraies souffrances psychologiques – voire même philosophiques.

Vous demandez-vous ce que vous auriez pu accomplir si vous aviez consacré votre temps à une activité plus utile ?
Montgomery : J'ai passé 42 semaines à fuir cette pensée.
Batt : Voilà l'ironie du truc : environ 200 000 personnes ont téléchargé nos podcasts. J'accepte complètement le fait que nous ayons perdu énormément de temps devant ce film et que c'est une manière stupide d'exploiter son temps libre – mais c'est peut-être la seule once de célébrité que j'aurais.

Quel film allez-vous choisir pour la saison 2 ?
Batt : I l n'y aura pas de saison 2.
Montgomery : Mais on a plusieurs milliers de fans maintenant, ce serait dommage de les perdre.
Batt : Raison de plus pour arrêter !
Montgomery : Il faut qu'on continue à faire des podcasts.
Batt : Tu vas les faire tout seul, mon pote. C'est fini pour moi.

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