Des portraits de criminels en liberté par des mecs en taule
Image de Une : Charles et David Koch, dirigeants de Koch Industries, par Jospeh Acker, via.

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Culture

Des portraits de criminels en liberté par des mecs en taule

Deux artistes américains ont demandé à des prisonniers de faire le portrait de types qui devraient eux aussi être derrière les barreaux.

Si les auteurs de des portraits ci-dessous n’éveillent pas l’intérêt des critiques d’art, ce n’est pas seulement à cause de la qualité plus que moyenne de leurs réalisations mais surtout parce qu’ils sont représentés par un avocat et pas par un galeriste. Lesdits avocats devant être bien moins bons que les types qui font l’objet de leurs élucubrations artistiques puisque leurs clients se trouvent être derrière les barreaux de quelque geôle américaine tandis leurs sujets batifolent toujours joyeusement dans la nature.

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Les sujets en question sont tous des PDG, présidents ou ex-dirigeants de multinationales : Muhtar Kent, PDG de Coca-Cola ; Peter Brabeck-Letmathe, président du groupe Nestlé ; Don Thompson, ex-PDG de McDonalds ; Hugh Grant, PDG de Monsanto ; Sepp Blatter, ancien président de la FIFA ; Stuart Gulliver, PDG du groupe HSBC. Tous sont aussi accusés de différentes infractions, selon Jeff Greenspace et Andrew Tider, les deux artistes derrière le projet « Captured : people in prison drawing people who should be », qui, comme son nom l’indique bien, pointe les failles du système judiciaire et la capacité des puissants à échapper aux accusations qui pèsent sur eux. Car ces patrons et ex-patrons sont aussi tous en liberté.

Sepp Blatter, ex-président de la FIFA, par Lewis Walters

Le duo a listé sur le site du projet les différents protagonistes et détaillent les griefs dont ils font l’objet. Sepp Blatter, par exemple, est suspecté d’avoir détourné des centaines de millions de dollars, dont il a versé une partie à un rival pour le convaincre de ne pas se présenter contre lui à la présidence de la FIFA ; de maintenir l’attribution de la Coupe du monde au Qatar malgré les preuves d’esclavage des travailleurs immigrés dans le pays. Hugh Grant, lui, est accusé de pratiques monopolistiques, de dépendance forcée aux herbicides chimiques, de contamination alimentaire, de mise en danger par négligence et de collusion. La liste est longue pour chacun d’eux.

En parallèle de quoi est indiqué également le motif et la durée d’incarcération des auteurs de chaque portrait. Alex Carrillo, auteur du portrait de Don Thompson, a ainsi pris 30 ans pour meurtre tandis que Jerry Lee Jenkins, qui signe celui de Brady Dougan, ex-PDG du Crédit suisse, est condamné à 18 ans pour vol de banque. Des comparaisons qui ont de quoi faire réfléchir – et relativiser. « D’après nos recherches, les actions de CitiBank ont causé bien plus de dégâts à vous comme à moi et à tous les autres qu’une simple voiture volée » affirme Jeff Greenspace au Guardian.

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Lloyd Blankfein, PDG et président de Goldman Sachs, par Ryan Gragg

Mary T. Barra, PDG de General Motors, par Leslie Robinson

Les deux New-Yorkais n’en sont pas à leur coup d’essai pour attirer l’attention du public sur les crimes impunis commis par les puissants. Ils étaient à l’initiative du buste d’Edward Snowden à Brooklyn en avril 2015, installé pour « rendre hommage au sacrifice de ceux qui combattent les tyrannies modernes ». Leur engagement militant ne s’arrête pas à la dénonciation puisqu’ils souhaitent reverser les bénéfices du livre édité à partir de ces portraits au candidat démocrate Bernie Sanders.

Stuart Gulliver, PDG du groupe HSBC, par Mario « A.B. » Beltran

Peter Brabeck-Letmathe, président du groupe Nestlé, par Charles Listo Vera

Les artistes en herbe se sont vus gratifiés de 100 $ pour leur production. Greenspace et Tider les ont démarchés via eBay : certains détenus mettent en vente leurs oeuvres pour gagner un peu d’argent – dont une partie est prélevée par JPay, la plateforme par laquelle ils sont tenus de passer pour toucher leurs indemnités. Ce qui a valu à Ryan Shapiro, PDG de JPay, de se faire aussi tirer le portrait.

Ryan Shapiro, PDG de Jpay, par Thong Vanh Louangrath

Pour en savoir plus sur le projet « Captured : people in prison drawing people who should be » ou acheter le bouquin, cliquez ici.