Des jeunes belges
Santé

On a demandé aux Belges ce qui leur remonte le moral quand ça va pas trop

« Parfois, s'immerger complètement dans sa douleur ou dans son chagrin peut aider. Aller jusqu'au bout du truc : écouter de la musique triste et se sentir malheureux·se. »

1 Belge sur 9 prend des antidépresseurs et près de 6 personnes se suicident chaque jour en Belgique. C'est le cinquième taux le plus élevé en Europe. Les jeunes figurent parmi les plus concerné·es par ces fléaux. Du coup de blues au suicide, trouvez ici nos articles sur la santé mentale.

À l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, on vous a demandé ce qui se passe exactement quand vous vous sentez moins bien. Et surtout, ce qui vous remonte le moral.

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Lou (15 ans)

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VICE : Salut Lou. Pour quelles raisons te sens-tu parfois moins bien ?
Lou : Je me suis sentie mal pendant longtemps parce que j'avais peur de ce que les gens pensaient de moi. Je n'appartenais pas vraiment à un groupe non plus. On se moquait souvent de moi et on me faisait des remarques sur mon apparence.

Qu'est-ce que ça t’a fait exactement ?
Je me sentais surtout très vide. En fait, je ne sentais plus rien. J'aurais préféré être vraiment mal, au moins j’aurais senti quelque chose. La seule chose que j'ai ressentie, c'est la manière dont j'ai été rongée de l’intérieur par le vide.

Tu ressens toujours la même chose ?
Plus maintenant non, heureusement. Je suis allée voir un psy pour en parler. La danse et l'art m'ont aussi beaucoup aidée.

Quels conseils donnerais-tu pour surmonter les problèmes ?
Parfois, s'immerger complètement dans sa douleur ou dans son chagrin peut aider. Aller jusqu'au bout du truc : écouter de la musique triste et se sentir malheureux·se. Pleurer un bon coup. Sinon, vous pouvez simplement faire quelque chose que vous aimez vraiment, comme dessiner par exemple. Perso, ça m'aide toujours.

Helena (16 ans)

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VICE : Salut Helena. Qu’est-ce qui te déprime en général ?
Helena : La météo joue pas mal. Mais les réseaux influencent beaucoup la santé mentale des jeunes aussi, même inconsciemment. On ne veut pas que ça arrive, mais ça arrive quand même. Pour les femmes par exemple, les réseaux sociaux renvoient une image du physique idéal et parfois, même si on a confiance en soi, ça blesse l’ego.

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Ça te procure quel sentiment ?
Je me sens isolée. J’ai l’impression de ne pas faire partie de tel ou tel groupe. Je me dis que je suis moins bien qu’elleux et qu’il faudrait que je change. Dans le fond, je sais que c’est faux, mais les réseaux me poussent à penser comme ça.

Tu parles de personnes de ton entourage direct ou d’influencers par exemple ?
Je parle d’influencers et de célébrités. Je pense que mon entourage me rassure, au contraire.

Tu essayes d’y être moins confrontée ?
Parfois, quand je suis dans une phase où les réseaux prennent trop de place dans ma vie, alors je supprime les applications pendant un moment et je les réinstalle quand je sens que ça va mieux mentalement.

Léa (19 ans)

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VICE : Hey Léa, comment tu décrirais les moments où tu te sens mal ?
Léa : En général, je me sens mal sans vraiment savoir pourquoi. C’est juste des moments où je remets tout en question. Je me demande si mes ami·es sont vraiment mes ami·es et si j’ai vraiment quelqu’un vers qui me tourner. Parfois je me dis aussi que je n’arriverai jamais à réaliser mes projets ni réussir dans la vie.

Sais-tu quels sont les éléments déclencheurs selon toi ?
Non, vraiment pas. C’est ça le plus frustrant : je passe une bonne journée, et puis tout devient soudainement négatif et je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.

Et tu fais quoi pour remédier à ça ?
Soit je dors, soit j’écoute de la musique. Et si ça ne va vraiment pas, je vais prier un peu et puis je m’endors. Et quand je me réveille, ça va mieux.

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Alicia (19 ans)

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VICE : Tu peux nous décrire ce que tu ressens quand tu a un coup de blues ?
Alicia : J’en ai souvent, mais c’est difficile à décrire. Je me sens seule et j’ai juste envie d’être seule. C’est de la tristesse. Parfois, je suis en cours et je peux me mettre à pleurer sans raison.

Tu arrives à en parler ouvertement ?
Non, je n’en parle à personne, mais maintenant je vais commencer à consulter. Je sens que j’ai besoin de parler. J’ai le sentiment d’avoir des comportements bizarres parfois. J’ai tendance à être jalouse et à avoir peur que mon entourage me quitte. J’ai peur qu’on me lâche.

Qu’attends-tu de ces consultations ?
Je veux simplement pouvoir en parler. J’ai besoin d’être face à une personne que je ne connais pas et qui ne me jugera pas pour pouvoir m’ouvrir.

Et d’ici là, tu fais quoi dans la vie de tous les jours pour essayer d’aller mieux ?
Rien… Je vis avec et j’attends que ça passe.

Mauro (15 ans)

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VICE : Salut Mauro. Quel genre de situations peuvent jouer sur ton moral ?
Mauro : Parfois, je pense trop à ce qui pourrait arriver, à ce que mes ami·es pourraient dire ou penser de moi. Je me fais des scénarios dans ma tête et ça me rend vraiment parano.

Qu’est ce que tu fais pour te débarrasser de ces pensées ?
Dès que je revois mes ami·es, je me rends compte que ça n’en valait pas la peine et je me sens immédiatement mieux. Sinon, ça peut être utile d'en parler avec elleux. Ça ne peut que renforcer la relation.

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Amélie (20 ans)

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VICE : Hey Amélie, qu’est-ce qui peut te donner un coup au moral ?
Amélie : Je suis une personne qui essaie toujours de faire le bien. J'aime aider les gens. Mais parfois, j'ai l'impression que lorsque je fais quelque chose de mal, ça prend des proportions énormes. Je ressens beaucoup de stress et j'ai l'impression qu'on ne m'apprécie pas.

Comment tu gères ça ?
À partir d'un certain moment, j'ai vraiment dû me dire : « moi d’abord ! ». Ce n'est que depuis cette année que je me rends compte qu'il faut d'abord être heureux·se avec soi-même et, ensuite seulement, essayer d'aider les autres.

Et t’en es capable maintenant ?
Parfois j'ai encore des problèmes avec ça. J’ai encore un peu de mal à en parler et à m’en rendre compte. Il m'a fallu beaucoup de temps pour accepter le fait que j’allais penser à moi-même en priorité. En fait, si on ne t’apprécie pas, tu dois pouvoir dire : « OK, bye ! »

T’as des conseils à nous donner ?
Pensez à vous avant tout ! Les autres ne vont pas déterminer votre avenir pour vous ; vous allez le faire vous-même. Et regardez comment vous pouvez avancer, c'est ça qui compte !

Arlet (21 ans)

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VICE : Salut Arlet, qu'est-ce qui te ronge parfois l’esprit ?
Arlet : J'ai très peur de l'échec. Après les examens par exemple, ma tête est remplie de pensées du genre : « Est-ce que ça a marché ou pas ? Est-ce que mes examens se sont déroulés comme je le pense ? » À ce moment-là, je n'ai plus envie de faire quoi que ce soit. Je reste à la maison tout seul.

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Comment tu te sens exactement quand t’es seul chez toi ?
Au début, c'est tout con, parce que je reste assis comme ça et je me dis juste que je me sens seul. Mais au bout d'un certain temps, on voit aussi le bon côté des choses. Ça me donne le temps de réfléchir et de penser à ma vie. Ça te donne vraiment le temps de mettre les choses au clair.

Tu fais quoi habituellement pour réduire le stress ?
J’écoute surtout de la musique ! J'ai découvert que ça m’aide évacuer mes pensées. Pas juste en écoutant une chanson à la radio ou quoi, mais vraiment en faisant attention aux paroles et aux intentions de l'artiste. Parfois, j’essaie juste de bien respirer aussi. En essayant de respirer du mieux que je peux, je réussis à me détendre.

Tu oses en parler à ton entourage quand tu ne te sens pas bien ?
Maintenant oui, mais avant pas. Quand t’es plus jeune, tu veux être adulte et tu ne veux pas admettre que tu ne vas pas bien. Mais maintenant, je sais qu'il vaut mieux le faire, parce qu'on ne peut pas toujours tout résoudre soi-même.

Quel conseil aimerais-tu donner ?
Parfois, on a vraiment besoin d'aide. Si les choses ne vont vraiment pas bien, osez demander de l'aide. C'est quelque chose que j'ai moi-même appris à faire.

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