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Musique

Les mecs de Burger Records se prennent pour Suge Knight

Burger Records a été lancé il y a cinq ans par Sean Bohrman et Lee Rickard à Fullerton, en Californie. Ils ont commencé par regrouper des subcultures et aujourd’hui, c’est un poids-lourd de la musique.

Lee Rickard et Sean Bohrman dans les coulisses de Burgerama. Toutes les photos sont de Brian Finley Pearce.

Burger Records a été lancé il y a cinq ans par Sean Bohrman et Lee Rickard à Fullerton, en Californie. Ils ont commencé par regrouper des subcultures et aujourd’hui, c’est un poids-lourd de la musique. Ils viennent juste de finir une gigantesque campagne internationale qu’ils appellent la Burger Revolution, réunissant des groupes de partout et de tous genres (dont mon groupe de merde, Twins), sous la bannière de Burger. Le 22 mars, ils ont organisé le deuxième Burgerama annuel à l’Observatory de Santa Ana, Californie. Il s’agit d’un festival de deux jours pour tous les âges, réunissant des groupes comme Ariel Pink, Pharcyde, Black Lips, Fidlar, The Spits et nombre d’autres groupes mortels. On a envoyé notre reporter Mike Abu dans le sud de la Californie pour parler avec Sean et Lee de Burger Records et de leur mouvement.

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Partir sur un coup de tête et sans un rond de Salt Lake City à Santa Ana peut être assez angoissant, mais c’est un mode de vie dont je suis aujourd’hui familier. J’ai fait le trajet en voiture jusqu’à Las Vegas avec un livreur de pizza et un toxico de merde rencontré sur Craigslist, qui a fini par voler mon chargeur de portable pour des raisons que je ne m’explique toujours pas. Un ami à moi, Brooks Hall – du groupe Breakers –, m’a rejoint à Las Vegas et on a fait le reste de la route ensemble. Il m’a déposé devant les portes de l’Observatory juste avant le début des concerts.

Burgerama affichait complet depuis des semaines, mais quand j’ai appelé Sean pour lui dire que j’étais en ville, il m’a dit qu’il pourrait peut-être m’ajouter sur la guestlist déjà pleine de 40 personnes. C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre. Je suis un protocole très simple dans ce genre de situation : « non » veut dire « peut-être », et « peut-être » veut dire « oui ».

Et effectivement, on m’a laissé entrer. Pour l’interview, j’ai rejoint Sean et Lee dans les coulisses du festival. Ils fumaient de l’herbe, plutôt détendus. On a mangé des burgers et des hot-dogs pendant qu’on parlait tout en essayant de ne pas se foutre de la sauce partout. Peine perdue.

VICE : C’est assez taré ici.
Lee Rickard : C’est pas taré. C’est surréaliste.

Je ne vous vois pas si souvent, mais quand je vois ce qui se passe ici aujourd’hui et que je me dis que c’est grâce à vous…
Lee : Toi, tu as vu évoluer le festival, c’est ça qui est fou. Nos amis n’en reviennent pas, sérieux.

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Vous flippez là ? Vous avez pas l’impression d’être devenus surpuissants ?
Lee : Putain, si. On est devenus de vrais parrains !
Sean Bohrman : J’ai pas envie de suspendre quelqu’un par les pieds du haut d’un immeuble ou quoi, mais ouais, j’aime bien faire bouger les choses.

Lee : On est un peu des parrains, c’est le bon mot. On se sent hyper bien, on est en même temps fatigués, frénétiques, insensés et maniaques. On se sent comme des attardés. On a le sentiment qu’il se passe quelque chose, qu’il y a un changement culturel dans le monde et qu’on est sur la bonne vague.

Comment ça a commencé, Burger ?
Lee : Ça traînait dans ma tête depuis un long moment. Au début, c’était un peu un truc de gang. Ensuite, c’est devenu une sorte de monstre à deux cerveaux, puis à cinq, puis à 5 millions. Il y a une limite à ce qu’on peut faire tout seul, mais quand tu travailles avec des individus qui te ressemblent, qui ont les mêmes idées créatives et la même vision du monde, tu peux faire ce que tu veux.

Comment vous sentez-vous par rapport à ce qui se passe en ce moment ?
Sean : On se sent bien parce qu’on a bossé vraiment dur. C’était pas facile. On y a mis toute notre vie, notre argent et notre âme. De voir que ça paie, c’est vraiment, vraiment agréable.

Vous avez l’impression d’exploser au sein d’une scène ?
Sean : Non, j’ai l’impression qu’on crée notre propre scène. On respecte le passé et tout ce qui s’est déroulé, ça nous sert de référence. On apprend des erreurs de nos aînés, on prend de vieilles idées et on les adapte.
Lee : Une subculture parmi une subculture parmi une subculture. On essaie de les entretenir, de s’occuper de chacune d’elles et de les réunir en une seule collectivité où tout le monde peut vivre dans la joie et la bonne humeur. C’est génial.

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J’ai rencontré les cerveaux de Burger il y a des années, pendant leur tournée Thee Makeout Party. Le groupe avait fini chez moi avec leurs camarades de tournée, Audacity, dont les membres venaient tous d’avoir leur bac avant de partir pour un grand tour du pays.

À cette époque, Sean ne parlait que de Star Trek et Lee essayait de séduire les rates en leur passant des albums de The Verve. « Ça, c’est du punk », leur disait-il, avec comme seule arme de persuasion son enthousiasme. Audacity passaient la majeure partie de leur temps à tenter de se surpasser les uns les autres avec un bang. Si je me rappelle bien, j’ai essayé de participer à ce concours et j’ai dû aller me coucher en rampant.

Hé, Lee, quel âge avait la nana avec qui tu as couché dans mon sous-sol ?
Lee : Euh… [Très très longue pause] Je sais pas…

Bonne réponse.
Lee : Elle était majeure. Elle avait un mohawk. [Rires]

Vous ne croirez pas toutes les galères par lesquelles je suis passé pour venir ici.
Sean : C’est ça qui est beau. T’en fais partie. Tout le monde peut en faire partie. C’est pas quelque chose d’exclusif. C’est pas une corporation ou une entreprise sans visage. C’est nos vies et on t’y invite à travers Burger.
Lee : Si tu sais choper des dates, chope des dates. Si tu sais dessiner ou prendre des photos, alors fais-le. Quoi que tu saches faire. Si t’es un putain de créateur de mode ou décorateur d’intérieur, alors crée et expose. Le feng shui, bébé. Il faut être souple tout le temps.

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Vous avez une collection énorme de groupes sur votre label, de Ty Segall à Pharcyde en passant par tous ces super groupes dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à ce qu’ils signent chez Burger. Comment vous faites pour signer autant de groupes différents ?
Sean : Tu veux savoir comment on fait ? Des fois, lorsque je travaille tout seul tard dans la nuit, j’écoute la radio et je fais des trucs sur l’ordi, j’entends un morceau qui me plaît vraiment. Je vais sur Internet, je trouve le groupe, je leur envoie un message pour leur demander s’ils veulent sortir 500 cassettes ou quelque chose comme ça. Et soudain…

Donne-moi cinq noms de groupes de Burger que tout le monde devrait suivre en ce moment.
Sean : Il y en a beaucoup trop.
Lee : Si tu veux discuter de qui a mis le feu au festival, je peux le faire. Summer Twins, Fletcher, The Memories ont mis le feu, et Beachwood Sparks mettent le feu en ce moment même. Natural Child aussi.
Sean : Unkle Funkle aussi. On adore ce groupe.

Vous savez ce que vous allez faire ensuite ? C’est quoi le plan ?
Lee : J’ai une vision et je vois où on veut être. On aura notre propre scène, notre piste de danse, notre bar, notre barbecue, notre musée. Notre présence sera tellement putain d’énorme qu’on nous verra de n’importe quelle autoroute. On pourra même voir un drapeau Burger depuis l’espace. Tout le monde saura.

Il y a de beaucoup de gamins ici.
Sean : C’est important. On veut sortir des groupes qui sont encore au lycée. C’est comme si les jeunes étaient en prison, coincés avec rien à faire. Et si on leur balance un groupe ou une cassette, ils vont se l’arracher et l’épuiser, parce qu’à part l’école il n’y a rien, et tout le monde déteste l’école.

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Les coulisses ressemblaient à une ruche. Des musiciens circulaient çà et là en permanence. Avant que je ne m’en rende compte, Sean et Lee étaient partis voir quelqu’un jouer. J’ai fini mon burger et j’ai essayé d’essuyer la moutarde de mon enregistreur avant de retourner dans la magnifique jungle que Lee et Sean ont bâtie à partir de rien.

@countslackula

mikeabu.com

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