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Sérieux, arrêtez de nous envoyer vos bouquins de tags sur seins

On pige rien à votre démarche, dudes.
Matt Shea
London, GB

Nous recevons beaucoup de livres sur le graffiti. Je ne sais pas vraiment pourquoi : vous avez peut-être remarqué qu’on ne parle jamais de graffiti et de street art sur VICE, pour la simple raison qu’on ne trouve jamais ça intéressant, à titre personnel, et que des sites comme The Grifters s’en chargent beaucoup mieux que nous.

La dernière réception en date nous vient du site shriiimp.comet le bouquin s'appelle : Holy Shriiimp, La Bible, Vol.1. Comme vous avez pu le constater sur l'image précédente, c'est un livre de photos présentant des femmes seins nus qu’ont tagués des artistes qui s’appellent G-kill ou 2Blok. Le livre fait 111 pages.

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On pourrait trouver cela misogyne, dégradant pour l’image de la femme. Moi, ma première réaction en lisant Holy Shriiimp, La Bible, Vol.1 a été de me dire qu'il s'agissait d'une énorme perte de temps et d’argent pour tous les individus impliqués dans le projet. Y compris l'acheteur ; le prix de ce livre est de 15 €, mais il y a déjà énormément d'images disponibles sur le site de Shriiimp.

En parlant du site, le communiqué de presse pour le lancement du livre affirme qu'il reçoit plus d'un million de visiteurs par mois et que le «Shriiimp™ mouvement » s'est tellement répandu que le mot « shriiimpé » est «  entré dans le langage courant ». Pour le prouver, ils citent l'épisode 2 de la saison 5 des Experts dans lequel quelqu'un dit : « J'ai shriiimpé cette fille. »

Mais puisque vous y tenez, jetons un coup d'œil à ce livre.

La couverture représente une paire de seins couverts de peinture, ce qui est parfaitement représentatif des pages intérieures du livre. Il ne s’agit pas d’un livre qui va offrir au lecteur une multitude de rebondissements ; il s’agit d'une collection de photos de poitrines de femmes qui ont été peintes comme des murs, le danger et l’adrénaline en moins.

La majeure partie du contenu ne montre même pas un bon graffiti. Par exemple, ces deux-là sont nuls à chier. En fait, celui de droite n'est même pas un graffiti ; il a été fait à partir d'un calque que vous recevez après vous être abonné au magazine Metal Hammer.

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Ces graffitis semblent avoir été réalisés en copiant des typos que vous auriez pu trouver en WordArt. Et la photo ci-dessus qui a autant de profondeur que Fred Durst  lorsqu'il rappe tout en déféquant dans le clip de Limp Bizkit. Notons aussi que c'est peut-être la tentative d'introspection « urbaine » la plus déprimante qu'il m'ait été donné de voir, et qui implique d'ailleurs deux bérets.

Pour être juste avec Vince Prawns, le type qui a rassemblé toutes ces photos, c'est presque un exploit d'avoir réuni plus de 100 pages avec quasiment la même image. Mais le problème avec le fait de publier un livre fondé sur des femmes torse nu graffitées, c'est que vous vous retrouvez vite à court d'idées sur la façon de les prendre en photo.

Cela se confirme quand on s'approche de la fin, lorsqu'ils commencent à ajouter des accessoires bizarres comme des serpents et des masques de gorille. Sur la dernière page, le modèle boit un verre de lait. Les filles de la page 76 portent des haut-parleurs sur la tête et se tiennent debout entre des platines. J'aurais souhaité pouvoir vous montrer ce qu'il y a à la page 68. Il y a quelque temps, Beyonce a subi les foudres du monde entier pour s’être fait une « blackface », et pourtant c'est Beyonce, donc imaginez ce qui se passerait sur Twitter si quelqu'un postait une photo d'une mannequin noire, entièrement nue, anonyme, en talons aiguille, avec une blackface. Peut-être que quelqu'un qui ne travaille pas pour un grand média pourrait prendre une photo et la tweeter, juste pour voir.

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Et je ne parle pas de la page 39, où l’on peut voir une femme, la tête dans une machine à laver, avec écrit « GKill » sur le cul.

Il est évident que le mannequin tagué par « Ches » a une poitrine agréable à regarder si vous êtes attiré par les femmes ou si vous aimez juste mater des seins. Mais ça déforme le dessin, ce qui explique pourquoi les gens font des graffitis sur des murs ou des trains et non pas sur des corps humains, en général.

Voila le piège de Holy Shriiimp : les femmes à poil sont agréables à l'œil, et les graffitis peuvent aussi être sympas à regarder, mais il n'y a aucune justification pratique ou artistique à mélanger les deux. Vous ne pouvez pas juste combiner deux choses et en faire un livre : des photos d'églises du Pays de Galles recouvertes par des citations issues de la Liverpool FA Cup de 1996, par exemple : ça n'a aucun sens. Ça non plus. S'il s'agissait juste d'un simple livre sur le graffiti – ou d'un magazine plein de femmes à poil – ça ferait très bien l'affaire.

Suivez Matt sur Twitter : @Matt_A_Shea