« Avant, les filles voulaient une quinceañera pour leur 15e anniversaire. Maintenant, elles demandent une liposuccion » - José Angel Angulo, oncle de Ramírez García, tuée par une opération de chirurgie esthétique.
VICE s’est rendu dans la « clinique » où Ramírez García a subi sa liposuccion. C’est un bâtiment blanc, simple et tout à fait discret installé sur le bord d’une route à la périphérie de Culiacán. Les fenêtres et les portes en verre miroir sont recouvertes de barres de fer noires. Il n’y a aucun signe visible de ce qui se passe derrière ces portes, une caractéristique commune de ce genre de cliniques clandestines, affirme Ross.« Les cliniques sont difficiles à détecter parce qu’elles ressemblent à des maisons normales, il faut donc qu’elles soient signalées par les habitants » - Randy Ross, commissaire à la Coepris.
Le look lui-même est caricatural et exagéré. Le but n’est pas d’obtenir un résultat « naturel » ou de faire oublier que l’on a eu recours à la chirurgie. L’opération est assumée comme un signe extérieur de richesse, et le physique idéal est donc aussi une manifestation du statut social de la femme ou de son partenaire. « Sinaloa a un style très marqué par cette culture [des narcos]. Ces femmes ressemblent à des poupées. Elles ont une taille de Barbie. Elles ont des seins fermes que l’on peut rarement obtenir naturellement », partage Belem Angulo, une jeune femme de 26 ans qui a également eu recours à la chirurgie esthétique.Janet Martinez Quintero, 38 ans, décrit la femme d’El Chapo, Emma Coronel, comme « une artiste ». Martinez Quintero dirige une entreprise qui aide les femmes d’autres pays à venir à Sinaloa pour se faire opérer à Culiacan. Elle a déclaré avoir elle-même subi plus d’une vingtaine d’interventions chirurgicales. « Nous avons les meilleurs chirurgiens plasticiens du monde », affirme-t-elle.Les réseaux sociaux ont suralimenté et amplifié la subculture « buchona », en exposant les femmes de tous horizons et de toutes classes sociales à un contenu sur la beauté de ce type de corps. Ce n’est plus seulement la réserve de la narco-royauté de l’État. Tapez Emma Coronel, ou le mot « buchona », sur Instagram et des dizaines de comptes apparaissent montrant des femmes aux courbes impossibles.« Sinaloa a un style très marqué par cette culture narcos. Ces femmes ressemblent à des poupées. Elles ont une taille et des seins que l’on peut rarement obtenir naturellement » - Belem Angulo, 26 ans, a eu recours à la chirurgie esthétique.
VICE a contacté deux contributrices de « cundina » via Facebook, mais elles ont disparu au bout de quelques jours et n’ont pas donné suite aux rendez-vous organisées pour discuter de leurs activités et des opérations qu’elles proposent. Ces programmes ne sont ni officiels, ni réglementés par une quelconque autorité. Ils n’ont pourtant aucun mal à trouver un public.« La chirurgie esthétique s’est tellement normalisée ici qu’on a tendance à oublier que la liposuccion est une opération risquée » - Belem Angulo.
La culture autour de cette image est si forte que des femmes comme Ramírez Garcia sont prêtes à prendre le risque de se faire opérer à bas prix. Sa tante, Arely Ramírez Garcia, raconte qu’on a conseillé à sa nièce de ne pas se faire opérer, mais qu’elle l’a quand même fait. Ce que Ramírez Garcia ne savait pas, c’est que son « chirurgien » ne l’était pas vraiment et que la clinique n’était pas aux normes. VICE a appris que deux autres femmes, en plus de Ramírez García, ont souffert de complications suite à des traitements de liposuccion dans le « cabinet » de Rodríguez Pérez. Les conséquences auxquelles Rodríguez Pérez va devoir faire face pour avoir prétendument dirigé sa clinique clandestine restent à déterminer, et seront décidées par le système judiciaire incertain de Sinaloa.« Les conditions de travail étaient loin de ce que la loi sur la santé impose pour ce type de chirurgie et l’établissement ne respectait pas les mesures sanitaires nécessaires. » - Sara Bruna Quiñónez Estrada, procureur.
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